Death - The Sound of Perseverance

Chronique CD album (56:08)

chronique Death - The Sound of Perseverance

Depuis ses premiers pas en terres métalliques, comme à chaque fois qu’il s’en est par la suite retourné labourer les microsillons laser de son soc rageur, Chuck Schuldiner a tenu un cap, inexorablement. Les pieds solidement plantés dans un terreau death metal fertile, l’homme n’a eu de cesse de cultiver la semence Death avec toujours plus de sophistication et de savoir-faire, utilisant pour cela la technique la plus avancée et les experts les plus reconnus en leur domaine sans pour autant sacrifier la mélodie, l’authenticité ou la fluidité sur l’autel de l’élitisme bon chic bon genre. Sur les 3 précédents albums, une sorte d’apogée spirituelle et stylistique semblait avoir été atteinte, les rares variations qualitatives d’une sortie à l’autre – superficielles, quand ce n’est pas anecdotiques – traduisant surtout les réajustements effectués au sein des rangs de la formation (entièrement renouvelés pour ce nouvel opus), tandis que le travail de composition tutoyait le divin à une fréquence franchement écœurante pour la concurrence.

 

Sur The Sound of Perseverance, un pas de plus – oh, léger, du genre qu’on effectue chaussé d'un petit 36 – a encore été fait sur la voie de l’excellence technique pure, tandis que – revers de la médaille et premier mouvement descendant sur le tracé de la courbe de progression du groupe – la grâce qui rayonnait assez uniformément des compositions schuldineriennes voit son intensité légèrement diminuer. A titre d’illustration, le début de « Scavenger of Human Sorrow » constitue une mise en abîme parfaite: cette démonstration un peu gratuite de jonglage percussif est en effet assez vaine, exclusivement technico-technicienne, et en net décalage avec la suite du morceau. Ce travers se répète d’ailleurs à nouveau au début de « To Forgive Is to Suffer ». Petite faute de goût donc, petit écornement d’âme. Rien de bien grave objectivement, mais c'est tout de même révélateur... Allez, puisque nous sommes sur la batterie – attention à ne pas percer les peaux! – précisons que celle-ci, accompagnée de sa sœurette la basse, est plus que jamais mise en avant, aucun instrument ne souffrant d’être en retrait dans le mix' au profit des guitares – comme cela a pu parfois être le cas par le passé –, chaque prestation individuelle étant il est vrai également digne d’éloge (même si la basse n’a pas tout à fait retrouvé l’éclat de l’ère DiGorgio).

 

 

Autre point marquant de ce 7e album, c’est le glissement définitif et d’ailleurs assez brutal des cordes vocales de l’ami Chuck dans les eaux acides et criardes d’un registre franchement aigu – que l’on pourrait presque qualifier de CradleOfFilthien si on voulait être un brin moqueur. Si cette métamorphose passe assez bien sur les sauts périlleux haut perchés de « Painkiller » (Pourquoi, mais pourquoi le dernier morceau jamais enregistré par Death est-il une reprise rogntudju? Oui je sais, "déclaration d’intention", "avertissement", "nouveaux horizons" … Mais quand même!), de manière plus globale, cette nouvelle approche a un peu tendance à caresser les nerfs de l'auditeur à la paille de fer.

 

