Embryonic Cells - Horizon

Chronique CD album (39:59)

chronique Embryonic Cells - Horizon

Embryonic Cells, c'est quatre albums en vingt-cinq ans d'existence... Au moins, on ne peut pas dire qu'on soit trop submergé au point que les Troyens soient difficiles à suivre. Et pourtant, voilà un groupe dont le nom me dit vaguement quelque chose sans que je ne m'y sois jamais penchée plus que cela. Mais mieux vaut tard que jamais, la signature pour ce nouvel album avec Apathia Records, dont les oreilles font souvent preuve de bon goût, titille quelque peu à s'y pencher tardivement. Une bien belle opportunité de distribution pour le groupe d'ailleurs, en espérant que cela lui soit bénéfique.

 

A la première écoute, il faut admettre qu'Horizon fait un peu bizarre dans le catalogue d'Apathia, plus prompt à donner de la visibilité à des groupes expérimentaux et modernes, tant Embryonic Cells ne semble pas changer sa recette en place depuis ses débuts. A savoir que leur black metal mélodique et atmosphérique se veut profondément nostalgique, et cela s'étend jusqu'à la prod' qui sent bon la froideur norvégienne des années 90. Rien de bien novateur sous le soleil donc... Ce qui ne l'empêche pas de faire son trou de manière agréable : c'est que finalement, on ne voit plus tellement ce genre d'album dans le paysage actuel des grosses/moyennes sorties. D'autant plus que les groupes majeurs du style de l'époque ont fortement évolué depuis et paraissent par conséquent à mille lieux de ce délire régressif.

 

Il serait en revanche méchant de dire qu'Embryonic Cells n'a pas quelques arguments pour lui : même s'il a finalement peu de sorties discographiques à son actif, il faut reconnaître qu'il possède sa propre griffe. Surtout si Horizon, comme j'ai cru le voir à droite et à gauche, ne bouleverse pas spécialement son monde par rapport aux albums précédents. Cette personnalité s'avère surtout sympathique sur l'équilibrage des divers éléments stylistiques utilisés. On est dans le mélodique qui sait se montrer hargneux (« Don't Serve Your King »), de l'atmosphérique qui sait se montrer épique (le tandem « Horizon... » / « To Horizon ») et du clavier sympho à mille lieues de s'inscrire dans le pompeux tant il est aussi omniprésent qu'il est relégué principalement en toile de fond afin d'apporter densité et nuance à l'ensemble. C'est d'ailleurs sur ce dernier point qu'on viendra houspiller un peu le responsable de la production tant le parti-pris d'homogénéité vis-à-vis de la place des différents instruments ne rend pas toujours honneur aux ambiances dans les passages les plus véloces. Tandis que les passages plus calmes mettent littéralement à genoux (le première partie de « To Horizon », l'excellent « No Boudaries ») tant l'on se rend compte qu'il y a quand même pas mal de boulot d'abattu sur le peaufinage malgré son apparence faussement cheap.

 

Si des comparaisons on devait faire, je penserais davantage aux premières heures d'Enslaved à l'écoute d'Embryonic Cells. Il y règne ce même côté guerrier non dénué de spiritualité. Autant dire qu'on se situe davantage dans la demi-mesure et la sophistication et non pas dans des délires beaucoup plus francs du collier, tels Amon Amarth version black ou Dimmu Borgir au top de son délire black sympho pompeux (et ça ne compte pas leur dernier qui n'a finalement plus grand chose de black bien entendu). Même si, je ne le cacherais pas, les Troyens ne parviennent pas au même niveau que les Scandinaves. Difficile d'ailleurs d'expliquer pourquoi tant cela tient plus du ressenti personnel. Un manque de panache peut-être ? Et de côté un peu incisif dans les moments d'emballement de machine ? Il y a sans doute pas mal de cela. Même lorsqu'il s'essaie dans de nouvelles contrées, puisant dans le sillage de The Great Old Ones (les breaks de « Across The Mountains »), il y a comme une sensation un peu gênante qu'on loupe le coche niveau du côté enivrant qu'il est censé procurer.

 

Cela n'empêche par ailleurs pas qu'Horizon soit un album agréable à écouter de par ce côté old-school authentique additionné à un côté beaucoup plus foisonnant et soigné qu'on ne pourrait bien le croire lors des premières écoutes. Sans qu'il n'aille se hisser davantage parmi les références passées du genre. Ce qui est un peu dommage tant on a l'impression qu'Embryonic Cells détient une sensibilité et un sens du détail qui pourrait lui permettre de nous partager des choses beaucoup plus marquantes.

photo de Margoth
le 05/03/2019

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