Blackened - The Aftermath

Chronique Maxi-cd / EP (31:33)

chronique Blackened - The Aftermath

16 Juillet 2018 : Paris s'éveille sous la merde et les débris. Les moins chanceux sortent même des bras de Morphée, la bouche pâteuse, au milieu des flics du commissariat n'attendant que de les foutre dehors avec leur procès verbal au creux de la main. D'autres pleurent même un être cher laissé pour mort lors des festivités. Oui, la veille, la France était championne du monde et a fêté ça dans la joie, l'allégresse, les klaxons, les pains dans la tronche, les feux de joie allumés grâce aux voitures gentiment stationnées là pour être sacrifiées, les éclats de verre des vitrines faisant obstacle au libre-service des échoppes... C'est qu'à côté de ça, on passerait presque pour des gentils petits anges bien sages au Hellfest... Mais voilà, la nuit passe et le lendemain... La vie continue comme si de rien n'était. Les travailleurs reprennent leur morne train-train quotidien qu'ils n'iront pas reproduire jusqu'à leurs 85 ans – on remerciera les préférences de notre Chef d'Etat à répondre des mamours de la présidente croate – tandis que les juillettistes ronflent pour récupérer paresseusement des abus de la veille. Et ces derniers, par chez moi, ont même eu le bonus de se faire réveiller de bon matin en fanfare thrashisante à grand coup de Blackened. Pas le morceau d'ouverture du … And Justice For All de Metallica mais du premier EP, The Aftermath, du groupe parisien ayant pris cette référence comme intitulé. Les fenêtres s'ouvrent mollement sur des mines fatiguées et autres têtes intérieurement martelées.

 

« Allez quoi les gars, on se bouge ! On est les champions après tout ! Quoi, trop violent dès le matin ? Maiiiiissss non, je ne vous joue pas la carte sournoise de la vengeance de la personne qui a subi le bal de klaxons et techno-parade improvisée parce que j'en ai rien à foutre du foot, c'est un groupe français bordel, je suis solidaire ! Et puis, merde, fermez les fenêtres et recouchez-vous, c'est qu'elle ne va pas s'écrire toute seule cette fichue chronique ! »

 

Malgré la référence Metallica, il faudra davantage aller fouiner du côté de Demolition Hammer dans les influences de Blackened. Tout en n'oubliant pas pour autant que la France est européenne puisque la sauce se voit relevée d'une bonne grosse lichette d'Holy Moses (« Empowered » tout particulièrement où l'on attendrait presque Sabina Classen débarquer). The Aftermath ne paraîtra certainement pas très original pour les vieux thrasheux aux vestes patchées usées depuis les années 80 mais on reconnaîtra que les modèles sont tellement peu courants dans l'underground actuel – dont beaucoup jouent la carte de la sécurité en lorgnant vers le Big Four ou Kreator que l'EP a comme un petit goût de vieille vignasse rafraîchissante. Qui tabasse bien les culs comme il se doit tant ce premier EP est taillé pour la scène grâce à une bonne utilisation des alternances rythmiques qui n'oublient pas de donner dans le groovy afin de bien mettre en valeur les phases de moshpits comme il se doit (« Dead End », « The Dark Side » et son côté très coreux). The Aftermath nous dévoile également un groupe pas complètement manchot qui sait jouer sur quelques nuances de jeu apportant des effets bienvenus, notamment sur sa section rythmique. Le tout, sans trop en faire, histoire d'apporter le minimum de variété syndical sans que ça n'entache sur l'efficacité immédiate dont tout l'EP jouit.

 

Solide, bien ficelé, The Aftermath n'ira sans doute pas porter la flamme olympique en début de file. Mais cette première torche d'une demi-heure que nous offre Blackened a de quoi bien foutre le feu parmi les foules. Et les Parisiens peuvent bien se le permettre : on est les champions après tout !

photo de Margoth
le 27/08/2018

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