Author & Punisher - KRÜLLER

Chronique CD album

chronique Author & Punisher - KRÜLLER

Quel est le point commun entre un amateur de musique industrielle, Phil Anselmo, Kurt Ballou de Converge, Ridley ScottShin'ya Tsukamoto et les fans de Perturbator et de Tool ? Au-delà du name-dropping de catin de luxe pour attirer le chaland éclairé, la réponse tient en 2 mots compte-triple : Author & Punisher. Derrière ce nom de guerre se cache un seul homme : Tristan Shone. Ingénieur en mécanique, il conçoit et construit lui-même ses instruments, à partir de machines en tous genres, et de pièces mécaniques faites sur mesure. C'est donc derrière ses installations singulières qu'il compose sa musique et bâtit son univers futuriste qui, d'album en album, étend ses frontières, de manière cohérente. L'ex chanteur de Pantera a travaillé avec lui sur l'enregistrement d'un de ses albums, ainsi que le guitariste de Converge dont le seul nom au poste de producteur s'avère gage de qualité.  Au travers de sa discographie foisonnante comptant 9 albums dont un live depuis 2005, on navigue dans un drone industriel non exempt de mélodies glaciales et d'expérimentations quasi bruitistes, le tout évoquant l'esthétique décadente du Blade Runner de Scott et la sauvagerie hybride du Tetsuo de Tsukamoto. Il suffit de voir le gaillard se produire sur scène pour valider ce dernier parallèle : tels les personnages du film de Tsukamoto, Shone fusionne littéralement avec l'acier et les câbles, la chair se gorgeant d'extensions électroniques monstrueuses. Le spectacle devient alors total, tout comme le résultat en studio bluffe. Les aficionados de Tool ont pu le vérifier, puisque A+P a ouvert pour la bande à Maynard James Keenan durant toute une tournée. 

 

Trouver 2 éminents membres de Tool parmi les invités sur le 9e album studio de A+P (en plus de James Kent de Perturbator) ne relève donc pas du hasard. Danny Carey, le batteur, et Justin Chancellor, le bassiste, se retrouvent donc sur Misery, tout en lente progression electro-gothique dont les plaintes déchirantes des lignes de chant foutent littéralement la chiale, et l'inquiétant Centurion, au fort pouvoir cinématographique, avec son groove chaloupé. Relativement plus calme, voire plus accessible, dans le fond, plus romantique que ses prédécesseurs, mais sans concession ni jamais céder à la moindre putasserie, Krüller creuse le sillon de la mutation de sa musique. "La mélodie a été et est toujours une partie de mon son", déclare Shone. "Je les ai toujours baignées dans beaucoup de réverbération, de delay et de distorsion, cependant. Cette fois-ci, j'étais gêné par le mur de distorsion que j'avais créé. Je voulais un peu plus de clarté. Je voulais affiner le son. Je voulais prendre du recul par rapport à mon propre spectacle et l'analyser un peu. J'avais toutes ces distorsions concurrentes que je voulais rationaliser. J'aime le contraste et je voulais que les voix soient immédiatement perceptibles. Il y a quelque chose dans le mélange de drones et de grondements punitifs avec un truc moelleux par-dessus que j'aime beaucoup sur Krüller."   

 

En d'autres termes, les puristes pourraient estimer que le bougre s'assagit, perd en audace, en folie. En réalité, ce nouvel album gagne en cynisme, nourri par le désespoir dans lequel la pandémie a plongé l'humanité en la renvoyant à sa propre culpabilité. Il faut écouter la reprise du Glorybox de Portishead, qui porte sur elle toute la douleur des questions sans réponse. Son final disparaît dans l'indifférence du néant. C'est prenant. Du reste, dès l'entame de l'album, Drone carrying dread, on saisit à quel point A+P a décidé d'accorder davantage de primauté aux mélodies avenantes sans que sa musique ne devienne plus solaire pour autant, même si celle-ci s'enrichit d'arrangements moins agressifs qu'à l'accoutumée. A moins qu'elle n'ait gagné en nuances, en subtilité, en équilibre. Car sans tomber dans le piège de la synthwave standardisée par un effet de mode, Shone oriente sa musique vers une musique moins expérimentale, drapée de  l'élégance du cynisme telle que la développe Puscifer sur son dernier album en date : cependant, si Existential Reckoning livre sa vision résignée du monde avec la classe sensuelle de ceux qui dansent en veston sans transpirer, Krüller assume son statut de jumeau dépressif qui s'agite sur de la mécanique menaçant constamment de céder sous le poids de l'absurdité, celle des décisions menant à la perte du genre humain.

 

photo de Moland Fengkov
le 04/02/2022

10 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 04/02/2022 à 09:39:36

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Moland

Moland le 04/02/2022 à 10:13:08

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Xuaterc

Xuaterc le 04/02/2022 à 11:58:02

65 74 20 74 75 20 65 6E 20 70 61 72 6C 65 73 20 62 69 65 6E

8oris

8oris le 04/02/2022 à 13:26:55

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Xuaterc

Xuaterc le 04/02/2022 à 13:46:18

8oris tu m'as perdu, c'est quoi comme langage?
ça me rappelle un utilisateur un jour qui avait comme mot de passe "password" mais en morse

8oris

8oris le 04/02/2022 à 16:25:15

C'est de l'utf8 ;)

Xuaterc

Xuaterc le 04/02/2022 à 16:36:13

8oris, you bet

cglaume

cglaume le 04/02/2022 à 19:47:06

try {
System.out.println("Non mais quelle bande de geeks");
} catch (CoreAndCoException ce) {
Logger.error("ça part en live ici");
}

Moland

Moland le 06/02/2022 à 00:48:21

En tout cas, on ne saurait contredire tous ces commentaires. 

Pingouins

Pingouins le 07/02/2022 à 09:17:48

Oï oï oï

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