Coal Chamber - Chamber Music

Chronique CD album (55:21)

chronique Coal Chamber - Chamber Music

« Combien de fois avez-vous une deuxième chance pour quoi que ce soit dans la vie ? Nous avons tourné à travers le monde, ce fut de la folie et la foule est venue en force, nous nous sommes donc éclaté ! Pour cela je suis tellement reconnaissant ! Maintenant… Il est temps de sortir un nouvel album de Coal Chamber ! Le feeling entre nous est positif... » - Dez Fafara, dans un communiqué de presse en 2014 à l'issue de la tournée de reformation de Coal Chamber.

 

En voilà une citation forte intéressante ! D'autant plus pour quelqu'un issue de la génération neo comme moi... Et honnêtement, je fais partie de ceux l'assumant pleinement et n'ayant aucun souci à réécouter ces frasques du passé avec un jugement mesuré. Celui qui ne nie pas la superficialité musicale d'un style qui n'a été qu'un effet de mode aussi ponctuel temporellement parlant que marquant pour une génération. De la même manière que le metalcore a marqué la suivante. Mais au moins, le neo a-t-il eu le bon sens de disparaître de lui-même alors que le metalcore tente encore de survivre en pédalant ridiculement dans la semoule. Ce qui résume un peu mon jugement global quant au neo : même si j'avais certaines bases hard rock, punk et grunge grand public directement héritées du paternel en chef, je ne me serais jamais plongée dans le grand bain metallique sans le neo qui, à défaut d'être musicalement transcendant, possédait une énergie, une imagerie et des propos qui ne pouvaient que parler à la tranche la plus marginale et rebelle d'une adolescence en mal de sensations fortes. Et bien entendu, sans neo, jamais je n'aurais été assise ici, à me taper le bout de gras dans ces colonnes. Alors, même si le sujet du jour se révélera sans nul doute désagréable pour beaucoup, au moins a-t-il apporté – et apportera demain – des bafouilles bien plus intéressantes. Alors, voir Coal Chamber revenir sur le devant de la scène, il y a de quoi faire couler beaucoup d'encre, d'autant plus lorsqu'il est question de nouveau skeud. Car même pour moi qui assume mon passé et écoute encore de temps à autres ces vieilleries « paneolithiques » présents dans mon étal de CDs avec un véritable plaisir nostalgique, je reste d'avis à ce qu'elles restent pour ce qu'elles sont : les vestiges d'une mode d'une époque qui se doit de rester révolue. Après tout, sa disparition aussi soudaine qu'elle était venue est éloquente sur le fait qu'il n'y avait de toute façon plus rien à en tirer. Preuve en est que les quelques chanceux populaires restants en vie aujourd'hui, citons Korn ou Deftones en vrac, ont surtout survécu car ils ont eu le bon sens de partir vers d'autres directions. C'est sûr que voir Coal Chamber, qui n'a pourtant toujours été qu'un second couteau au sein du style, revenir avec Rivals presque vingt ans plus tard, il y a de quoi faire grincer des dents. Car oui, c'est un fait, le neo a beau parler encore pour quelques nostalgiques assumés comme moi, il faut reconnaître que cela sonne aujourd'hui comme terriblement ringard. D'où le fait que je n'ai pas osé en parler, ni même écouter d'ailleurs, le père Sepulturastaman s'étant montré bien plus courageux que moi pour le coup. Pour moi, imaginer Coal Chamber actuellement, c'est une image tout aussi ridicule qu'un Johnny Hallyday arborant fièrement sa nouvelle couleur de cheveux en prétextant qu'il reste d'jeunz alors qu'il n'est en réalité qu'un vieux croulant sénile. Après tout, la découverte de « Loco » et l'impact qu'il a eu sur mes bonnes grâces à l'époque tient surtout sur l'aspect dynamique mélangé à une imagerie teen freak plutôt percutants. Ce qui paraît bien plus ridicule maintenant que les protagonistes flirtent entre 40 et 50 balais.

 

Cela ne m'empêche malgré tout pas d'avoir les couilles d'en exhumer la dernière partie qu'il reste à chroniquer – ne parlons pas de cette affreuse compilation de remixes qui n'aurait jamais dû exister – afin de mettre, on l'espère, un point final à l'évocation de la discographie de Coal Chamber, à savoir leur second disque, Chamber Music. Si mon collègue s'est chargé des premier et troisième efforts avec beaucoup de justesse dans l'opinion (car oui, Dark Days est loin d'être le si mauvais album que beaucoup prétendent), je peux comprendre pourquoi il n'a jamais osé s'attarder sur l'entre-deux qui s'est aussi bien vendu à l'époque qu'il a été controversé. En effet, Coal Chamber passait d'un éponyme plutôt brutal, au rythme mené tambour battant, à un successeur qui avait enclenché un bon coup de pédale douce. D'apparence plus soupesque et commercial, il vaut toutefois mieux considérer Chamber Music comme un album transitoire tant on touche à quelques moments les prémices de la direction musicale un brin plus sombre, lente et sophistiquée qu'empruntera Dark Days trois ans plus tard. Une transition avec ses bons et ses mauvais côtés, avouons-le.