M’enfin bon, que les aigreurs légères de cette 1ere partie de chronique ne vous fassent pas faire fausse route pour autant: les 8 nouvelles pièces (je ne compte pas la reprise) de la tracklist de The Sound of Perseverance méritent sans discussion possible aussi bien votre temps que vos euros. L’élégance, l’intelligence et la majesté caractéristiques de la « patte Schuldiner » sont en effet toujours au rendez-vous. Si les morceaux ont gagné un peu en longueur (« Flesh and the Power It Holds » atteint 8:25), on y retrouve encore et toujours ces habiles tressages de mélodies enlevées, de parenthèses progressives, de sprints thrashy soudains, de zenitude sereine et d’habiles déhanchés rythmiques, le tout tissé sur des morceaux dont la structure en mode « sandwich A-B-A » offre une assise confortable. Si l'on colle son nez à la tracklist pour y dénicher du détail et de l'anecdote, on observe que « Scavenger of Human Sorrow » et « Spirit Crusher » (le single) réservent parmi les plus impressionnants morceaux de bravoure de l’album, que les soli de « Story To Tell » (miam à partir de 3:01!) et « Flesh And The Power It Holds » (cette partie centrale de folie!) sont tout particulièrement excellents, que l’instrumental « Voice of the Soul » offre un moment de grâce guitaristique époustouflant, tandis que « To Forgive is To Suffer » termine (presque) l’aventure sur un étourdissant déluge de tapping. On a même le droit – grande première si je ne m’abuse – à des ambiances epic-doom sentant bon le guerrier agonisant au début de « Flesh And The Power It Holds » (vers 0:31), celles-ci se fondant à merveille au sein du morceau.

 

Il est cependant un peu dommage que l’on sente parfois comme un flottement dans la brillance de la flamme schuldinerienne, des longueurs (à la fin de « Flesh And The Power It Holds »), un final aux allures de pirouette un peu artificielle (après le tapping de « To Forgive is To Suffer »)  ou encore un fade out à l’effet diluant (en fin de « A Moment of Clarity ») troublant de ternes impuretés la transparence cristalline de ce chant du cygne. Mais la tête de Chuck n’y était semble-t-il plus tout à fait, et on lui restera d’ailleurs éternellement reconnaissant d’avoir clos le chapitre Death sur un album globalement aussi fort, tout en mettant par ailleurs sur pied une nouvelle formation, Control Denied, afin de donner corps à ses aspirations plus heavy et progressives tout en évitant de mélanger les torchons et les serviettes. Relapse ressortant l’album en ce début 2011 dans de nouvelles éditions – allant jusqu’à contenir 3 CDs pour la plus luxueuse d'entre elles –, je ne saurais trop vous recommander de compléter votre cdthèque avec cet album si vous ne le possédez pas encore, Death étant de ces groupes dont le fait de posséder la discographie dans son intégralité n’est pas qu’une lubie de fan fétichiste, mais bien une preuve indiscutable d'un bon goût certain.

 

Saloperie de cancer tiens... 

photo de Cglaume
le 06/02/2011

9 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 06/02/2011 à 12:44:38

discographie (principale) bouclée !!

Ander

Ander le 06/02/2011 à 15:58:47

J'aime bien cet album, pas autant que Symbolic (prod' meilleur, et basse plus en avant sur ce dernier album), même si je le trouve moins inégal. Le chant me dérange pas outre mesure bien que je sois un guttural addict. :)

Mes pistes préférées: Story To Tell, et Flesh And The Power It Holds et son break sombre et lourd au milieu assez inhabituel pour du Chuck!

cglaume

cglaume le 06/02/2011 à 16:04:13

Une petite note, peut-être, Ander ? Je crois me rappeler avoir vu un 7/10 trainer qqpart, non ? ;)

Ander

Ander le 06/02/2011 à 17:58:48

Ouep capitaine!

cglaume

cglaume le 06/02/2011 à 18:16:09

;)

frolll

frolll le 20/02/2011 à 10:22:51

Je vais pas faire l'unanimité mais c'est le plus grand des albums de Death, et, par extension, le meilleur album de Death Metal tout cours
11/10, minimum

R.Savary

R.Savary le 09/05/2013 à 22:45:05

Un peu d'accord avec Froll !
Spirit Crusheeeeeeeeeer !

Fred

Fred le 07/11/2021 à 17:44:31

Pour moi, c'est un album qui sentait la fin... Rythmes agaçants, voix de chuck qui nous fait renouveler notre adhésion au stand de tir et j'en passe des horreurs ! Je n'aime pas, en ce qui me concerne, la carrière du groupe DEATH s'est arrêté avec Symbolic qui n'était déjà plus du death métal !

cglaume

cglaume le 07/11/2021 à 20:01:35

C'est vrai que le feeling n'est plus celui de Symbolic. C'est différent... Mais ça reste très bon (après c’est une histoire de goûts :) )

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