Brain Tentacles - Brain Tentacles

Chronique CD album (49:48)

chronique Brain Tentacles - Brain Tentacles

Relapse Records: en voilà un label qu’il est bien! D’un côté celui-ci cultive l’extrémisme métallique avec un goût certain via un (GROS) bouquet de combos à la nuque aussi épaisse que la couche de sopalins usés jonchant la piaule d'un célibataire endurci – cf. Total Fucking Destruction, Mortician, Anal Cunt, Haemorrhage et leurs copines. Et de l’autre l’écurie américaine encourage les barjots les plus décomplexés à tenter des trucs pas clairs, comme Genghis Tron, Intronaut, Pan-thy-monium (qui avait commencé le boulot bien avant, certes) ou les tarés de Cephalic Carnage. Et vu que ce n’est pas le Cobra Commander qui est aux commandes de cette chro, vous vous doutez que Brain Tentacles se situe plutôt dans la deuxième famille, celle des cramés du bulbe qui ont décidé de ne pas laisser le Metal tourner bêtement en rond…

 

Puisqu’on cause ici d’un groupe qu’il est beau qu’il est neuf, passons-en par l’inévitable case CV, histoire que vous sachiez à qui vous avez affaire. Alors ce n’est pas parce que le groupe écume les clubs depuis 20 ans ni parce qu’il a pondu une centaine de splits avec d'obscures groupes slovaques que Brain Tentacles a atterri chez Relapse. Nein. C’est plutôt qu’il s’agit ici d’un side-project de luxe rassemblant Bruce Lamont (Yakuza), Dave Witte (Discordant Axis, Municipal Waste) et Aaron Dallison (… euh: Keelhaul. Ah tiens il semble qu’un collègue connaisse). Et c'est à coup sûr ce même pédigrée qui explique que, sans même un enregistrement sous le bras, la formation ait déjà joué en compagnie de Melt-Banana, High On Fire, Eyehategod ou encore Iron Reagan.

 

Maintenant c’est bien beau les gros noms sur l’affiche, mais ce n’est pas comme si l’on n’avait pas déjà vu de gros navets avec de super acteurs dedans… Or là, pour continuer sur la métaphore 7eartesque, soyez prévenus: on nage en plein cinéma expérimental, avec des contre-plongées chelous, des plans fixes qui crispent, et une palette de couleurs qui vrillent parfois franchement la rétine. Car Brain Tentacles s’est donné pour mission de défricher des territoires inexplorés (ou presque) en choisissant de laisser la guitare aux oubliettes, de n’utiliser le chant que rarement (un peu comme Manowar avec les slips) et de se laisser dériver là où les drogues du moment en auront décidé. On se retrouve donc avec entre les oreilles une basse semblable à un essaim de bourdons élevés près de Fukushima, des saxos hésitant entre Jazz et Noise, une batterie et des nappes de clavier comparativement relativement sages, plus quelques rares élucubrations vocales nawako-écorchées pas franchement apaisantes. Tout ça se situe à plus ou moins égale distance entre Bangladeafy, Zorn, Zvoyn, un Patton qui se serait levé du lobe gauche et la folle tribu des Ni \ Chromb! \ PoiL & co.

 

Du coup, ouch: ça fait mal.

 

C’est vrai que le côté foutraque de la chose, la volonté de tenter des trucs nouveaux, plus cette grosse basse tectonique auraient tendance à nous attendrir… Et puis c’est vrai aussi qu’on se laisse séduire par « Hand of God » et le très nawakoriental « Fruitcake » – qui n'est pas sans évoquer les vapeurs d'encens d'un Secret Chiefs 3. Mais globalement le morceau est relativement dur à digérer, et peine à nous pousser à appuyer à nouveau sur le bouton >Play. Non c’est vrai: la première minute de « Cosmic Warriors Girth Curse » casse carrément les bonbons (… et la lourde marche résignée qui suit ne relève que légèrement le niveau), le coït barjot de « Gassed » – tout comme la crise d’épilepsie Dillingerienne de « The Spoiler » – use, et malheureusement ce n’est pas la sombre dépression gothique de « Fata Morgana » qui réussit à nous remettre des paillettes dans les yeux…

 

Peut-être cet album est-il plutôt destiné aux fans des Melvins, à ceux du côté le plus hystéro de Melt-Banana ou encore aux accros au Tētēma du Professeur Patton (Dis voir Gepeto, t’en penses quoi toi)? Quoiqu’il en soit, si je reconnais à la chose un véritable intérêt ainsi que quelques moments assez sympas, je ne pense pas me ré-aventurer plus souvent que cela sur les 11 pistes de cet album. L’art expérimental, oui, l’art abstrait, mouaif, le dadaïsmo-cubisme, bouôârk...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: une basse, des cuivres, pas des masses de chant ou alors en mode hystéro, des expérimentations noisy-jazzy-gluantes, le tout sonnant quelque-part entre Zvoyn, Zorn et Tētēma... La chose intéressera les traqueurs d’inédit métallique, mais risque de rester sur bien des estomacs.

photo de Cglaume
le 11/10/2016

9 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 11/10/2016 à 09:58:03

Je te trouve un peu dûr quand même, il y a des très bons titres, même si tout écouter d'un coup reste difficile de prime abord

cglaume

cglaume le 11/10/2016 à 10:10:33

Pas assez de bicarbonate de soude dans mon clapier pour digérer la chose...

pidji

pidji le 11/10/2016 à 15:21:37

Et puis Keelhaul quand même, l'affront de ne pas connaitre héhé :P

cglaume

cglaume le 11/10/2016 à 15:28:15

Carrément pas honte ! :P

el gep

el gep le 12/10/2016 à 22:46:35

Ah ben je sais pas mon glaume, faudrait djàà que j'aie le temps d'écouter.
J'essaierai, ça m'intrigue ton truc.
Non, pas celui-là, l'autre.

cglaume

cglaume le 13/10/2016 à 09:10:42

:)

Xuaterc

Xuaterc le 13/10/2016 à 13:04:58

Le seul Keelhauled que je connaisse, c'est celui-ci :-)
https://www.youtube.com/watch?v=ta-Z_psXODw

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 14/10/2016 à 09:24:06

Dans tous les coups, Bruce Lamont !
Bien riche en calories cet album ^^

pidji

pidji le 14/10/2016 à 10:30:06

C'est clair, il est un peu hyperactif le garçon !

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