 

Le positif tout d'abord se situe sur tout un amoncellement d'idées loin d'être dégueulasses. Car Chamber Music est doté certains titres qui sont loin d'être dégueulasses dont il serait dommage de ne pas reconnaître un minimum. Le plus atmosphérique « My Mercy » en tête. C'est le cas le plus flagrant d'une volonté certaine de Coal Chamber à enclencher une nouvelle direction musicale : ça lorgne pas mal sur l'indus' en terme de lourdeur planante et l'incursion de la voix éthérée de la bassiste donne comme un petit goth, le tout donnant un résultat hyper convaincant. Des « El Cu Cuy », « Not Living » ou encore « Notion » offrent des dynamiques plus léchées et lissées que son hargneux prédécesseur certes mais ont tout des classiques se gravant dans ton cervelet dès la première écoute tout en faisant grincer les cervicales sans qu'on ne s'explique vraiment pourquoi. Du hit à portée radiophonique en force donc. Ou encore « Tyler's Song », petit mid-tempo qui touche malgré son indubitable côté gnangnan. Et autres passages sous-accordés ne pouvant que plaire aux fans de Korn tant le fait d'assagir quelque peu le propos souligne toute l'influence que la bande à Jonathan Davis a pu avoir sur le Fafara modèle jeune pousse.

 

Malheureusement, Chamber Music est doté de son côté obscur qui se résume surtout par le choix de son format : seize titres s'étendant sur presque une heure. Si la recette déployée sur ce second méfait n'est pas désagréable en soi, elle aurait sans doute gagnée à être plus concise en morceaux et en temps de jeu. Chamber Music s'étire tellement que ça ne fait que montrer les limites de la direction musicale qu'a voulu emprunter Dez et ses acolytes en 1999. Jusqu'à un point hautement préjudiciable que le bon se retrouve noyé dans le dispensable aussi poussif que répétitif. Si ce n'est carrément le mauvais goût avec « Shock The Monkey » où Ozzy Osbourne se tape l'incruste, puant davantage l'union de connivence bassement mercantile que celle d'une collaboration purement artistique.

 

Si d'un point de vue stratégique, au vue de l'évolution musicale de Coal Chamber, Chamber Music se révèle cohérent dans sa volonté de s'inscrire dans la transition logique entre l'éponyme et Dark Days, ce dernier se révèle malheureusement si long et maladroit qu'il en devient très moyen. Dommage car il aurait juste suffit d'enlever quelques titres pour une durée totale n'excédant pas les 35 minutes pour être autrement plus convaincant et que le positif qui en ressort soit mieux mis en valeur. Après, bien entendu, cela n'aurait pas hissé Coal Chamber à un statut référentiel mais il aurait au moins conservé une place bien en haut du panier des outsiders.

photo de Margoth
le 12/11/2017

4 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 12/11/2017 à 10:04:49

Très bonne chronique, ne serait-ce que pour le rappel historique.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 12/11/2017 à 12:20:26

Un seul titre potable sur toute leur disco : LOCO.

sepulturastaman

sepulturastaman le 12/11/2017 à 17:11:51

Même en écrémant sérieusement la playlist ce disque restera plat : les arrangements pour se ventouser au moule de l'époque ne vont pas du tout à Coal Chamber, on attend pas de ce groupe des arrangement plus ou moins (faussement) sophistiqués, on veut juste entendre un néo bas du front, direct cash ; enfantin.
Que ça nous fasse gigoter du popotin en se resservant une limonade, mais là c'est mou ouatteux, quand ça pète dans les morceaux on dirait un enfant qui shoot dans le lego de son copain, il est ou l'effet euroNCAP du premier disque ? Il n'y a pas de pêche les croassement de Dez sont nuls, les passages en voix claire sont là pour nous rappeler qu'on ne demande pas à Dez de faire du J.Davis, ou imiter Chino.
Puis reprendre l'ambiance "teenage horror movie" qui habille ce disque déjà quincaille sur péloche n'est pas la meilleure idée, et ça non plus Coal Chamber n'a pas l'habitude d'avoir des idées alors quand elle sont déjà mauvaises ailleurs chez eux ce n'est plus plat mais creux.

Le combo "Untrue" "Tyler's song" sont deux purges "service après vente mtv bonjour". Le morceau avec Ozzy est risible et pour une fois Ozzy n'est pas le seul coupable.

Puis la pochette quoi remplacez l'ange par un demon, le violoncelle par une épée et bienvenu dans le fabuleux monde du power/heavy/teutonic/speed/tradi-metal.

Puis en 1999 Il y a eu 1 disque néo qui à bouffer toute la couverture médiatique : le knot.

Et même le fait que tu notes le petit côtés légèrement soupoudré à l'indus allégé en machine ne modifie pas mon avis 20 ans après.

A repêcher : "Feed My Dreams" "My Mercy"

Ruben

Ruben le 30/06/2018 à 08:42:35

C'est Aime Echo qui chante sur "My mercy" et non pas Rayna Foss Rose

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