Bunkr - Schluss

Chronique CD album (34:30)

chronique Bunkr - Schluss

Tu ne t'en rends pas compte toi qui fais face à ton écran, mais le chroniqueur de base d'un webzine lambda subit une certaine pression au moment de prendre le clavier et de tapoter son petit article qui se noiera dans l'océan des internets.

Parce qu'il a certes une pression vis à vis de toi, en tentant de se rendre suffisamment intéressant pour que tu ne décolles pas de l'album qu'il te présente, mais aussi parce qu'en général, ce chroniqueur a du respect pour le groupe qu'il a maintes fois écouté avant de rédiger un article.
Il s'agit donc de ne pas écrire avec le cul une critique d'un disque qui, lui, a été écrit avec talent.

 

Or, avec Bunkr, les mots ont peiné à venir pour moi, chroniqueur de base de ce webzine lambda.
Parce qu'Alexandre Astier a beau dire qu'"il n'y a pas de mauvaise façon de parler de la musique", moi j'dis que ce n'est pas si simple. 

Les Bunkr ont tout pour être le groupe lambda d'un style de niche qui ne passionnera que quelques lecteurs d'un petit site spécialisé, mais en parler est complexe.

 

Au départ, tout semble facile, on a l'impression d'être en terrain connu : Bunkr est suisse. Encore une fois la scène romande épate encore par sa vivacité et sa qualité pour nos musiques électriques.
Le groupe est muet, comme beaucoup chez nous, comme beaucoup chez Cold Smoke Records (et, dans un peu moins, chez Division Records).
Mais c'est aussi très singulier dans son ensemble et extrêmement vivant.

 

La variété dans l'écriture du groupe semble primordiale. 
On ne peut pas coller une étiquette de deux ou trois mots sur cette petite équipe à l'humeur musicale changeante.
Si l'on retrouve constamment des éléments de math-rock (notamment dans la guitare), on n'en retrouve pas ses lourdeurs, ni ses clichés. Si l'on songe, fort logiquement, à du post-rock, Bunkr ne s'y enferme pas au-delà d'un titre. Tout comme l'on retrouve des sonorités assimilables à du stoner-doom pendant un peu plus de 12 minutes...sans classer la bande dans ce style.
C'est ainsi que de piste en piste, Bunkr prend un malin plaisir à présenter ses multiples visages.

Le mieux, c'est que sous tous ses profils, Bunkr est beau. Bunkr réussit à passionner, intéresser. Grâce à une certaine accessibilité malgré son écriture parfois alambiquée, le disque se fait riche en écoutes tout en sachant capter l'oreille de celui qui la tend.
Paradoxalement, et malgré la multitude de sous-genres que le groupe aborde, on retient aussi une certaine cohérence et musicalité générale se dégager de Schluss.

 

Alors, si le chroniqueur que je suis a craint d'écrire cette chronique avec le cul, c'est parce que Bunkr a écrit une oeuvre complète avec finesse, difficile, non pas à appréhender, mais à expliquer. Il y a de la technique dans la réalisation de ces cinq pistes qui mériterait quelques mots, mais il faut le bagage et le vocabulaire adéquat pour en parler correctement. Quant au ressenti qu'offre ce disque...il est personnel...et exige une certaine "culture musicale". Deux grands mots, une grande expression pour simplement dire que Bunkr demande une oreille habituée aux aventures musicales haletantes de ce type, parce que si le disque est relativement accessible, il requiert tout de même une attention exercée...Un investissement temps qui ne sera pas perdu.

 

photo de Tookie
le 29/05/2019

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