Bison Bisou - Bodysick

Chronique CD album (35:00)

chronique Bison Bisou - Bodysick

Il y a peu de chances pour que les membres de Bison Bisou aient retenu le théorème de Pythagore ou s'en servent dans leur vie de tous les jours, mais s'il est un conseil de prof qu'ils n'ont pas oublié, c'est celui de soigner ses introductions !

 

Avec la reprise par une chorale féminine d'une bourrée à 3 temps "J'emmerde la moitié du monde, je chie sur l'autre moitié", il ne fait aucun doute que les nordistes savent attirer l'attention sur eux, bien que le message sur le fond et la forme musicale soit à des années lumières du style musical du groupe.

Nous en avions parlé il y a un quinquennat de cela : Bison bisou fait une sorte d'indie-rock bien emballant. Un peu plus tard, en 2015, avec un EP intitulé "Régine", la bande de bonhommes s'était échauffée pour finalement sortir "Bodysick" en 2017.

Un nom d'album qui peut se traduire par "mal-être", "ne pas être bien dans sa peau". Si tel est le cas, il va falloir se faire violence et se secouer la coquillette parce qu'il y a quelque chose d'extrêmement remuant dans ce groupe qui rappelle clairement At the drive-in
Avec la voix un peu plus nasillarde que Rodriguez-Lopez et le jeu de guitare inspiré de Bixler-Zavala, on peine à voir d'autres influences...

 

...et ce n'est pas plus mal ! 
Parce que Bison Bisou a un petit côté unique, à commencer par celui de faire parfois du noise-bondissant. Avec ses sonorités math-rock ("Gazelle", "Interlust") sans en faire, les nordistes sont du genre ..."volages". 
En ne décidant pas de se poser sur un genre musical, le groupe change d'univers musical 2-3 fois par morceaux, alternant le crié, l'intense avec de la légèreté.
Parfois à la limite du punk foutraque ("Roubaix"), voire du hardcore foufou ("Total fantasy") à la Blood brothers (mais pas tout aussi azimuté) dans le rock indé 90 à la Fugazi (une belle basse grésille comme à l'époque), Bison bisou s'efforce d'être constamment surprenant...

 

...et il y parvient !
Afin de ne pas endormir l'auditeur, défilent des titres "bien rentre-dans-ta-tronche", parfois courts, alors que d'autres un peu plus longs se veulent un tout petit peu plus compliqués.
Qu'importe : cet album est hyper équilibré.
Que cela soit par la production qui est excellente, qui laisse respirer les instruments, qui donne un "son du tonnerre"* à la basse et qui grésille pendant 35 minutes.


Ah oui, 35 minutes, c'est pas hyper long, mais les Bison Bisou devaient être de sacrées têtes d'ampoules : ils ont tout simplement retenu un autre conseil de leurs profs ! 
"Ne pas faire trop long pour ne pas perdre son auditoire" mais ils devaient être dans la lune lorsque le conseil suivant vint : "Et soigner sa conclusion : c'est la dernière chose que l'on retiendra de votre copie".

 

Et là, patatra** ! "Cinephilia" est à part dans l'album. Ce titre bruitiste est tout simplement...anecdotique, assez creux. Sans doute très bien pour faire péter une bonne fois pour toute l'intensité des concerts (que l'on imagine bien vivants quand on écoute simplement l'album), mais tout juste passable sur un support phonographique ou numérique.
Néanmoins, s'arrêter sur ces 4 minutes un peu creuses et ignorer les 30 précédentes plus bandantes ne serait ni juste, ni sympatoche**.

"Bodysick" est un très bon album, qui ne risque même pas de vieillir : il a cette énergie rock intemporelle que des milliers de groupes cherchent durant des années sans jamais la trouver. Pour Bison Bisou, c'est une question déjà pliée.


**Ces expressions sont utilisées dans le cadre de la réhabilitation d'expressions tristement désuètes au même titre que : 
"on va faire la nouba"
"par tête de pipe" etc.

photo de Tookie
le 21/06/2017

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