Buy Jupiter - Eclipse

Chronique CD album (22:00)

chronique Buy Jupiter - Eclipse

Je cite rarement les grands hommes, mais voici une phrase qui me semble appropriée :

"Souvent les gens ont tendance à croire ce qui est écrit. C'est un phénomène étrange !"
 

Je sais bien que les temps sont troublés, qu'on ne sait plus trop à qui se fier, que tout le monde peut maintenant faire porter sa voix pour hurler (même par écrit) tout un tas de conneries. Mais, crois moi, il faut absolument que t'écoutes Buy Jupiter.

Tu peux le faire par chauvinisme si t'es français. Voire même "soutenir la scène locale" comme il est de bon goût de le faire si tu es du 6-9.
Tu peux le faire si t'aimes Asimov et la science-fiction, parce que "ce disque clôt une trilogie entamée en 2015 inspirée du roman Cher Jupiter" (Buy Jupiter en VO, tu piges le lien j'espère ?).
Si t'as déjà écouté les précédents, c'est bien. Si ce n'est pas le cas, c'est rien (et tu peux les obtenir à prix libre sur le bandcamp du groupe).
Je le sais, parce que je ne connais pas les précédents...et cela ne m'a pas empêché de prendre mon pied (pas littéralement hein, parce que sinon j'vois pas l'intérêt).

Ce qui a démarqué Buy Jupiter de la flopée de mails promotionnels journalière c'est la qualité de son style bâtard hybride.
Bien que le qualificatif "Post-modern-metal progressif SF" atteigne un level de pompeuserie dont seul un chroniqueur des Internets a le secret, il a le mérite de résumer en 5 mots la richesse et la complexité d'écriture (et d'écoute) de Buy Jupiter.
 

Avec un son parfaitement ancré dans son époque (lourd, sombre, mais aussi cristallin) et mettant en valeur chacun des protagonistes de ce disque, cet EP rappelle avec nostalgie les élans de modern metal qu'offrait Klonosphère avec des sorties comme celles de Mistaken Element ou du premier Hypno5e (le côté fragile et la poésie en moins), les hurlements post-hardcore d'une scène qui fourmillait en 2006-2007, des sonorités djent avec les boss du game genre Textures (sur les envolées claires / atmo) voire Meshuggah (pour certains efforts sur quelques rythmiques saccadées -sans chercher à atteindre la même froideur et brutalité-) et puis pour le côté progressif, avec ses titres à rallonge et ses structures alambiquées, on pense quasi-automatiquement à Between the buried and me.

Alors toutes ces références sont classes, mais peuvent aussi paraître quelque peu...surannées, appartenant toutes à la seconde moitié de la précédente décennie (sachant qu'on achève l'actuelle). Mais le tour de force de Buy Jupiter est de les avoir entremêlées, d'en faire quelque chose non seulement de cohérent, profond, riche en réécoutabilité (on redécouvre sans cesse le disque) tout en étant terriblement efficace (merci les rythmiques qui sont des machines à headbang mécanique).
Les titres plutôt longs de la bande peuvent avoir une dimension intimidante au premier abord, mais le temps permet aussi de les décanter et de les apprécier à force d'écoutes. 

Si t'es de nature méfiante par rapport aux écrits (et t'as bien raison), tu peux / dois cliquer sur le lien ci-dessus mais j'espère t'avoir suffisamment influencé pour te mettre dans de bonnes dispositions pour profiter de l'instant et avoir biaisé tes attentes (sans trop en faire), parce que ce Buy Jupiter, malgré une certaine "massivité" (faut s'le faire ce disque quand même) compensée par sa durée (22 minutes) vaut largement un peu de ton temps.


Ha au fait, la citation hautement philosophique en début de chronique, elle vient de Panoramix dans Le Papyrus de César.

photo de Tookie
le 22/07/2019

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