Emboe - Colita de Rana - A soundtrack

Chronique CD album (39:03)

chronique Emboe - Colita de Rana - A soundtrack

Colita de Rana se présente comme une œuvre post-rock, une musique instrumentale faite de progressions harmoniques parfois tendues, parfois ténues. Progression et digression, donc. L’album sert de support à un film éponyme de Lata Masud pour 5 titres. Le court-métrage de 19 minutes a bénéficié de promotion en festivals durant quelques mois, quelques semaines sur le net avant de disparaître sur la pointe des pieds. Pour cette nouvelle publication, Emboe a ajouté des pistes de recherche. C’est donc un véritable nouvel album que propose Zéro Egal Petit Intérieur. Le label des Romebuycenight s’impose nettement dans le monde des défricheurs de sons et d’espaces contemplatifs.

 

Première apparition dans ces colonnes pour Emboe, le projet d’Emmanuel Bœuf – guitariste chez Sons of Frida. Les parisiens publiaient l’an dernier un grand disque Noise-Rock dans le sillage des Sonic Youth ou Blonde Redhead. Chronique à lire ici. Présentation bien nécessaire pour les aventureux qui veulent s’essayer à découvrir l’univers limbique d’Emboe.  Cela commence par un non respect manifeste des codes de diffusion et de sorties. Il faut se munir de sa torche d’éclaireur et de sa carte maîtresse pour retouver tous les petits trésors déposés ça et là. Aucun respect de la chronologie. Le présent Colita de Rana se pare, donc,  d’atouts neufs (nouvelle pochette) pour une re-issue sur le label-laboratoire Zéro Egal Petit Intérieur. L’œuvre étant fixée depuis 2009. Les autres bénéficient de la technologie et la magie du web pour faire majoritairement leur apparition en 2010, avec pas moins de 3 sorties dont une compilation 1997-2008 et un disque de Noël !

 

Cela fait quatorze ans maintenant qu’Emboe triture les sons, plaque des ghost-notes amplifiées, provoque des collisions de larsens afin de dénicher l’essentiel, la mélodie ! Pour être précis la digression absolue de la mélodie, en mode bruitiste, organique. Le bruit des phalanges sur les bois ayant autant d’impact que les empilades d’effets. Emboe pratique donc la déconstruction systématique des accords, des schémas, pour en extraire des parcelles d’harmonies avec lesquelles il recrée des ambiances vaporeuses ou agitées. L’effort produit sur cette vraie b.o. est un aboutissement en soi, « a mi hiro querido  (part 1) » est un sommet dans le genre.

 

L’ambiance se veut vagabonde forcément, on parlera d’improvisations, d’accidents sonores. Emboe a un talent assez évident pour faire s’entrechoquer les séquences afin de bâtir son univers onirique. Par paresse intellectuelle, on peut parler de b.o. pour l’ensemble de son œuvre. Attention toutefois à ne pas négliger la recherche évidente de sons. Une autre particularité consiste à ne pouvoir rattacher Emboe à personne en particulier. Emboe fait du Emboe.

Sur Colita de Rana, l’abstraction a une place de choix tout comme la guitare. Des respirations Drones emplissent l’espace chahutées ça et là par quelques croassements et autres bruits de la nature. Les titres plus –consistants- s’appuyent sur quelques notes de piano avant de s’évanouir. Le tout confère à cet album une approche presque picturale et en tout cas favorise la contemplation, qu’elle se fasse depuis votre balcon à l’orée du jour nouveau ou dans la forêt la nuit venue.

Bon voyage.

photo de Eric D-Toorop
le 21/05/2011

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