Dog Fashion Disco - Experiments in Embryos

2013: Last Call in Jonestown et From Bethlehem to Oblivion (sous le masque Polkadot Cadaver)

2014: Sweet Nothing

2015: Ad Nauseam

2016: Bellissimo! (sous le masque El-Creepo!)

2017: Get Possessed (sous le masque Polkadot Cadaver) et Erotic Massage (réédition de l’album sorti 20 ans plus tôt)

Pas une année sans que le duo Todd Smith / Jasan Stepp ne donne des nouvelles. Alors forcément, on ne voit pas pourquoi il n'en irait pas de même en 2018. C’est donc sans surprise que, Bam, début juillet débarque Experiments in Embryos. Non non, pas une vraie nouvelle sortie inédite, plutôt la suite du dépoussiérage discographique commencé avec Erotic Massage. C’est qu’en 1998 sortait Experiments in Alchemy, et que le passage à l’an 2000 s’est fait au son de The Embryo's in Bloom. Et qu’ils ne sont pas nombreux ni forcément très jeunes ceux qui ont la version originale de ces 2 condensés de Smart Nawak fusionnant Metal, cuivres et boules à facette avec la classe d’un Mike Patton en tenue de soirée peinant à cacher sa fièvre psychotique derrière un large sourire Email Diamant.

« Il s’agit d’un double album, donc? »

Eh non Manon. Le « Ride the Puppets » de Dog Fashion Disco (« Selling Peace... So What! »? « Killers of the Beast »? « Never Set the Neverland on Fire »?) revisite en un seul et unique tour de piste ses 2^e et 3^e albums, et ce sans pour autant nous léser ou laisser des orphelins sur le bord de la route. C’est que, d’une sortie à l’autre, le groupe a pas mal recyclé. Mais attendez que l'expert-comptable attitré de CoreAndCo vous explique la chose via l'analyse détaillée des tracklistings des 2 opus en question:

Là, vous voyez? Rassurés? Maintenant qu’on dispose de Experiments in Alchemy, tous les titres des albums #2 et #3 sont disponibles sur des sorties plus ou moins récentes. Alors je ne veux plus entendre maugréer au fond de la classe! D’autant que pour que les fétichistes soient heureux, Todd et Jasan ont respecté une certaine logique séquentielle en réservant la « face A » (les 5 premiers titres) au 2^e album, et la « face B » (les 5 d'après) au 3^e. Un vrai bonheur de bibliothécaire maniaque!

Maintenant, pour être honnête, je vous avouerai que je n’avais jamais entendu aucun des 2 albums ici revisités. Ainsi, tout comme avec Erotic Massage l’année dernière, je découvre ces 10 titres comme s'il s'agissait de compositions nouvelles. Et le constat est tout aussi enthousiasmant que pour la « réédition » précédente. Car non seulement on y retrouve l’univers si particulier du groupe, mais les morceaux s'avèrent tout particulièrement savoureux. Alors pour la petite histoire, The Embryo's in Bloom se distingue de son prédécesseur en cela qu’il ne contient pas la moindre trace de cuivres. Cependant 1) cela ne suffit pas à rendre cette sortie 2-en-1 hétérogène (la personnalité de DFD est si forte, il en faudrait plus!) 2) le groupe a inséré quelques discrètes touches de saxo et autres instruments chromés en loucedé sur « God Crisis », « Toothless Dream », « Pervert » (…un peu partout en fait !)... Et ça fonctionne très bien!

De cette compil’ oldie-but-ça-se-voit-pas-et-c’est-sacrément-goodie ressortent avec tout particulièrement de panache le Happy Nawak Metal Ska-ifié « Siddhis », le plus franchement Circus / Nawak que la moyenne « Satanic Cowboy », la pédale wha wha et les pattes d’eph’ de « Sexual Abyss », l’énorme « Toothless Dream » et son couple gratte / orgue 100% badaboumesque, ainsi que le début de « God Crisis ». Le reste est également très bon, mais ne remporterait pas un bras de fer contre cette sélection premium. A noter également – pour tendre vers l'asymptotique exhaustivité critique  – un morceau plus Hardcore cuivré (mais oui) en la présence de « Pervert », et son pendant Bagarre Metal « Albino Rhino ». De quoi rappeler à qui l'aurait oublié qu’on a beau aimer nawaker entre amis, on peut quand même être tatoué et de ne pas manier la batte que sur un terrain de baseball.

Bilan des courses, ce Experiments in Embryos est tout aussi indispensable que Erotic Massage pour les fans de Dog Fashion Disco / Polkadot Cadaver qui auraient loupé les balbutiements fondateurs de cette géniale troupe de trublions. Loin d’être du relookage au rabais de combos juvéniles, l’album contient 10 morceaux vraiment solides qui font regretter une fois de plus que personne n’ose les programmer en France. En attendant les Américains ont évoqué la remise au goût du jour de Anarchists of Good Taste. Pas forcément convaincu que l’album ait besoin de ce passage en version 2.0, on vérifiera tout de même la chose avec plaisir quand l’occasion se présentera.

La chronique, version courte: Copier / Coller / Modifier du bas de la chronique d’Erotic Massage: « Bien plus que le bête réenregistrement des albums #2 et #3 de Dog Fashion Disco, Experiments in Embryo est une exceptionnelle entreprise de réhabilitation qui pourra être prise comme un lifting de génie par les plus vieux fans et comme un putain de nouvel album par les plus jeunes. »

Cglaume

le 05/12/2018