Coffin On Tyres - Red

Passez – moi l’expression, « Mais où est l’arnaque ? » La bio renseigne que le groupe s’est formé en 2008. Pas possible, car d’emblée, on sent ici que l’on a affaire à de vieux briscards. Voyez, ce n’est pas le groupe de Ludo qui joue dans son garage – ampli sur 12- un accord depuis 15 jours et qui a envahi Myspace avec des tonnes de bavardages ineptes et 38 000 amis. Dieu que nous sommes loin de ça. Nous avons à faire à des gens lettrés, des connaisseurs. On ne sort pas une intro aussi orageuse comme "Time Machine", sans avoir parcouru son lexique Masters of Reality sur le bout des doigts. C’est sans doute là aussi que les esprits un peu chagrins trouveront à redire. Depuis que Queens of the Stone Age a radicalement démocratisé le genre - Stoner - ;  il est difficile pour les groupes qui s’y mettent de se détacher, aux oreilles des auditeurs, oubliant du coup les précurseurs. Tiens, ça me rappelle le - Grunge - , voyez- vous, Nirvana gommant Melvins (mais là c'est raté), Malfunkshun, Green River, et Screaming trees de la page blanche jetée négligemment sur le pupitre.

En 2010, Coffin on Tyres  n’invente évidemment pas le genre, il ne le réinvente pas non plus. A la première écoute complète, l’album se révèle agréable, accrocheur dans certains  passages. Drôle de sensation, comme si on passait à côté de quelque chose. Deuxième plongée dans le « rouge » et nous sommes emportés par la voix. Certes les parisiens (hé oui) jouent bien, très bien même mais c’est la puissance dégagée par Geoffrey Codant qui emporte le tout. Dans un registre parfois proche de Pepper Keenan (plus que Karl Angell), le chanteur impressionne.  "Red", le morceau éponyme, son vis – à – vis "Winter of Life",  plus loin "Safe Place" ou "Obstructed" prennent des allures de classiques instantanés. "Mexican Standoff" idéalement placé en seconde entrée de jeu se révèle être un titre d’une efficacité rare, mélopée brumeuse, tout en décadence avant un final rugissant. Pour votre I-pod, à glisser juste derrière le "Brotherhood"de Los Disidentes Del Sucio Motel. Voilà une idée pour un plateau bien comme il faut. Promoteurs vous savez ce qu’il vous reste à faire.  Si Los Disidentes Del Sucio Motel transpire l’humour et le décalage, Coffin on Tyres est plus rugueux.

Coffin on Tyres est une preuve de plus de la grande forme que tient le « Stoner » dans l'hexagone.

Eric D-Toorop

le 22/11/2010