Cerise - Freak Show 1

Chronique Maxi-cd / EP (20:30)

chronique Cerise - Freak Show 1

Lors de mon adolescence, je me souviens qu'il m'arrivait de faire du babysitting chez un voisin qui avait des faux airs de Bon Jovi – en un peu moins BG quand même – qui était musicien, notamment pour un groupe de musique pour enfants nommé Mandarine. Au vu de ce qui s'est passé pour Henri Dès, peut-être le verra-t-on à l'affiche d'une future édition du Motocultor Fest, qui sait ? Ou alors inviteront-ils un autre fruit – manger cinq fruits et légumes par jour, c'est important qu'ils disent tous – nommé Cerise ? Qui, pour le coup, est vachement moins attrape-gosse et plus à-propos avec le contexte vu que le délire se situe dans un heavy rock/stoner retro-psyché. Mais pas que, vu qu'il s'avère que le groupe, encore à la fleur de l'âge, détient en son sein une certaine Nehl Aëlin. Au vu de son ex-appartenance avec les bigarrés ambitieux d'Akphaezya et de son CV solo, nul doute que ce premier EP, Freak Show 1, ne prendra pas le style au pied de la lettre et se permettra quelques fantaisies. En démontre d'emblée la jaquette typée cabaret, laissant penser qu'on pourrait partir vers un délire de musique fortement visuelle, genre les Stolen Babies laisseraient tomber le trip burtonien pour s'amouracher du côté freak du White Zombie d'un Astro-Creep 2000, en partant d'une base stoner.

 

Étonnamment, on y est plutôt loin. La part visuelle du délire est bel et bien là mais se révèle plus subtile par rapport à ce que sa conteuse nous avait habitué dans ses autres projets. Difficile de déterminer pourquoi : une envie de rester plus soft et contenu pour cette première carte de visite d'introduction afin de mieux nous asséner une seconde partie qui ira vraiment au bout du délire peut-être ? Ce qui expliquerait pourquoi il faille attendre son morceau de clôture, « Bring Me Blood », pour réellement se faire happer bien méchamment au sein de cette petite foire aux monstres itinérantes. Ou comment transformer l'urgence et le cradingue lourdement saturé d'un garage rock énergique et saccadé en une fuite panique de cette armée de marionnettes tueuses contrôlées par un marionnettiste psychopathe, où la narratrice endosse à la fois le rôle du bourreau et de la victime en mode schizoïde via grunts et modulations hauts-perchées complètement hystériques.

 

Mais il n'y a pas besoin d'attendre si loin dans l'EP pour se prendre de la prestance vocale de haute volée, tant l'introductif « Mountain » s'en charge haut la main, montrant une nouvelle facette vocale que l'on n'avait encore jamais entendu de la vocaliste. Tout en puissance jusqu'à l'éraillement mais toujours maîtrisé, comme cela a été en vogue dans les 70's. Voilà qui vient étoffer un spectre vocal déjà très vaste où l'on se dit de plus en plus qu'il serait plus rapide de répondre à la question « mais qu'est-ce qu'elle ne sais pas faire ? » plutôt que « qu'est-ce qu'elle sait faire ? ». Le tout sous fond de stoner rock graisseux qui ne fait pas quartier en terme de simplicité et d'efficacité. Un côté tubesque que l'on retrouve sur « Once Upon A Time » dont le heavy rock flirte dangereusement avec les limites du hard rock/classic rock en terme de refrain fédérateur qui a de quoi faire chanter les foules à l'unisson en live. Mettant les pendules à l'heure au passage que Cerise est un véritable groupe où tout le monde a eu son mot à dire en tant que tel et non un nouveau side-project solo. Bien que l'empreinte Nehl Aëlin, on le sait fort bien si on connaît Akphaezya, est toujours tenace et ce, même si jamais elle n'usite de son piano de prédilection. On reconnaîtra sans mal ces vocaux typées crooner au féminin dans « Fire » ainsi que l'ambiance jazz feutrée et intimiste chère à son cœur qui sont insufflés à ce rockabilly élégant et groovy à souhait. Tandis que « American Dream » rappellera les frasques piano/pop de la première partie du second album solo de Nehl, Le Monde Saha, tant l'on sent comme le spectre d'un « Dell » planer de loin, le tout revu et corrigé à la sauce rock mid-tempo jouant sur les montées/descentes d'intensité.

 

De ces cinq titres, on voit jaillir une grande variété d'ambiances et de variantes d'exercice de style. Freak Show 1 s'inscrit comme une entrée en matière hétéroclite sans jamais qu'il ne perde pourtant de sa pertinence. De quoi montrer les bribes d'un groupe doté d'emblée d'une solide personnalité, même s'il le montre encore avec une certaine retenue. Qui, à mon sens, pourrait se permettre de pousser le bouchon encore un peu plus loin, histoire d'appuyer davantage une certaine exubérance visuelle sur le plan sonore raccord avec son concept théorique. Mais ne soyons pas gourmands trop vite : pour une première carte de visite, Cerise fait preuve d'une maîtrise et efficacité indiscutables dans un style dont ses géniteurs ne s'étaient pourtant pas encore spécialement frottés. Ce qui est déjà une très belle réussite en soi pour de la jeune pousse. Et, surtout, de quoi laisser présager un mûrissement juteux à terme.

photo de Margoth
le 07/11/2019

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