Baroness - Gold and grey

Chronique CD album (61:00)

chronique Baroness - Gold and grey

Le cas de ce Baroness n'est pas une mince affaire. 
 

Baroness a toujours joui d'un certain succès critique ainsi que d'une fan-base plutôt solide et fidèle qui avait pu suivre les évolutions légères du groupe assez facilement, les géorgiens n'ayant pas, jusqu'alors, évolué brutalement d'un disque à l'autre.
Pour Gold and grey, il en va tout autrement. 

Après un Purple plutôt réussi, bien qu'assez direct et finalement sans grande surprise, le groupe a profité des quatre dernières années pour repenser (encore) sa musique...mais pas son identité visuelle. La pochette flatte l'oeil, et la patte de John Baizley est reconnaissable entre mille.
Néanmoins, le regard que l'on porte dessus est assez symbolique de ce qu'annonce Gold and grey. Outre la domination moins franche des deux couleurs, s'observe surtout une richesse d'informations qui dépasse l'habituelle abondance pour être presque...lourde. Peut-être sont-ce les choix de couleurs ou un désir d'ajouter plus de détails : on sent, que l'on aime ou pas, qu'un petit "truc" est différent.
 

Ce petit "truc différent", on va rapidement le percevoir à l'écoute du disque. Et cela sera la seule chose qui apparaîtra comme une évidence avec cet album : sa production, son mixage, bref son "son".
Il en fait "trop".

Le son laisse une sensation de saturation, de flou voire même de bordel.
Ce manque de clarté laisse une première écoute "désarçonnante". Le fouillis qui s'impose aux oreilles n'a rien d'attractif, de plaisant et l'album défile dans une sorte de brouhaha parfois incohérent, le groupe ayant particulièrement varié les ambiances (on va y revenir).
Or, c'est là que le premier clivage peut se ressentir entre les détracteurs de ce disque et ceux qui l'adoreront : cette production est à l'image de l'album, l'approche est quasi expérimentale.

Parce que s'il y a une petite révolution, elle est musicale.
Pour cela, il suffit de regarder la tracklist : 17 pistes (!) dont 6 interludes (!). Un contenu qui pourrait paraître haché, indigeste (60 minutes) et même incohérent (oui, encore, on va y revenir, j'te jure !).
Mais il n'en est rien. Enfin, pas de prime abord.

Étouffante, la première écoute peut ne laisser aucun souvenir, aucune véritable sensation si ce n'est celle d'être passé à côté du disque. On pourrait donc penser, à juste titre, que Baroness est passé à côté du sien.

Or, il s'agit sans doute de la plus passionnante oeuvre des Américains, mais pas la plus accessible. Elle est exigeante, voire même contre-nature. Il faut forcer l'oreille, comme la prod' a forcé l'expression musicale du disque, comme le groupe a forcé sa créativité. Ainsi, Baroness est sorti de sa zone de confort. Il garde sa personnalité, vocale, musicale mais joue sur les rythmes, a travaillé en profondeur les voix, varié les ambiances, déformé les structures habituelles dans lesquelles il s'était enfermé et s'est même attaqué à un pendant presque "pop" (le tube I'm already gone" / "I'd do anything"), parfois même shoegaze ("Emmet-Radiating light") sans toutefois oublier ses expressions les plus classiques, saturées et puissantes ("Throw me an anchor / "Borderlines").
Quant à la découpe avec les nombreux interludes (pas tous passionnants), ils sont un marqueur de la variété qui a animé l'écriture de ce disque et des multiples ambiances que souhaite imprimer le groupe sur ce disque.
 

Complexe et décontenançant : Baroness a crée un album très difficile à capter, délicat à aborder.
Pour les fans en attente du Baroness des débuts ou même dans la continuité des précédents, c'est hyper décevant. Mais c'est pourtant un disque inattendu y compris pour la place laissée à l'émotion : ce qui n'était pas vraiment l'apanage du groupe. Il est possible que la première écoute soit un véritable rebutoir pour ce Gold and grey, mais il est également probable qu'en se délestant de l'histoire et la discographie de la bande, et en tentant de prendre du recul sur la production (un peu pénible), on découvre une oeuvre surprenante de richesse.

photo de Tookie
le 02/07/2019

6 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 02/07/2019 à 08:24:59

J'avoue ne pas avoir accroché. J'ai essayé 2-3 fois et j'ai abandonné, pas de déclic salvateur pour moi.

Margoth

Margoth le 02/07/2019 à 14:13:39

Apparemment, de ce que j'ai lu sur une interview, leur performance au Hellfest l'année dernière (sans batteur, en acoustique quasi complètement improvisé) les a complètement chamboulé d'un point de vue artistique et leur a fait revoir leur façon de composer, d'enregistrer. Ils continuent même à faire des concerts acoustiques à deux dans des petits lieux intimistes apparemment de temps à autre.

gulo gulo

gulo gulo le 03/07/2019 à 10:07:52

C'est qu'il m'intriguerait, dites !
Sachant que le Bleu est probablement, d'un point de vue objectif, celui qui passe le plus facilement, les autres pas du tout - mais que si je devais avoir envie d'écouter du Baroness (ce qui n'arrive pas souvent), je sortirais probablement le Vert et Jaune, qui m'avait sidéré par sa teneur en brioche et crème pâtissière - y a-t-il une chance que celui-ci me plaise ?
Vous avez quatre heures.

Garth Algar

Garth Algar le 03/07/2019 à 18:11:00

glou glou, si tu n'es pas hermétique aux productions étranges et singulières et à toute forme de changement radical, cet album tout à fait intéressant et surprenant pourrait très bien séduire tes petites esgourdes, ou pas... Pour ma part ce fut le cas !

gulo gulo

gulo gulo le 04/07/2019 à 08:10:49

C'est un peu ce que je lisais entre les lignes donc OK, va falloir que je débloque du temps pour une audioconf avec ce disque asap.

Blackco

Blackco le 11/02/2021 à 07:38:50

J'ai laché le groupe avec Yellow & Green, à cause du chant... Eh bah c'est toujours aussi moche, cette façon d'appuyer et de faire trainer la dernière syllabe c'est juste too much. Le mix est pas évident à bien cerner mais ce chant vient tout ruiner. C'est moche parce que Red et Blue (ainsi que First and Second) sont des albums magiques. Musicalement c'est toujours aussi classe mais bon y a le chant.

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