Electric Wizard - Wizard Bloody Wizard

Chronique CD album (43:07)

chronique Electric Wizard - Wizard Bloody Wizard

Quoi de mieux pour se mettre en jambe positivement pour une nouvelle année qu'un nouvel album d'Electric Wizard ? Bon, ok, 2018 sera tout aussi pourri que la fin 2017 qui marquait le début des écoutes de ce Wizard Bloody Wizard, titre clin d’œil au fameux Sabbath Bloody Sabbath de qui-vous-savez. C'est qu'on ne va pas demander à Jus Oborn, ouvertement junkie et ce, de manière plus qu'assumée, de faire trop preuve d'imagination. Et à priori, ce clin d’œil ne lui a pas porté chance quant aux suffrages fort majoritairement négatifs récoltés chez les confrères de la toile francophone. J'en ai d'ailleurs été fort étonnée vu que sur cet album, les Electric Wizard m'ont encore une fois convaincue.

 

Certes, je l'admets : j'en suis bonne cliente de base et ne lui ai jamais vraiment perçu de réelles fausses notes désagréables. Juste des moments moins inspirés par rapport à d'autres, quand bien même ces baisses de régime ne changeaient la donne sur tout l'enjeu de la portée du répertoire du quatuor britannique. A comprendre, de la musique de junkies faite par des junkies pour des junkies : de la lourdeur écrasante sans aucune sophistication, tant dans l'instrumentation que dans les textes, ça se répète inlassablement, et les différentes variations s'enchaînent tellement au ralenti qu'on peine à les discerner. De la même manière que l'évolution musicale globale du groupe d'ailleurs. Mais là où Electric Wizard la fait bien, c'est qu'il arrive à y développer une atmosphère si fascinante qu'elle est capable d'embringuer les plus sobres, l'enveloppant de la même manière que s'il mettait sa tête dans un bocal rempli d'un brouillard de weed, de shit et d'opium, les laissant tout aussi défoncés. Et honnêtement, tant qu'un de leurs albums m'embarque dans cet état de transe – aussi badante soit-elle – sans aller me ruiner chez les dealers vendant n'importe quelle merde coupée, je le défendrai toujours.

 

Mais quand je disais que Wizard Bloody Wizard m'avait convaincue, je pensais qu'il vole quand même bien plus haut que Time To Die qui avait tendance à s'embourber. Alors que les voisins se plaisent à dire que les Britanniques s'y engluaient d'autant plus et, limite, devraient songer à la retraite. A cela, je trouverai ça fort dommage car il semblerait que le fait d'avoir leur propre studio sous la main leur ai donné des ailes. Qu'il faut limite prendre au mot lorsque l'on se penche sur sa mise boîte : après un triptyque d'albums allant dans les extrêmes en terme de noirceur cradingue, Wizard Bloody Wizard paraît comme sorti des cieux tant sa prod', sentant bon les vieilles lampes, se révèle – relativement – lumineuse, le faisant taper d'autant plus dans le stoner. Même si le parti-pris aura de quoi décontenancer tous ceux qui aimaient les périodes plus sales et nihilistes, il ne faut pas crier au loup trop vite non plus. L'aura du Magicien Électrique est omniprésent sur ce septième opus, il n'a donc signé là aucun pacte avec le Divin.

 

Même si on conçoit que ce choix de production rend certains passages plus guillerets qu'ils auraient dû l'être autrement, cela souligne un parti-pris d'accessibilité. Le fait que Wizard Bloody Wizard s'avère certainement un des opus les plus variés – un peu ce qu'est The Wretched Spawn pour Cannibal Corpse que les Britanniques aient pu nous pondre jusqu'à maintenant enfonce davantage le clou. Ce qui ne rend que la rage tourbillonnante que plus pernicieuse : elle vient prendre à revers et finit par fasciner tout autant que dans les heures les plus sombres. Elle se montre d'une manière si fourbe et informe (« Mourning Of The Magicians, nous prenant de plus en plus à la gorge au fur-et-à-mesure de sa progression lourde et désabusée) qu'on aurait tendance à la craindre davantage. Des appréhensions au final vaines tant on finit par se laisser pervertir dans les moments les plus catchy qui feront certainement des étincelles sur scène (« Necromania », « Wicked Caresses »), voire de dévotion (« The Reaper » et son côté cérémoniel d'outre-tombe) faisant passer Ghost pour des vrais guignols dignes de Sister Act.

 

Tout ceci fait que, mine de rien, Electric Wizard parvient à se rafraîchir. Et à échelle toute relative, à se réinventer. Un peu comme si un timide halo de lumière venait estropier une ombre poisseuse aussi fourbe que récalcitrante. S'estomper pour mieux happer, tel est ce qui pourrait définir le mieux ce Wizard Bloody Wizard. Un nouveau cycle qui s'ouvre et semble s'augurer sur une veine créative placée sous les meilleurs hospices. Même si l'on craint quand même que le fait de posséder un studio digne de ce nom ne vienne l'épuiser bien trop rapidement, sans fermentation.

photo de Margoth
le 01/02/2018

1 COMMENTAIRE

gulo gulo

gulo gulo le 01/02/2018 à 17:25:34

Je ne le perçois pas vraiment comme toi, on dirait... mais c'est pas grave, ça fait plaisir de voir qu'il peut même être apprécié pour des raisons différentes ^^

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