Dirty Shirt - Letchology (2019)

Chronique CD album (31:29)

chronique Dirty Shirt - Letchology (2019)

Initialement j'avais prévu un long préambule à cette chronique, avec moult jeux de mots malicieux, recettes de carottes râpées à la sauge et révélations croustillantes sur les huiles de massage utilisées en mon douillet terrier… Mais après réflexion cela serait allé à l’encontre de l’esprit de l’ébouriffant album qui nous occupe aujourd’hui, et dont l’impérieux message musical est sans ambiguité:

 

« Arrête de tourner autour du pot et JOUIS bordel! » *

 

Carpe that fucking Diem, voilà, c’est ça… Car sur son cinquième album, Dirty Shirt revient avec 9 morceaux plus bouillonnants, plus étourdissants, plus épicuriens que jamais. Et fort de cette grosse demi-heure de convivialité jubilatoire, le groupe réussit l’exploit inhumain de combiner le meilleur de ses 2 précédentes sorties, ceci sans que l’on sente pointer la moindre baisse de motivation ou d’inspiration. Car Letchology est un pur bloc de granit ayant l’homogène excellence et la robustesse de Dirtylicious – sans par contre l’aspect extrêmement monolithique de celui-ci. Au contraire, ce nouvel album s’annonce comme une collection ininterrompue de tubes pétillants cultivant chacun leur propre personnalité, tout comme cela était le cas sur la tracklist de Freak Show – qui, elle, contenait à la marge quelques morceaux un peu moins grisants.

 

C’est bien simple, depuis que j’ai reçu Letchology, pas un jour ne passe sans que j’aille me mettre les tympans en mode « toon bondissant » au son de ce déchaînement de joie de vivre, de cette invitation constante au headbang joyeux, de cette source inaltérable d’énergie et d’optimisme (on en retrouverait la foi en l’homme, ainsi que dans le Metal – enfin si jamais on les avait perdues).

 

Mais tentons de ne pas nous laisser entraîner sur la pente glissante de la chronique hyper-panégyrique, et redevenons un peu factuel le temps de vous donner 2-3 infos:

- Letchology est l’occasion pour Dirty Shirt d’enrôler les 2 choristes déjà entraperçues sur le DVD Folkcore DeTour afin de seconder Rini et Robi derrière le micro. Cela fait donc 4 préposés au chant, oui oui, sans compter tous ces passages où les « Yee Pee! », les trilles enjoués et les sifflets semblent fuser de l’ensemble du groupe

- dans la même logique "Plus on est de fous plus Henri", un nombre plus impressionnant que jamais de musiciens et d’instruments tradi’ se sont invités à la fête. On compte ainsi pas moins de 13 musiciens additionnels, la plupart issus du Ansamblul Transilvania Orchestra ou du Transylvanian Folkore Orchestra, ceux-ci maniant violon, clarinette, saxo, flûte, cymbalum, accordéon, trombone, ou encore contrebasse

- cette fois le groupe s’est permis des excursions en dehors des stricts sentiers de la Fusion Metal / Folklore balkanique, en allant piocher dans d'autres univers musicaux adjacents. On en recause juste en-dessous, en évoquant les morceaux nouveaux.

 

Au-delà de tout ce blablah enthousiaste, Letchology c’est donc avant tout 9 titres solides comme une gueule de bois le lendemain d’un banquet roumain. Avec, pour ouvrir les festivités, « Latcho Drom », frère jumeau de « Ciocarlia » (cf. l’intro de Dirtylicious) qui sprinte comme un dératé derrière une folle fanfare Kusturicienne. Puis la nuque est mise à rude épreuve sur l’indolent et pourtant puissamment moshy « Pálinka » à l’efficacité redoutable (quel final mes aïeux!). Pour sa troisième cartouche, le groupe propose une course-poursuite joyeusement vintage évoquant la B.O. d’un vieux James Bond passé à la moulinette [Ska + gros riff Néo]. Et ce clip mes enfants! Après ça, forcément, on attend la pause douceur… Qui ne vient pas! Penses-tu: « Fake » démarre tout rictus dehors sur une effusion « cabaresque » tout droit sortie de chez Diablo Swing Orchestra! Allez, danse petit, danse!

