Daron Malakian And Scars On Broadway - Dictator

Chronique CD album

chronique Daron Malakian And Scars On Broadway - Dictator

Bordel, que l’accouchement fut difficile et douloureux ! Dix ans après le premier album éponyme du groupe Scars On Broadway, une biscotte bien indigeste, le projet musical rebaptisé entre-temps Daron Malakian And Scars On Broadway nous revient avec un second opus, Dictator, sorti en juillet 2018 chez Scarred For Life. Les changements sont de taille, puisqu’aucun musicien du line-up d’origine n’y est présent. Pas même John Dolmayan, le batteur de System Of A Down ! La tuile ! C’est donc Daron Malakian, le célébrissime guitariste de System, qui s’est coltiné les parties de tous les instruments. Ce n’est pas tout : enregistré en une dizaine de jours, cet album politiquement très engagé est en fait prêt depuis … 2012 ! Annoncé pour l’année suivante, rien n’est arrivé. Daron M. n’a eu d’autres choix que de tergiverser pendant six interminables années, avec ce dilemme : revitaliser un SOB en état végétatif ou réinjecter de nouvelles pistes de travail pour SOAD, pourtant bien loin d’envisager à ce moment-là d’entrer en studio ? Ce sera finalement la première option, au prix de modifications qui auront de lourdes implications sur le résultat final. Comme si le projet était compromis, plombé dès le départ. Sentiment étrange…

 

Bon, évacuons tout de suite le problème : SOB = SOAD ? Beeeeeen… ouais et alors !!?? C’est d’ailleurs quand les deux se rencontrent que cet album est le meilleur. Même si les avant-bras taillés à la serpe et les mollets saillants de John Dolmayan font cruellement défaut, de même que la teinte vocale inimitable de Serj Tankian, écoutez donc les excellents "Angry Guru" et "Dictator", ainsi que le « pas mal du tout » "We Won’t Obey". Les compos orientalisantes ("Fuck and Kill", "Never Forget" et "Talking Shit") déroutent un peu, mais ne sont pas inintéressantes. Par contre, Dictator comprend trop de compos mollassonnes, spécialement des ballades rock à papa. "Guns are loaded", associé à des paroles fortes et entrecoupé de riffs efficaces, est le seul morceau soft que je retiendrais. Mais le reste ("Till The End" et surtout le cover "Gie Mou “My Son”", complètement dispensable) est vraiment trop prout-prout. Passer sur les studios de Jimmy Fallon ou de Seth Meyers est-il à ce prix ?

 

Je m’interroge : est-ce bien un album de 2018 ? Le placer deux décennies plus tôt ne dénoterait pas du tout, à mon avis, de l’univers musical de l’époque.

 

Apprécier la moitié des morceaux offerts par ce Dictator, bien que conclu par un bon cover, est finalement bien peu, trop peu dans tous les cas pour emporter totalement l’adhésion. L’impression amère d’un travail inachevé prédomine. Daron M. en est d’ailleurs parfaitement conscient. Quel dommage ! Heureusement, les paroles engagées de cet artiste poly-talentueux, avant-garde vigilante des évolutions les plus inquiétantes de la société américaine, viennent parfois sauver des compos bien trop tendres. Ainsi, on pourrait considérer la première piste de l’album, "Lives", présentée dès avril 2018, comme un morceau frais et gentiment entraînant, à part qu’il s’agit pour lui de souligner avec gravité « comment les Arméniens ont survécu au génocide » et de rappeler que « certes beaucoup de gens sont morts, mais qu’ils y avaient aussi des survivants. C’est un hommage à tout ce chemin parcouru » (interview donnée à Rolling Stone , le 20 juillet 2018). C’est alors que Daron Malakian se déploie en facilitateur, en passeur de mémoire du premier génocide du XXe siècle et réalise ainsi ce que 10 000 profs d’hist géo peinent à faire dans leur classe. Et pour cela merci à lui, merci tout simplement.

photo de Seisachtheion
le 25/02/2019

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 25/02/2019 à 11:26:36

On est en phase sur cet album. Au final c'est quand même un bon petit shoot de SOAD-à-la-place-de-SOAD bien troussé, à quelques petites maladresses près.

Xuaterc

Xuaterc le 25/02/2019 à 13:09:09

ah ah, ça y est j'ai démaqué la personne qui se cache sous le pseudo "Seisachtheion"

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