Crash Contact - La Meute

Chronique Maxi-cd / EP (17:46)

chronique Crash Contact - La Meute

La fusion rap-metal est à mon humble avis de vulgaire chroniqueur un des styles les plus délicats à aborder pour un groupe de musique. Il lui faudra doser avec maîtrise la quantité de chacun de ces deux styles qui n'auraient a priori pas grand chose à faire ensemble (l'éternelle guerre stérile Rap Vs Metal) mais qui a posteriori peuvent se muer en une efficiente symbiose.

De plus en plus délaissé depuis sa création à la fin des années 90, gâché par des groupes que la bienséance m'empêche ici de citer, j'avoue avoir laissé tomber la possibilité de trouver un digne représentant de ce style pourtant tellement bon.

Et puis, un jour, tu ouvres ta boîte mail et tu as un petit bassiste qui te demande gentiment si tu peux pas chroniquer le petit EP de son petit groupe rennais, Crash Contact, formé en 2012. Un EP vite fait (en 5 jours), dans un petit studio (B-Blast Records).  Le genre de mail sympa d'un débutant de l'auto-promo, tout en tout franchise et sans discours marketing bullshiteux, ça en est presque mignon. Le petit bassiste insiste même pour t'envoyer une version physique de l'EP, alors tu l'imagines fier de son objet, du pressage, de la pochette. Mais bon, tu as tes préjugés (ineffables) et ton expérience (ridicule) et tu t'attends à recevoir une démo améliorée, avec un son tout juste correct.

Quelques jours plus tard, coincé entre le prospectus de Pizza Pronto 93 et ta misérable feuille de paie (qui t'empêchera de commander la Pizza 6 fromages taille senior avec supplément nutella de chez Pizza Pronto 93), tu entrevois le pli contenant la fameuse galette (accompagnée d'un gentil message), tu la mets dans ton lecteur CD et là, tu te prends une bonne grosse claque dans la tronche dès la 5 première secondes de l'album (et tu oublies complètement Pizza Pronto 93). Et ça va continuer comme ça pendant les 17 minutes de La Meute, sorte de brûlot qui mélange habilement hardcore, métal du début du siècle et rap.

Crash Contact est loin d'un Smash Hit Combo ou d'un Enhancer poussif, d'un Krav Boca plus fortement ancré dans le west-side hip-hop. On les imagine plutôt partager l'affiche des strasbourgeois de GHB ou des plus violents de chez Rise Of The North Star.

Les riffs de guitare sont velus, groovy, hyper efficaces et entraînants. Rien d'original, mais les progressions rythmiques et harmoniques sont parfaitement construites et fonctionnent à merveille. Il y a des pêches quand il faut, des petits passages breakdownesques quand il y a besoin, des chorus plus aériens pour ventiler la pièce (musicale) de temps en temps

 Les deux chanteurs assurent complètement dans leurs registres respectifs, rappés pour Lori et saturés pour Sam (dont la puissance est assez bluffante et m'a rappelé Guillaume Bideau de Scarve (et, ouais, j'assume complètement cette comparaison). Chacun trouve et je dirais même plus sait prendre sa place pour compléter le travail de son compère vocal. Les alternances de français et d'anglais passent nickel alors que là encore, l'exercice est difficile et peut souvent tourner au ridicule.

La basse fait carrément le job (le couplet d'"Under Control", c'est yummy yummy in my tummy) et avec sa bonne amie la batterie, elles soutiennent parfaitement le tout.

Le potentiel des titres pour en concert est énorme, on imagine tout à fait une fosse qui jumpe dans tous les sens et une arrière salle au moins en train de headbanguer sinon plus.

Enfin, le mixage est parfait: équilibré, hyper énergique et sans faiblesses. Bluffant pour un EP produit dans des délais aussi court.

Côté écriture, les textes sont plutôt léchés et inspirés, scandant à la tronche de l'auditeur quelques réalités bien tristes sur un monde pas vraiment philanthrope et ce, à grand renfort d'assonances et d'allitérations qui s'appuient parfaitement bien sur la musique. Ce n'est pas encore parfait, et il y a parfois peut-être quelques facilités d'écritures, des choses vues et revues mais il faut avouer aussi qu'il y a des formules qui fonctionnent tellement bien qu'il ne faut pas non plus se priver de les utiliser. Quoiqu'il en soit, on sent le très bon vin sous réserve d'un peu plus de maturation et si facilités d'écriture il y a parfois, cela s'oublie bien rapidement et n'entache pas notre hâte d'écouter un vrai bel album.

 

On se lasse même déjà de l'attendre.

 

On aime: le pari musical réussi d'un style pas évident à aborder, l'énergie, le son, la promesse en live

On n'aime pas: attendre un album prometteur

photo de 8oris
le 21/10/2019

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 21/10/2019 à 20:34:37

Ah oui : bien péchu et bien balancé le titre en écoute !!

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