Barabbas - Barabbas

Chronique CD album (33:31)

chronique Barabbas - Barabbas

Alors que le style lent et implacable du Doom monte lentement vers des oreilles de plus en plus nombreuses et surtout plus réceptives qu'auparavant, il est agréable de constater que la France, pour une fois, même si elle est un peu en retard comme d'habitude, n'en propose pas moins des visions pertinentes du style. Barabbas en est un éminent exemple.

 

Le thème du quatuor porte donc sur Barabbas, le brigand, celui qui a été libéré à la place de Jésus, durant les fêtes de Pâques. Il était alors coutume de grâcier un prisonnier, que la foule choisissait. Alors que le procureur Romain demandait à la foule qui, des prisonniers, allait être libéré, la foule s'écriait alors "Barabbas". Comment, un homme aussi peu enclin à la vertu, à la bonté, versé dans le meurtre, la rapine et autres insanités, comment Barabbas pouvait-il être choisi par la foule à la place du fils de Dieu ? Les voies du seigneur sont donc si impénétrables ? Alors que le plus saint des hommes qui ait vécu sur cette terre monte au ciel, le mal a été libéré, sans même savoir pourquoi, il court se cacher comme un animal qui se croit pourchassé.

 

Mais le véritable concept de cet album, c'est de se mettre dans la peau de cet homme, qui lui-même a du mal à saisir la chance qui lui a été donnée, lui qui quelque part avait déjà abdiqué face à son jugement, lui qui n'avait jamais véritablement demandé pardon... Incapable de comprendre, d'ailleurs qui le pourrait ? Barabbas est un symbole, une preuve de notre incapacité à comprendre la raison qui guide le Dieu Chrétien, une preuve que l'abandon à la foi ne guérit en rien notre destin.

 

Au niveau du son, pour revenir un peu au terre à terre, celui ci est très metal, la batterie semble reprise par des effets ou je ne sais quoi qui enlève le côté organique, mais pourtant l'effort pour paraître imposant me semble réussi. La technique d'enregistrement ne permettait manifestement pas d'obtenir un son à la Goatsnake, mais l'effort vers l'essentiel sonore a pourtant été fourni, apparement avec pas mal de difficulté, mais le résultat est là.

 

Le morceau "Ressuscité", du début à la fin, me semble le mieux travaillé, le plus réussi, tant au niveau des riffs que de l'arrangement, et surtout de l'atmosphère qui s'en dégage. Un morceau que je qualifierais de parfait en somme : la voix qui chuchote pernicieusement sous la terre du tombeau du christ, le riff incroyablement rampant et l'abus de réverbe sur la caisse claire, semblable au coup de marteau sur la croix du Christ... "Et tout ça... Pour des clous... Ne comptez plus sur moi pour tendre l'autre joue !". Les paroles, on le voit, n'ont pas pour objet de retenir l'attention tout au long du morceau : la profondeur de leur sens sait se cacher lorsque la musique et la rage la dépassent, un peu comme la colère qui étreint la raison. Seulement, l'orchestre sait se taire lorsque des mots comme "Vous m'avez entendu mais vous ne m'avez pas écouté" frappent juste.

 

Je voudrais mettre le point sur ce i : le thème lyrique du rock, dans son sens large, n'est pas de faire une véritable poésie étant donné qu'on ne peut pas entendre le sens de chaque mot à travers les tonnerres de saturation. Seulement, le rock c'est aussi balancer des images fortes qui prennent tout d'un coup énormément de sens, comme si on le devinait.

 

Une chose est certaine, Barabbas présente là une vision du Doom qui, bien qu'on en sente les influences majeures (Electric Wizard, Goatsnake, mais aussi du Telephone sur le morceau "Ressuscité", l'eussiez-vous cru ?), n'en demeure pas moins totalement indépendante. Ils ont leur marque, déjà, et n'auront besoin d'aucune influence pour enregistrer leurs prochaines compositions.

 

 

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photo de Carcinos
le 23/06/2011

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