Compilation - Combat Nasal vol.2

En avril, ne te découvre pas d’un fil. Et reste bien emmitouflé dans ton cache-nez pourrait-on ajouter… Parce que c’est tout juste à l’orée du mois de Pâques, la veille de la chasse aux poissons clown, que sort le 2^nd volume de la compilation qui a du flair: Combat Nasal. Toujours aussi passionnés et indépendants (ni label, ni mag, ni site ou communauté qui les pousserait aux fesses), Arno Strobl et Cyril « Mazak » Beze ont accompli encore une étape dans la quête de l’excellence et de l’inédit qu’ils mènent tambour blastant. Et cette fois encore les deux compères nous ont taillé un boulevard dans la jungle du web afin que l'on puisse accéder sans effort aux perles insoupçonnées (puisque les labels et nous autres étions passés à côté) que recèle l’undeground métallique mondial. Et même pas la peine de laisser une pièce aux guides: la visite est gracieusement offerte!

13 nouveaux titres, 13 nouveaux groupes, avec cette fois seulement 5 formations issues de nos vertes contrées – comme quoi on ne pourra même pas soupçonner le duo à l’origine de ce combat de narines de faire dans le chauvinisme béat – pour un nouveau volume qui a sa personnalité bien à lui, malgré une constante: la très haute qualité du matériel proposé.

Première différence marquante – et sans doute pas le plus gros atout de ce volume 2: là où le tome précédent démarrait sur les chapeaux de roue avec l’un des tous meilleurs titres du lot, ce nouvel épisode commence avec ce qui est – pour moi hein, ne perdons pas de vue le caractère subjectif de l’exercice chroniquatoire – le titre le moins marquant de la tracklist, à savoir le brûlot modern-power-core des danois de Vira, qui est tout de même relevé de sympathiques pointes de thrash et de mélodeath.

Deuxième caractéristique du nouveau-nez: un penchant encore un peu plus marqué que précédemment pour l’école « modern metal » qui fait les beaux jours de la Klonosphere. On retrouve donc ici une bonne proportion de combos évoluant carrément dans le style (Clampdown) ou qui effectuent des emprunts évidents au genre (Vira, Hord, Look to Windward).

Troisième tendance forte: la mise en avant de groupes nettement « sous influence » (malgré les éventuelles apparences, ne cherchez pas ici d’ombrage péjoratif à mon propos, vous n’en trouverez pas). On replonge par exemple avec bonheur dans le Scarve des grands jours sur l’excellent titre de Hord (qui élargit néanmoins ses horizons en directions de Fear Factory et Textures). Avec Avoidant on déguste goulûment un grand cru Deicide, vindicatif, inspiré, mais aussi mélodique et surprenant, notamment sur un final apaisé. Sur le très bon Pantera-like metal de Zerozonic, on s'offre carrément une cure de jouvence, d'autant que le groupe ne se prive pas d’incorporer à sa sauce des influences death/thrash, « modern metal » ainsi qu’un peu de folie raffraichissantes. Et ce sont enfin les serbes de Space Eaters qui nous rendent une copie, non pas carbone, mais couleur d’une fusion thrash teuton / thrash US où sont allègrement mélangés Destruction et Testament.

Pour contrebalancer cette dernière observation – que certains ne manqueront pas de pointer d’un doigt négatif –, sachez que ce volume 2 met également en avant des formations à la personnalité et au talent aussi impressionnants que peut être leur capacité à défricher des  territoires inexplorés. Ainsi Look To Windward combine de manière singulière la rythmique et l’aération d’un Textures aux élans angéliques d’un Devin Townsend, tout en appliquant un nappage légèrement cyber et en mariant habilement le nerveux et le ouaté. Les américains de Circus of Dead Squirrels proposent quant à eux une version indus du metal de Carnival in Coal, et l’intègrent dans une mise en scène hollywoodo-cartoonesque que ne renierait pas Mike Patton. Et de son côté, Pryapisme excelle dans un metal instrumental bigarré truffé de disco kitch, d’ambiances spatiales, et d’une profusion d’instruments divers et variés. Oui c’est ça, vous pouvez tracer un parallèle avec Chrome Hoof, il y a de ça en effet.

En ce qui me concerne, les meilleures ondes envoyées par ce 2^nd volet proviennent de Looking To Windward, Hord, Circus of Dead Squirrels, Clampdown (l’autre gros espoir de la French School of Modern Metal aux côtés de Om Mani) et Pryapisme. Mais TOUS les groupes valent le coup d’oreille, que ce soient les Witchburn et leur côté 4 Non Blondes blues-métallique à la rage tranquille (l’OVNI de la compil’, un peu comme Worfood sur le volume 1), Insain et son brutal death US à la rigueur toute polonaise, Drawers et son amour pour le metal trempé dans la sueur, la boue et le whiskey, ou encore Wellspring et son heavy black rugueux mais mélodique, qui rappelle un mélange de Thy Serpent, Sentenced (période Amok) et Diabolical Masquerade (mais avec un chouette batteur par contre).  

Bref, cette fois encore Combat Nasal Vol.2, c’est gratuit, c’est excellent, ça va vous ouvrir les yeux comme les oreilles, alors allez me télécharger ça sans attendre, ouste !

Cglaume

le 29/03/2011