Bizar Bazar - Circus Metal Maniac

Chronique CD album (48:35)

chronique Bizar Bazar - Circus Metal Maniac

« Bizar Bazar ». « Circus Metal Maniac ». Avant même de jeter un coup d’œil à la pochette de l'objet ou à la bio du groupe, ça ne faisait pas un pli: cet album ne pouvait qu’être du pur appeau à lapin jaune, un puissant aimant nawakophile. Ça clignotait en surimpression de l’écran de mon ordi. Ça me titillait violemment l’écran radar. Comment imaginer, derrière ces croustillantes appellations, autre chose qu’un Bozo en camisole déambulant frénétiquement sous un chapiteau méchamment encombré de tout un barda baroque échappé du Pays des Merveilles?

 

Evidemment, masque de carnaval, lourd drapé de théâtre forain: l’illustration qui flatte l’œil à la proue de cette galette habille le moine à l’unisson de ses prétentions patronymiques. Et quand on farfouille dans la liste des groupes que la formation évoque pour nous donner une idée du joyeux bordel par elle créé, on n’est pas vraiment étonné d’y trouver Megadeth, Faith no More, Gogol Bordello, Sleepytime Gorilla Museum, Black Sabbath, The Clash, Mr Bungle… Bref: du gros qui clashe et du fou qui tâche.

 

M’enfin passons de l'autre côté de la vitrine et de ses affiches racoleuses pour voir si la femme à barbe ne porterait pas en fait un postiche, et si l’Homme le Plus Fort du Monde ne soulèverait pas des haltères en mousse…

 

Eh bien non, pas d’attrape-nigauds dans la tente bariolée de Bizar Bazar: les Italiens (un temps expatriés aux US, mais de retour dans la patrie des Fratellini) pratiquent un metal certes musclé, mais surtout sévèrement barré. Un mélange de Skitarg – pour le côté parfois velu –, des Stolen Babies – pour l’accordéon et les clowns gothiques – et d’Avatar dernière mouture. Le chant laisse transpirer de graves fêlures psychologiques, celui-ci s’aventurant d'ailleurs parfois dans un registre doucereux et inquiétant rappelant le Miko le plus Cyco ayant fredonné dans Infectious Grooves. Par contre, contrairement aux purs groupes de Nawak Metal, les compos de Circus Metal Maniac ne font pas tellement de ces cabrioles frénétiques qui conduisent à rebondir de bumper en bumper dans le grand flipper des possibles stylistiques. Plus focalisés que la moyenne, les 13 titres de l’album sont néanmoins clairement inscrits dans un univers aussi baroque que sévèrement givré implémenté au-dessus d’un metal thrashy mais mélodique.

 

Evaluées à l’aune de mon Youpimètre personnel, les compos du bazar connaissent des bonheurs divers. « At the Doors of the Bazar » offre l’introduction archétypale que l’on était en droit d’attendre, et prépare le terrain pour LE gros morceau de ces trois quarts d’heure, « Big Party », hymne festive que n’aurait pas renié un Andrew W. K. version « piste aux étoiles ». D’autres morceaux tirent également leur épingle du jeu, comme un « Under Your Shoes » bien virulent, un « Punching To The Wall » assez Rock’n’Roll, un « Bitter Poison » au cambouis particulièrement sexy – mais ayant pour principal défaut un riff trop proche du « Caught In A Mosh » d’Anthrax –, un « Mocassino » gouailleur et presque punky, et surtout un superbe « Metropolitan Animals » plus Stolen Babiesien que jamais! Les titres restant s’avèrent par contre moins émoustillants, voire carrément casse-bonbons quand il s’agit du dépressif « A Pill To Think ».

 

Mais au final, malgré ce petit manque de je-ne-sais-quoi qui le tient à l’écart des pontes du genre, ce premier album de Bizar Bazar reste une très bonne pioche. Et notre impression finale reste similaire à ce l’on ressent à l’écoute du conclusif « Finizio »: certes, le groupe aurait pu faire plus flamboyant, plus fou, plus accrocheur que [ce morceau tout droit sorti d’un album de Yann Tiersen / ce Circus Metal Maniac bien-mais-peut-encore-mieux-faire]. Sauf que tout bien considéré, tout ça est déjà pas mal du tout, voire même carrément attachant. Du coup on en ressort avec cette mélancolie joyeuse et ce goût de reviens-y caractéristiques des sorties de cirque effectuées sous une pluie de confettis et de notes enjouées émanant d’une fanfare farceuse...

 

« Dis Papa, on y retourne bientôt? »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: plus foncièrement « Circus » que franchement « Nawak », le bien nommé Circus Metal Maniac convie les Stolen Babies, Skitarg et Avatar sous le Grand Chapiteau pour une démonstration festive de Metal joyeusement psychiatrique.

photo de Cglaume
le 14/04/2017

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

HASARDandCO

Protest The Hero - Fortress
Callisto - Noir
Chronique

Callisto - Noir

Le 28/08/2006