Cyborg Octopus - Learning To Breathe

Chronique CD album (36:26)

chronique Cyborg Octopus - Learning To Breathe

Tout compte fait, si l’on classe « Hors Compétition » les zébulons du Nawak Metal, ainsi que les quelques OVNI potacho-rigolards que l'on croise parfois dans les playlists à cheveux longs (cf. l’emblématique Objectif: Thunes de Ultra Vomit), ils sont extrêmement rares les opus qui, tout en maintenant une vraie cohérence stylistique globale, offrent autant de voyages musicaux distincts qu’ils proposent de titres. Là, tout de suite, sans procéder à un recensement systématique de ce genre de galettes multi-facettes, je ne vois guère que le Spectral Sorrow de Edge of Sanity, le System Overload de HDK, ou tiens: le Domvs Mvndi de Hollenthon, qui correspondent à peu près à ce profil. Ces albums donnent – certes à des degrés divers – l’impression d’aller d’univers en univers, d’ambiance en ambiance, sans pour cela exiger de l'auditeur qu'il jongle avec les touches STOP, EJECT et PLAY.

 

Eh bien bonne nouvelle pour les routards du microsillon: avec Learning To Breathe, il nous tombe dessus une autre de ces agences de voyage du Metal. Quoique dans un registre tout autre que ceux des opus cités plus haut. Enfin... le « registre » en question n’est pas si simple à définir. Car quand on se met ce premier album de Cyborg Octopus dans les feuilles, c’est toute une escouade de genres divers qui vient nous chatouiller le cervelet: Melodeath revu et corrigé par la jeunesse américaine, Modern Prog technique à la Scale The Summit, Mathcore débridé façon Dillinger, Nawak Metal hésitant entre Destrage et Carnival in Coal, Death technique aéré à la Gorod, un peu de tout ce qui brise la nuque en mode –core, Metal néo-classique, Djent de plein air à la Textures, Deathcore technique… On se croirait à la Foir’fouille du gros son moderne! Par contre, non non: ce n’est nullement le bordel. Du tout, vous dis-je. C’est juste que la chose est dense. Et complètement envoûtante. A l’image de cette pochette, d’ailleurs. Ça picote les sens, ça titille les capteurs, le tout en restant fortement oxygéné, et plutôt bienveillant.

 

Alors forcément quand, étalé sur le plan de travail devant soi, on a 2 gratteux virtuoses, une basse qui fait dans le slap aussi bien que dans le moelleux, un clavier qui a des choses à dire, un saxo, des orchestrations, et puis encore un violon tiens, et surtout de pleines bennes d'idées à revendre, comment éviter de tout balancer en vrac dans la marmite et d'obtenir alors un produit aussi inégal qu’indigeste? La réponse des Américains à cette question fait preuve du plus élémentaire bon sens: varier les atmosphères (back to le 1er paragraphe, donc) et bien aérer le bousin, en mettant les guitares au service des mélodies. D’où l’enchaînement ébouriffant entre un morceau d’inspiration néo-classique avec clavecin et dentelles (« Divine Right In D Minor »), une collection de tout ce qui bœute et bute dans le –core (« Shark Pit »), une carte postale Goji-World (« Baptism Of Clay »), et, un poil plus loin, une pure tranche de Nawak funky (« Discobrain! »).

 

Alors certes, il faut quand même quelques écoutes avant de réussir à absorber les 7 minutes de « Data_M1nefield », ou les 8 minutes de « Epiphany ». Et puis c’est vrai: ce duo shriek’n’growl et ces quelques incursions en chant clair trahissent parfois l’appartenance du groupe à la « jeune génération » – celle qui patauge parfois dans l’Emo et le Metalcore. Mais croyez-moi: on est ici à des années-lumière au-dessus de la médiocrité que peuvent évoquer ces étiquettes stylistiques peu ragoutantes (… pour le lapin qui vous cause, tout au moins). C’est que Learning To Breathe est de ces albums qui vous ménagent toujours un ou deux frissons délicieux en cours de morceaux. Tiens: cette soufflante épique lâchée à la fin de « Bitter ». Ces rayons de soleil baignant la Galerie des glaces à la fin de « Divine Right ». Cette brutale irruption de méchants blasts, d’abord Death, puis, plus loin, Grind, sur « Shark Pit »... Rhââ Lovely nom d'un chien!

 

Diversité, Intelligence, Virtuosité, Fébrilité, Abondance: ce sont les mots qui viennent spontanément à l’esprit au moment de résumer les qualités de cet extraordinaire premier album. Et comme cette pépite peut s’écouter pour la modique somme de 0 euro sur Bandcamp (… et, du coup, via notre player en haut à gauche), ne perdez pas de temps: allez vite vous rendre compte par vous-mêmes que je ne vous ai pas raconté de bobards!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: du gros Core qui tâche, du Nawak qui funke, du Néo-classique qui clavecine, tout ça sur un opus virtuose naviguant entre Death technique, Modern Prog, Mélo-machincore et que sais-je encore… Le premier album de Cyborg Octopus va titiller TRES fort la fibre des métalleux qui accrochent autant au Metal technique qu’à Destrage, Protest The Hero et autre Scale The Summit. Label "lapin" obtenu haut la main (... la maîtresse en maillot d... Hum)

 

 

 

photo de Cglaume
le 11/05/2017

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