Craw - Bodies for Strontium 90

Chronique CD album (32:43)

chronique Craw - Bodies for Strontium 90

Il y a peut-être de ça 12 ans, je commençais à m’intéresser à tout ce qui pouvait toucher de près à la scène underground. Tout le monde venait de se prendre The Shape Of Punk To Come et Songs To Fan The Flames Of Discontent dans la tronche, imparable. Au détour d’une soirée, lors d’une discussion entre potes, du genre « je connais plus de trucs en musique que toi et c’est moi qui ai l’attitude », je me souviens qu’un lascar avait sorti que justement Refused ne sortait pas de nulle part (évidemment) et que Craw y était pour beaucoup. Cette réflexion m’avait marqué mais, Craw, c’est un peu l’Arlésienne du hardcore. On en entend beaucoup parler, mais on n’en voit pas beaucoup la couleur : 4 disques en quasiment vingt ans de carrière et la dernière tournée qui remonte à des temps immémoriaux.

 

C’est donc peu dire qu’on n’attendait plus les Craw en 2002, date à laquelle leur dernier album en date, Bodies For Strontium 90 est sorti chez Hydrahead Records. Et pourtant, ils n’ont en rien perdu de leur verve!

 

Craw montre les dents (oui, facile)!

 

À ne pas en douter, le groupe a gardé toute sa virtuosité. Ça joue vite, ça joue fort et surtout précis. La grande ouverture de "Caught my tell" fait office de revue d’effectif avant le grand déballage : plus de 3 minutes d’une intro épique qui nous fait tous les gimmicks du genre, en restant surprenante à chaque revirement. On ne sait jamais quand ça va partir, mais ça va partir. Hell yeah, ça demandait bien 5 ans pour composer ça!

 

Bien loin de leurs précédentes productions signées Steve Albini, excusé du peu, Bodies For Strontium 90 s’inscrit dans la continuité d'un groupe en permanente mutation. On est loin du son un peu sale, sorti du garage et des morceaux qui durent 6-7 minutes. Les puristes déploreront, les néophytes préfèreront ce côté mur du son avec cette énergie punk, tout en urgence (l’album dure 32 minutes). Malgré tout, force est de constater que Craw arrive à sortir des titres qui restent aisément imprimés dans le crâne ("Chop Chop" et "Cars" notamment). Le chant, scandé, phrasé, torturé est vraiment particulier, mais c’est ce qui rend ce groupe reconnaissable entre tous.

Et attachant aussi.

En tout cas, les grattes sont balaises, la batterie est au top (mais, dites donc, ne serait ce pas Monsieur Keelhaul qui tape ? Ah bah oui, je comprends mieux ! Même un lapin Duracell ne tiendrait pas la cadence sur "Sex"). On ne retrouve pas une seule fois la même structure, le principe étant de faire de ta tête la même chose qu’au micro du chanteur : des grands cercles en l’air et BIM! En un enchaînement, Craw arrive du côté où on ne l’attend pas. Voilà qui donne toute sa personnalité à leur musique: un des chaînons manquants entre le noise-rock des nineties et le hardcore moderne.

 

Parfaitement et purement immanquable, Craw arrive à prouver que le rockin hardcore n’est pas un terme galvaudé ni galvaudable. On regrette juste de les voir si rares.

photo de Geoffrey Fatbastard
le 06/03/2011

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