Death - Individual Thought Patterns

Chronique CD album (38:46)

chronique Death - Individual Thought Patterns

Les fans de Death période "velours et dentelles" vous le diront d’une seule voix: c’est sur Human que le groupe a véritablement atteint la pleine maturité de son art. Eh bien laissez-moi vous dire que même lorsqu’il commence à être gouleyant, 2 années de plus à vieillir en fût de chêne donne au Château Schuldiner encore plus de cuisse, de puissance, de complexité et de richesse. La cuvée Individual Thought Patterns est en effet un pas de plus vers l’asymptotique perfection musicale, et si sur son prédécesseur on distinguait encore certains morceaux ressortant du lot, le 5e millésime de ce très grand cru n’est plus qu’une longue et homogène parenthèse de béatitude ininterrompue, une succession de montées en puissance, de trouvailles mélodiques, de savants équilibres et de démonstrations de savoir-faire exemptes de tout effet vulgairement tape-à-l’œil (Parental advisory: explicit Death worship)

 

Individual Thought Patterns est de ces albums qui parlent directement aux émotions de l’auditeur, qui jouent avec son imaginaire et sont autant couleurs et sensations que sons. Au risque de perdre fortement en impact à cause d’une comparaison à mille lieues des standards habituels de la bulle Metal Extrême, laissez-moi vous dire que lorsque cet album déverse ses décibels dans le creux de notre oreille, on se retrouve propulsé dans les moelleux fauteuils d’un bar à cocktails, lumière tamisée, en train de déguster en aveugle une sélection des meilleures spécialités du chef. Successivement émoustillés, très agréablement surpris, puis accédant rapidement à un état à mi-chemin entre ivresse et plénitude toute-puissante, on navigue dans un état second, abreuvés en continu par une fantastique succession de saveurs subtiles mêlées à de puissantes coulées métalliques, les sens interpellés en continu par le talent de maestros qui jouent du velouté, du piment, du miel mais aussi de la violence de breuvages dévastateurs afin de nous garder perpétuellement en altitude, loin au-dessus de la médiocrité ambiante. Voilà, c’est ça Individual Thought Patterns: un vol plané grisant entre ciel et terre provoqué par un shoot de la plus pure et puissante des drogues musicales.      

 

Le secret d’une telle réussite tient en partie dans l’excellence des ingrédients utilisés. Continuant dans l’esthétique et les thématiques mises en place sur l’album précédent, Individual Thought Patterns voit par contre la fine équipe des mercenaires-musiciens se renouveler en partie. Si Steve DiGorgio répond toujours à l’appel, les Cynic boys laissent place à Andy LaRoque (guitariste de King Diamond) et Gene Hoglan (batteur de Dark Angel, et de nombre d’autres groupes renommés depuis …). Si je suis loin d’avoir le bagage requis pour départager les partants des nouveaux arrivants sur le plan du niveau des prestations effectuées (*mode Jacques Martin on* tout le monde est ex-æquo si vous voulez mon avis *mode Jacques Martin off*), il semble évident que Steve DiGorgio a gagné en assurance et/ou en importance, sa basse étant plus que jamais présente et mise en avant dans le mix… Un exemple parmi d’autres: ces ronronnements excellents qui accompagnent les ronds de jambes guitaristiques à 0:20 sur « Jealousy » sont un vrai régal. A noter que, bien que désormais débarquée du vaisseau Death, la team Cynic a manifestement laissé des traces, les touches jazzy et progressives étant toujours aussi présentes sur certains morceaux. A noter également l'extension de l'utilisation des (très discrètes et rares) nappes de synthé, qui étaient apparu dès Spiritual Healing.

 

Côté tracklist, difficile de s’attarder sur un titre plutôt qu’un autre tant l’excellence est de mise de bout en bout, chaque morceau comportant au moins un passage d’anthologie. Néanmoins pour ne pas céder à la facilité qui consiterait en un lapidaire « Il n’y a rien à dire de plus: tout est ‘achement bien », laissez-moi vous jeter en pâture quelques-uns de ces passages qui vous recouvre les avant-bras de poils au garde-à-vous. Pour constituer un échantillon représentatif, on évoquera le duo de guitares-rossignols qui illumine par deux fois « Nothing is Everything » (la 1ere à 0:47) en s’appuyant sur le moelleux de la basse de Steve. Puis on citera la cascade de plans fabuleux qui s’enchainent sans fin sur « Jealousy », morceau dont le refrain fleurit sur un torrent furieux de riffing véloce. Il faudra encore parler de l’ouverture légendaire de « Trapped in a Corner », morceau qui ne vous laissera bientôt plus reprendre votre souffle, et ce dès la marque des 2:01, lorsqu’un solo psyché s’épanouit soudainement sur fond de rythmique pachydermique et pourtant aérienne. La fête s’achève sur « The Philosopher » – 2e  morceau du groupe ayant jamais bénéficié d’une vidéo – qui est le seul à oser retourner dans le passé du groupe pour y puiser un peu de sel old-school – de la lame de fond basique, de l’appel au headbang graisseux – et le répandre en travers d’un morceau essentiellement psyché-prog’ à la Cynic. Le mariage des deux accouche d’un superbe effet de contraste profitant à parts égales aux 2 parties.

 

Individual Thought Patterns, album de metal dans un gant de velours, nous caresse donc les sens tout en nous faisant effectuer une longue série de loopings impressionnants, puisant au passage sans modération dans notre stock d’adrénaline. Cet album renferme absolument tout ce qui fait la richesse et la force du metal en un jet concentré de presque 40 minutes. Vous pouvez bien continuez votre vie de metalhead en ignorant des "incontournables" comme Anthrax, Obituary ou Marduk si ça vous chante, mais à moins de pratiquer l'abstinence masochiste par goût, vous ne pouvez continuer de passer à côté d'une telle merveille…

photo de Cglaume
le 28/11/2010

7 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 28/11/2010 à 10:11:38

Pidji ayant une méchante gueule de bois ce matin, il a interverti les mises en ligne de Human et I.T.P. :))) Retour vers le futur et "Human" un de ces prochain dimanches donc ... ;)

biblu

biblu le 28/11/2010 à 19:29:41

mettre 10/10 à tous les albums de Death ça commence ne à plus ressembler à rien..

sepulturastaman

sepulturastaman le 28/11/2010 à 20:08:51

la discographie de Death comporte bien plus de quatre album. Patientes un peu pour voir la suite.

chucklover

chucklover le 28/11/2010 à 20:58:52

C'etait le premier CD de death metal que j'ai acheté de ma vie, peut être mon album preferé de tout le temps.
Ca fait plaisir qu'enfin quelqu'un en parle de cet album plus que parfait.

cglaume

cglaume le 28/11/2010 à 22:59:40

Tu as raison biblu, j'aurais du mettre des 12/10 et des 11/10 mais je n'ai pas osé ... :) Non sans rire Death fait parti de ces rares groupes à la discographie exceptionnelle. Mais ne t'inquiète pas, il y aura au plus 3 10/10 (SBG n'a eu "que" 9 et "SH" que 8,5, de quoi se plaint-on ??).

frolll

frolll le 20/02/2011 à 10:18:34

« Il n’y a rien à dire de plus: tout est ‘achement bien »
:P

frolll

frolll le 20/02/2011 à 10:18:38

« Il n’y a rien à dire de plus: tout est ‘achement bien »
:P

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