Cassus - Separation Anxiety

Chronique CD album (26:06)

chronique Cassus - Separation Anxiety

Enfin de retour après le coup de force qu’était This Is Dead Art, This Is Dead Time; But We May Still Live Yet sortie en 2015, les téméraires situationnistes de Cassus signent un Separation Anxiety aux allures de piqure de rappel Emo-Violente.

En cette période d’infamie spectaculaire ou l’on commémore l’esprit de Mai 68 pour mieux neutraliser ses implications et ses effets dans les luttes sociales en cours, la sortie de Separation Anxiety et les idées que véhicule Cassus tombent vraiment à pic dans cette actualité moribonde et putassière. Sacrifié par les Institutions scolaires, culturelles et politiques sur l’autel du souvenir et de l’impératif de paix sociale, l’Esprit de Mai 68, dévoyé par une bourgeoisie décadente est pourtant loin d’être entériné. Il n’y a qu'à voir les nombreux foyers de résistance qui pullulent de ci-de-là dans l’Hexagone. Même le situationnisme a survécu et s’incarne encore aujourd’hui dans l'Emoviolence des Anglais de Cassus, c’est dire la prégnance du propos soixante-huitard. « Ne travaillez jamais! » qu’il disait notre camarade Debord en ces temps d’insurrection ; pourtant, et ce malgré la sympathie qu’a Cassus pour la Guytoune, du travail il y en a eu d’accompli sur ce Separation Anxiety.

 

On retrouve Cassus quasiment là où on l’avait quitté trois ans plus tôt, dans un registre Emo-violent cathartique et désespéré mais qui par rapport à son prédécesseur tend vers un peu plus d’expérimentations. Heureuses ou malheureuses ? C’est ce que nous allons essayer de voir ensemble.

Si l'on doit s’en tenir aux récurrences stylistiques et aux gimmicks que l’on peut prêter à un groupe faisant désormais autorité dans le genre, ce Separation Anxiety ne trahit en rien l’identité du groupe mais semble plutôt consolider voir même étoffer le style Cassus.

Comme sur This Is Dead Art… le chanteur mobilise une palette de techniques vocales aux aspérités certaines (Screams typés Hardcore voir Black, Chant clair medium/aigu, Spoken words etc.,) On pourrait lui reprocher cette dispersion stylistique et son coté fourre-tout, néanmoins son envie de bien faire, la solidité de ses convictions et sa fougue ardente sont du plus bel effet. Le  lyrisme langoureux et toujours aussi Cheap de son chant côtoie donc comme à l’accoutumé des frappes vocales ciblées et teigneuses. Un placement efficace, incisif avec un désir de raffinement au vu des nombreuses séquences de chant clair que l’on retrouve sur Separation Anxiety. Les envolées lyriques sur les finales de « Have You Considered A Balanced Diet », « Reduced Possibility, Engendered Determinism" etc., traduisent très bien cette recherche d’élégance de la part de Cassus. Un lyrisme candide, vulnérable voire maladroit mais qui inspire tendresse et respect tant l’exercice est assumé et sent bon l’authenticité.

Autrement, rien de nouveau sous le soleil, on retrouve sur Separation Anxiety ce qui fait le sel de Cassus, son accablement mélancolique servit par des mélodies suintantes de désespoir avec toujours en contre point et en signe de non renoncement des riffs Maths rageurs et hystérisant « Ceaseless Tumult », «  « Being Sick On A Merry Go Round », témoins toujours stylés et vivaces de la combativité du groupe et de son désir d’émancipation d’affects tristes.

Le guitariste et le batteur de Cassus peuvent toujours compter l’un sur l’autre pour soutenir de concert, lors de nombreux moments de complicités, le Riffing tendu et Groovy du copain. L’entame de « Curriculum » en est entre autre la preuve. Le batteur est toujours aussi créatif et carré dans l’exécution de son jeu et de ses Blast Beats, le guitariste lui toujours aussi subtil que véloce. Ses beaux harmoniques introductifs sur « Have You Considered a Balanced Diet » sont soignés et plutôt originaux. Le bassiste répond toujours présent pour accompagner et appuyer la frappe des copains et aussi pour foutre un sacré Zbeul en concert. Live à l’appui dans lequel on retrouve également un moment de pure déconnade et d’anthologie Situationniste.

 

Si vous voulez aller à l’essentiel parce que trop feignant ou trop aliéné pour consacrer un peu de temps à Separation Anxiety, « Ceaseless Tumult », premier morceau promotionnel divulgué par les Anglais, est un concentré de ce que peut faire de mieux Cassus. Un titre dans lequel on se délecte de toute la technique musicale du combo et de son sens incroyable de la dramaturgie. En quatre actes, « Ceaseless Tumult » vous mettra dans tous vos états. L’esprit Emo est plus que jamais présent chez Cassus, une série de complaintes et de manifestes pour la libération des affects tristes et contre les fausses impasses existentielles traverse ce LP. Cassus conquiert les cœurs et les esprits, leur implore de continuer à se battre en dépit des coups infligés par un monde ayant institué la séparation et la violence comme rapport social et ayant implanté au plus profond des psychés le renoncement comme finalité exclusive de l’Histoire. Si vous avez aimé jusque là Cassus, il n'y a pas de raisons que Separation Anxiety ne vous déçoive.

photo de Freaks
le 21/05/2018

2 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 18/01/2019 à 09:34:01

C'est excellent ton truc ! J'étais totalement passé à côté de ta chro ! Merci pour la découverte !

Freaks

Freaks le 18/01/2019 à 13:07:04

Cassus c'est la régalade garantit..
Ils ont le vent en poupe et on comprend pourquoi ;)
Au plaisir Tookie ;)

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