Circus Of Dead Squirrels - Operation Satan

Chronique CD album (52:39)

chronique Circus Of Dead Squirrels - Operation Satan

« Circus of Dead Squirrels »? Et pourquoi pas « Hobbit, tu as ri » ou « The Dinde Escalope Plan », hein, pendant qu’on y est? Avec un blaze pareil, on s’attend à subir les blagues pas forcément fines d'un album de brutal death à gros nez rouge qui fait pouët pouët dans les coins (ou à un film où Robin Williams taquinerait la muse en compagnie de Tic et Tac). Mais ce n’est pas tout à fait ce qu’on découvre sur Operation Satan, cette 3e livraison du groupe (la vache comme on peut passer longtemps à côté d’une petite pépite!) étant plutôt l’album qu’aurait pu pondre les Carnival in Coal s’ils étaient américains, férus de metal indus et fervents défenseurs de la cause animale (et un peu moins splittés aussi). Parce que Circus of Dead Squirrels, c’est un commando anti-vivisection qui débarque dans votre salon pour libérer Bobo le poisson rouge de son bocal et entarter tata Chantale, son vison et ses crêmes L’Oréal, avec pour arme principale un épais mur de rythmiques martiales, de guitares cliniques, d’enchevêtrements vocaux, de nappes de tout un tas d’instruments à clavier, de samples, de zboïngs zboïngs youpi tralala, le tout en mode cartoon trash fiévreux. Ou si vous préférez, c’est le manifeste anarcho-zoo-friendly qu’auraient pu écrire ensemble Fear Factory (pour les cyber-saccades guerrières), Zimmer’s Hole (pour l’amour du pastiche et le passif SYL-ien), Crotchduster (pour la mise en scène du délire – mais sans la touche « bite-couille-poil »), le couple Ministry / Nine Inch Nails (pour le net penchant indus) et les donc sus-nommés Carnival in Coal. Là vous devez commencer à réaliser le joyeux bordel dont il s'agit. Sauf que j’ai omis de livrer un détail important: pas besoin d’être un fana d’indus/EBM/cyber/electro-chose pour craquer sur Operation Satan, l'album étant tout sauf froid et déshumanisé. C’est qu’ils sont forts ces p'tits gars!

 
Bon là, si vous êtes du genre zappeur du web pressé, vous pouvez vous arrêter au chapitre précédent et à la note, et commander direct’ ce petit bijou (auprès du groupe si vous voulez qu’ils reversent 2$ à une association américiane de défense des animaux). Mais si vous trouvez qu’on est bien là, tous les 2, à tailler le bout de gras, je vous propose de vous donner quelques détails croustillants supplémentaires, histoire d’ouvrir un peu plus grand le robinet à salive qui commense à débiter violemment chez les plus chatouilleux d’entre vous.
 
Tiens, par exemple je vous ai parlé pastiche tout à l’heure. Des exemples dites-vous? Eh bien en dehors du patronyme qui sent bon le détournement, Circus of Dead Squirrels revisite ouvertement Ministry sur « Laboratory Lust », se secoue le popotin sur « la Danse des Canards » le temps de l’interlude « Desensitized » et se réapproprie le « Smooth Criminal » de Michel le fils de Jack sur « Bible Thumpers ». Sans compter tous les clins d’œil que mon ignorance crasse m’aura fait louper. Et quid du côté déconne dites-vous? Eh bien les morceaux sont truffés de micro-sketchs loufdingues (et non pas lourdingues): on a droit à de l’ambiance fête foraine par ci, de la cornemuse par là, à du télé-reportage à chaud sur « Puppy Maul Madness », tout ça sans perdre le fil ni l’auditeur, comme le plus expérimenté des Mr Bungle. Mais cet humour n’est bien souvent que le cache-sexe d’un côté plus obscure qui renforce (Je suis ton père Luke …) le parallèle avec les Carnival in Coal, et ce ne sont pas le final de « Laboratory Lust » ou la tonalité générale des nombreuses interludes qui me feront mentir.
 
Mais réchauffons un peu l’ambiance en effeuillant l’album afin de lui ôter les diverses couches évoquées jusqu’ici et jauger la bête à poil: le point fort de Operation Satan, c’est qu’il est truffé de bons morceaux, avec de la ligne accrocheuse en veux-tu en voilà, tel le « Sometimes we get what we deserve » du morceau du (presque) même nom, le mélange Fear Factory / piano qui tue sur « Inferno » ou la chouette mise en bouche qu’est « E.coli Surprise ». Circus of Dead Squirrels enfourne également quelques bonnes pelletées de charbon dans la locomotive des amateurs d’extrême, avec des pointes thrash/death plutôt mélodique sur « Chickenshit », de l’énergie blacky-punky-thrashy à revendre sur « Bible Thumpers » et moults occurences de cyber-shrieking et autre indus-growling qui surnagent dans le vortex vocal à l'œuvre. Et ceux que la touche digitale des musiques à penchant mécanique hérisse seront rassurés par une grosse poignée de soli (au grain un peu Lex Talionis-esque il est vrai, mais en plus mesuré) et la capacité à proposer parfois une musique aussi moelleusement douce qu’organique  sur « Hellbound ».
 
Bon, le tour d’horizon étant maintenant relativement complet (formule particulièrement prétentieuse, il est vrai, au vu du constant fourmillement proposé), vous devez à présent être à même de vous faire une idée correcte des chances qu’a Operation Satan d’alimenter en globules rouges vos corps caverneux (je vous laisse le soin de décrire sur le même mode la réaction physiologique oestrogénisée complémentaire). En ce qui me concerne, il n’a manqué que quelques petites poignées de jours à l’album pour figurer en bonne place dans mon bilan 2010. Trop tard pour les spotlights du podium 2010 donc, mais pas trop tard pour cartonner chez les amateurs de nouveautés innovantes et de bon goût...
photo de Cglaume
le 02/02/2011

2 COMMENTAIRES

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 02/02/2011 à 13:07:11

Tin' ça donne grave envie là !!
Que des gens que j'aime bien (ou que je ne connais pas Zimmer Hole ??)

cglaume

cglaume le 02/02/2011 à 13:46:40

Zimmer's Hole c'est SYL sans Devin qui rend hommage au metal en general. C'est tres bon !!

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