Dezperados - Elephantyasis

Chronique CD album

chronique Dezperados - Elephantyasis

Nous sommes samedi soir au fin fond d'un bled des Etats-Unis. Un état du sud, un état dans lequel les hommes se prennent encore pour des Cow-boys, boivent du whisky à la place du café au petit déjeuner. La semaine s'achève enfin, l'occasion d'aller dans un de ces bars où l'on fume encore en toute impunité, un bar qui porte encore les stigmates de la bagarre de la veille.
La porte à peine poussée les habitués, les poivrots, se tournent pour te dévisager. Tu te poses à leur côté, commande la bière la moins chère. Une jeune serveuse aussi belle que naïve t'explique que ce soir il y a un concert.
Dezperados ?
Avec un nom pareil c'est encore un groupe de mexicains ? Non, des français, des normands qui portent des blousons de cuir, se laissent pousser les cheveux, les laissent un peu gras, ne se rasent que très rarement, et sentent la bière. Des mecs qui auraient dû naître dans un de ces états où il fait trop chaud, où l'on s'essuie le front tout en retirant son chapeau. Bon on verra qu'il y a bien des influences latino-hispaniques sur "In the woods" (jeu de guitare, claquements des mains...) mais ce n'est pas l'aspect principal de leur musique.


Dezperados monte sur la petite scène devant une assemblée complètement désintéressée. Ceux qui jouent au billard jettent malgré tout un oeil au fond du bar. Le chanteur tousse, se chauffe la voix. La batterie tente de réveiller le mec déjà ivre dont la tête va s'écrouler sur sa table.
"Shit machine" reçoit malgré tout quelques applaudissements, un exploit dans un trou malfamé peuplé d'impolis.
La cadence, le petit solo de fin en a convaincu quelques uns... Ailleurs, avec un tel morceau, ils auraient un public déjà acquis.
Le groupe enchaîne, heureux de ne pas avoir dû éviter un lancer de choppe.
"Wallstreet's men" est l'occasion de sortir un solo comme sur la précédente, une voix nonchalante qui sait aussi être rocailleuse, virile, puis y'a même un orgue électrique qui rappelle le son des 70's dans le genre de celui des Doors. Un orgue ressorti sur la fin d'"Ovies aries" accompagné d'une couronne de cymbalettes...
Depuis le début ce chanteur rappelle Josh Homme, comme si le rouquin était son père. Y'a pire comme père.
Sauf que lui peut être sacrément sensuel dans son genre. C'est vrai sur "Ethanol blues" il s'est passé quelque chose. Jamais la serveuse ne m'avait regardé comme ça. Derrière, l'autre chantait avec son timbre le plus grave, les guitares nous berçaient, un clavier laissait une drôle d'atmosphère quand il s'est incrusté avec cette grosse basse qu'on entend depuis le début et qui te dit de foncer avec cette fille...
Ce petit manège devait recommencer plus tard sur "Doppelganger" alors que certains faisaient glisser leurs pouces contre leurs majeurs.


Je vais sortir fumer, le groupe fera peut-être une pause, laisser cette chaude ambiance se refroidir...Il n'en est rien, j'entends au loin une guitare qui débute "M.A.B". Je vais re-rentrer...le southern-rock y'a que ça de vrai ! Une des guitares est complètement malade, tourmentée, l'autre reprend inlassablement le même riff. Je me sens ivre alors que je n'ai rien bu : la musique et ses étranges pouvoirs...
Le pire c'est qu'on n’est qu'à la moitié du concert... Et le groupe se décide à durcir le ton après une introduction traîtrement calme sur "In the woods" : c'est un peu plus lourd, un peu plus lent, un peu plus inquiétant... (id. sur "Fat Boy")
"Ovies Aries" a beau être plus rapide, ce titre n'en demeure pas moins pesant lorsque le chanteur parle gravement, lorsque les guitares sont aussi acérées et maladives à la fois...


Un whisky ! J'aime pas ça, mais la serveuse me l'a offert... Je ne pouvais pas refuser, puis cette musique ("Guru's rules") a le don de me pousser aux gestes les plus virils, je gratte ma barbe de 3 jours, j'enchaîne les cigarettes pour le plaisir de sortir mon briquet Zippo et d'entendre le son d'ouverture du capuchon.
Le groupe peut-être sacrément sombre, sortir un petit riff à Metallica bien saccadé ("Shoot the dreamer"), tout en incrustant un arpège mélodique sur ce même morceau (id. sur "In the woods") s'enfoncer sous terre comme Black Sabbath.
Le groupe annonce son dernier morceau : "Un morceau plutôt lent" selon le chanteur. C'est le moment d'attaquer avec la serveuse..."Dead rain" n'est pas le titre le plus poétique mais l'occasion trop belle...
La clôture de l'album est douce, posée...


Finalement ça n'a pas marché avec la serveuse...elle a refusé de monter dans mon pick-up. Je rentre seul sans le plaisir de passer la nuit avec une femme, mais je n'aurai pas cru non plus que 5 hommes auraient pu m'en donner autant...
Tiens le groupe ne s'appelle plus Dezperados mais désormais Last Barons.
Tout ce que je sais c'est que pour jouer du stoner-rock avec des accents blues, des pointes "hispanisantes, ce sont des rois !

photo de Tookie
le 04/06/2010

1 COMMENTAIRE

kurton

kurton le 05/06/2010 à 21:07:24

Thumbs up!

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