 

Et la seconde moitié de l’album ne débande pas un instant. Tout au contraire: elle injecte un supplément d’émotion dans ses ébats. Ainsi, s’il regorge lui aussi d'une ribambelle de sifflets, de gouzigouzis d’accordéons et de growls velus, le plus moyen-oriental « Nam Loptam » propose un superbe refrain caressant dont la fabuleuse ascension mélodique met le cœur à thermostat 10. « Hora Lentă » prend la suite en s’annonçant comme un nouveau « Saraca Inima me » (cf. Freak Show)… Sauf que ce morceau séduit bien plus largement grâce à un déroulé mélodique ample, à la production d’un headbang lent mais profond, et à l’adjonction de lignes de flûtiau qui tranchent idéalement avec le gras de la section rythmique. « Killing Spree » est un autre hit en puissance mêlant tout ce qui fait la patte Dirty Shirt – Ska balkanique sautillant, basse bondissante, cordes mélancol-hilares, refrain fédérateur, une petite touche Electro et un peu de Bleuargl. « Nice Song » est une merveilleuse séance de bronzage sentant les bords de Mer Noire, et recelant entre autres pépites de superbes envolées tradi’ (ce Rini, quelle voix!) ainsi qu'une basse au taquet. Puis « Starea Naţiei » se charge enfin de nous servir un dernier verre pour la route en mêlant une fois de plus cœur gros, grandeur orchestrale, parties Metal écrasantes, chant multiple (y compris un peu de Rap), parenthèse tradi’ limite Ska/Nawak (à 2:45) et « Lalalaï!! » enjoués.

 

Du coup, Dirtylicious ayant eu un 10/10 mérité, il faudrait cette fois envisager d'attribuer un 11/10 à Letchology. Sauf que…

 

Sauf que quoi? Cite-moi un loupé ici, un faute de goût! Allez, j’attends…..

 

BIM: 11/10!

 

* Précision: il s’agit ici d’hygiène de vie, pas de pratiques sexuelles. Mais libre à vous....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: troisième chef-d’œuvre coup sur coup (et encore, je ne compte pas le live FolkCore DeTour)! Dirty Shirt se surpasse une fois de plus, sans montrer aucun signe de faiblesse ni de radotage. Sur Letchology, son mélange de Musiques traditionnelles du grand Est, de Metal grassement moshy, d’éléments divers et d’un grand bol de joie de vivre nous rend au centuple l’argent et les espoirs qu’on pourrait y avoir placé. Très honnêtement, il est difficile d’imaginer une forme de frigidité suffisamment extrême pour pouvoir rester insensible à une telle explosion d’intelligence, de joie festive et d’énergie!

 

photo de Cglaume
le 22/02/2019

9 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 22/02/2019 à 13:40:37

Bon il va falloir que je m'y remette, j'avoue que je n'avais pas été convaincu par leur 1er album...

cglaume

cglaume le 22/02/2019 à 14:15:00

Commence donc par là : https://youtu.be/jZnw6hEbgzs

Dams

Dams le 22/02/2019 à 17:07:28

C'est loin le 8 mars....

cglaume

cglaume le 22/02/2019 à 17:11:33

Ça vient, ça vient... ;)

dayedayedaye

dayedayedaye le 25/02/2019 à 16:29:59

Putain merci pour la découverte encore une fois !!!!!!!!!!

cglaume

cglaume le 25/02/2019 à 16:46:00

Et surtout : va voir le groupe en concert. Et si tu ne peux pas, mate leur DVD (vidéo dispo en ligne)

dayedayedaye

dayedayedaye le 25/02/2019 à 18:33:54

@cglaume : Ouiiiiiiii je suis allé sur leur YouTube et j'ai regardé le concert entier je me suis régalé !! Merci ;-)

Winter

Winter le 10/03/2019 à 10:17:28

C'est très dur à admettre mais le lapin a raison... Enorme. Des compos encore plus solides que d'habitude, un très, très gros travail. Et le final de Killing Spree me fait trembler.

cglaume

cglaume le 10/03/2019 à 12:34:02

Vivement qu'ils jouent à Madrid ;)

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