Bewitched - At the Gates of Hell

Chronique CD album (40:55)

chronique Bewitched - At the Gates of Hell

Des CDs bradés pour 3 francs 6 sous (paie ton expression de vieux croûton!), des bacs regorgeant de trésors impatients de venir se nicher dans votre lecteur, des pochettes bien typiques du genre, des noms de groupes déjà croisés au détour de mags ou de webzines … On a tous acheté des albums improbables d’occase ou en solde. Core&Co profite de l’occasion (ouarf) pour vous livrer ses impressions sur des CDs qui n’auraient peut-être sinon jamais été chroniqués en ces lieux

 

Je fais des découvertes grâce aux soldes – épisode 4

 

Le 1er opus des suédois de BewitchedDiabolical Desecration, pour ceux qui n’auraient pas été présentés – est sorti à une époque où les groupes de black commençaient enfin à sortir un peu de leur rôle étriqué de Dark Vador des bois, brûleur d’églises et Inner Circlien. En cette période de félicité et de douce insouciance, certains beumeux et affiliés s’octroyaient donc une parenthèse nostalgique, emmélodisant leurs invectives à coups de mélodies made in 80’s, quand ils n’ensatanisaient pas carrément les bons vieux classiques heavy/speed’n’thrash de leurs années Bloodina (ou Hugglies si vous êtes plus couches que petits pots). On a alors vu les Witchery, Demoniac, Swordmaster et autres Bewitched – parce que c’est quand même le sujet d'aujourd'hui – ressortir leurs vinyles et balancer la purée à l’ancienne, gagnant par là la sympathie des vieux patchés récemment reconvertis dans l’élevage de pandas scandinaves …

 

Pour ma part, ayant arrêté l’exploration de la discographie Bewitched-ienne après le 1er épisode (celui où Samantha se fait diaboliquement desecrater le nez par Jean-Pierre devant Tabatha – mais si, souvenez-vous), et ayant gardé un très bon souvenir de l’expérience, les soldes de chez Osmose Productions furent véritablement du pain béni (façon de parler) et une bonne occasion de se replonger avec délice dans le cuir, le sang, les glaires et les décibels surannés mais ô combien délectables.

 

Allez, droit au but et points sur les i: sur At the Gates of Hell, Bewitched pousse le bouchon encore plus loin (que sur le 1er opus, seul que je connaisse vraiment) dans le trip régressif, lâche quasiment complètement le black au profit du spéléo-heavy/speed et nous revient avec un album sur lequel clignotent en lettres rose bonbon « Clichés » et « Gimmicks ». Sur certains titres, la sauce prend bien, le mélange Iron Manowarllica ravive le feu de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux, le pied s'acharne en cadence sur le plancher, le sourire s’installe durablement, bref: l’hommage studieux fonctionne à plein. Par contre le groupe se prend parfois le platane de la parodie lourdingue de plein fouet, l’enfilade des lieux communs et autres « Hail Lord Satan! » de ce jeune singe à qui il serait bon d’apprendre à faire des grimaces ne réussissant qu’à provoquer sourires gênés et soupirs lassés. Bref, à l’instar du dernier Darkthrone (Circle the Wagons), le résultat n’est que moyennement convainquant, à moins de mettre de côté tout jugement critique et de profiter de l’album comme on regarde un « blockbuster » franchouillard sur TF1, après s’être débranché la boîte à penser.

 

Pour ceux qui voudraient voir le moulin critique alimenté par un peu plus d’eau, Core&Co vous offre un paragraphe supplémentaire avec vos 2 barils de metal. Vous l’avez compris, At The Gates Of Hell compile tout ce qui caractérise ce bon vieux heavy/speed thrashy et l’assaisonne de quelques vocaux blackisant et d’une « evil touch » – que certains groupes, comme Venom par exemple, possédaient par ailleurs déjà à l’époque, dans les mêmes proportions d’exagération caricaturale et de grand guignol fantasque. On retrouve donc des twin guitares qui riffent de concert, des intros qui appâtent avec savoir faire, du riffing bombardier, du couplet qui foncent et du refrain qui freine, quelques petits chœurs (non, pas de Belin) virils, du blasphème énoncé à reculons, de la guitare graisseuse qui envoie le metal’n’roll toute seule comme une grande avant d’être rejoint par la rythmique et la cavalerie … Vous voyez le topo. Le son est bien marqué du sceau de l’époque, peut-être pas foncièrement poussiéreux, mais sans la gonflette en vigueur de nos jours, parfois à la limite du un-peu-trop-creux d’ailleurs. La batterie est assez primaire, ce qui renforce encore la touche old school avec moisissure sur les bords de la photo sépia. Les réussites existent néanmoins, et s’appellent « Heaven Is Falling » (et son bon gros riffing thrash), « Lucifer's Legacy » (et sa touche teutonne à la Running Wild), « Enemy of God » (et son riff estampillé old Metallica) et « Infernal Necromancy » (plus épique et enlevé, avec du vieux Helloween dedans). Par contre le morceau titre bande mou et ses « Hey! Hey! » nullement fédérateurs sont assez affligeants. Le reste des morceaux passés sous silence oscille quant à lui entre le assez sympa et le plutôt fadasse. Côté ludique de la chose, on s’amusera à débusquer les hommages et les emprunts au fur et à mesure que les morceaux défilent, devinant un riff à la « Nepenthe » (de Sentenced. Je sais, c’est un peu hors sujet) sur la 2e moitié de « Heaven Is Falling », un autre tout droit sorti des balbutiements de la Bay Area ('m'énerve: j’arrive pas à remettre le doigt sur le morceau précis d’où est issu ce riff!) sur « Enemy of God », en passant par ce que je pensais être un pur hommage à Manowar: « Let the Blood Run Red » – qui se trouve en fait être une reprise de Thor, exécutée en compagnie du Thor en question lui-même … 'devra passer par le repêchage ce coup-ci le père cglaume!

 

Bref, on vous conseillera plutôt d’essayer le tout premier album de Bewitched – qui mariait avec gourmandise heavy/thrash mélodique et black vindicatif – à ce At The Gates of Hell sympathique mais également un peu pathétique, à l’image de cet oncle jovial mais qui finit systématiquement fraca' en fin de repas, après que la Ne bouteille de vin l'ait fait retomber dans la beaufitude la plus crasse et le vomi le plus grumeleux. M'enfin si vous abordez cet album sans arrière-pensée critique, vous pouvez raisonnablement espérer y trouver de quoi headbanguer tranquillement pour pas cher …

photo de Cglaume
le 03/04/2011

3 COMMENTAIRES

Cobra Commander

Cobra Commander le 03/04/2011 à 13:22:49

J'ai toujours trouvé ce groupe bancal... Ok, c'est rigolo mais ça saoule vite, sauf peut-être "Pentagram Prayer" (mais là, c'est l'effet nostalgie!

cglaume

cglaume le 03/04/2011 à 13:30:12

"Pentagram Prayer" serait la bonne pioche ? Je ne serais pas contre prolonger le bon souvenir que j'ai de Diabolical Desecration ...

Cobra Commander

Cobra Commander le 03/04/2011 à 17:31:37

J'dis ça, j'dis rien, hein!
"Pentagram Prayer" a plus de patate que celui-ci!

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