Defeater - Empty Days & Sleepless Nights

Chronique CD album (01:00:02)

chronique Defeater - Empty Days & Sleepless Nights

Ça n’arrive pas souvent, mais il suffit d’une fois. Elle traîne toujours dans un coin, là à attendre le mauvais moment pour pouvoir manger mon cerveau. Je ne parle pas d’un zombie, j’ai lu « Guide de survie en territoire zombie », donc je suis purement et simplement imprenable… Non je parle de cette angoisse de la page blanche. Et là, devant ce Empty Days & Sleepless Nights, je cale.

Pourquoi caler alors ? C’est vrai, Defeater, ça reste du hardcore, ça ne devrait pas être compliqué de causer hardcore quand même ; en plus, cet album tourne en boucle dans la maison, ça devrait être simple. Peut-être est-ce tout simplement dû au fait que la galette du cinq majeur de Boston laisse sans voix. Travels avait déjà fait très mal et là, Empty Days & Sleepless Nights enfonce le clou encore plus profond.

 

Comme dans Travels, Defeater scinde l’album en deux parties distinctes, comme si c’étaient deux EP, deux chapitres d’une même histoire.

Comme dans Travels, Defeater nous replonge dans un concept album, empruntant un mode narratif pour dépeindre une grande fresque sociale.

Comme dans Travels, Defeater a de l’ambition. Pas celle mal placée, celle qui cherche à transcender les genres, quitte à aller à contre courant, vaille que vaille.

 

Il est alors difficile de résumer ce disque épais et lumineux, épique et tortueux. Conçu donc comme un diptyque, l’album nous emmène dans une saga familiale avec, comme toile de fond la crise socio-économique. Le livret qui accompagne le disque est fait comme une véritable illustration de chaque titre, faisant partie prenante d’un tout. Defeater maîtrise tout de bout en bout, à la manière d'une bande originale d'un film noir. Musicalement, Empty Days & Sleepless Nights est un monstre à deux têtes : punk hardcore rageur et folk-blues collant à la peau. Peut-être moins complexes mais toujours autant efficaces, les compositions étincèlent par l’émotion du chant toujours en rupture de Derek Archambault. Ce mec a vraiment quelque chose d’unique. La production, léchée, est un modèle du genre, bien au-dessus des précédents disques. Le groove basse-batterie fait décoller des chansons qui, sans cela, sembleraient parfois être monolithiques. Que ce soit sur des titres typés punk hardcore moderne à la Carpathian, Verse ou Have Heart comme « Warm Blood Rush », « No Kind Of Home » ou « White Knuckles » ou sur des titres lorgnant vers le hardcore noisy à la The Chariot, La Dispute ou Refused comme « Empty Glass » ou « Quiet The Lodging », Defeater ne s’embarrasse pas avec les étiquettes et fait même voler en éclats les barrières du hardcore. Alliant à la fois puissance toute en maîtrise et énergie poignante, le gang du Massachussets réalise donc un tour de force, transformant ainsi l’essai du déjà très bon Travels. Ils vont même plus loin.

 

À la fin de « White Oak Doors » et de son grand crescendo bruitiste se trouvent 10 minutes de blanc (comme une bonus track), finalisant toute cette débauche d’énergie. Defeater va alors là où on ne l’attendait définitivement pas. L’ambiance chargée en électricité des 40 premières minutes est désormais dissoute dans un rayon de lumière acoustique. Le chant se transforme, plus aucun cri, les guitares sont débranchées, la batterie groove avec des balais. On se surprend à se laisser aller dans une folk bluesy empreinte de légèreté. Il y a du Johnny Cash et du Neil Young là-dedans. Du Alice In Chains époque MTV Unplugged aussi (ils ont également un titre appelé « Brothers » si je ne m’abuse). Si Defeater va certes s’attirer les foudres des puristes, les voir si bien se tirer de l’exercice en acoustique, finit par prouver que ce groupe ne manque pas d’inventivité.

 

Alors pourquoi avoir calé devant un album aussi plein que cet Empty Days & Sleepless Nights ? Je me le demande encore, tant il m’a filé une baffe, un direct du gauche. Un discours, une attitude, un groove, un son et des compos qui déboîtent. Peut-être l’un des meilleurs albums de la planète hardcore en 2011. Les zombies ont du mouron à se faire.

photo de Geoffrey Fatbastard
le 21/09/2011

4 COMMENTAIRES

Kurton

Kurton le 21/09/2011 à 16:56:33

Putain d'album. Point barre.

Sam

Sam le 21/09/2011 à 17:12:29

le syndrome de la page blanche, je l'ai eu avec l'incroyable album de Rinoa (qui devrait être en ligne bientôt...) :)

Faut que j'écoute à nouveau ce nouveau Defeater, je suis resté croché sur Lost Ground...

l'ogre doux

l'ogre doux le 23/09/2011 à 12:03:00

Bon album mais un peu lassant sur la longueur donc pas au niveau de Travels et encore moins Lost ground qui reste leur chef-d'oeuvre pour moi!

l'ogre doux

l'ogre doux le 23/09/2011 à 12:33:23

Dear Father est vraiment mortelle!

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