Envy - Recitation

Chronique CD album (01:05:58)

chronique Envy - Recitation

 

Et si "Recitation" était une résurrection ? 
Le renouveau d'un Envy bien pâle depuis quelques années. Ou non ! Plutôt d'un Envy qui nous avait habitué à mieux...
Certes, avec "Insomniac Doze", en 2006, qui avait eu l'effet d'une serviette de chloroforme sur le nez pour beaucoup d'entre vous, ou lors du split avec Jesu, Envy était tombé plus bas qu'on ne pouvait l'imaginer pour un groupe de cette trempe...
Mais il y avait des sursauts sur "Abyssal" ou sur le split avec Thursday nous rappelant que les japonais n'étaient pas morts...
 
Alors "Recitation" confirme t-il le bon rétablissement musical d'Envy ?
Si vous n'aviez pas aimé "Insomniac Doze", vous pousserez le bouton Stop assez rapidement. "Guidance" avec son petit clavier et ses ambiances planantes, nous offre un Sigur Ros/Mogwai-like (peu surprenant quand on connait les liens qui les unissent) très lent avec des spoken words féminins...
Quant aux cinq premières minutes de "Last hours of eternity", elles peuvent sembler longues, mais elles nous plongent vraiment dans cet album. Une guitare nous enfonce avec un arpège timide et une guitare post-rock : les grosses ficelles sont là.
Un début qui correspond bien au minimalisme de la pochette jusqu'aux premiers cris qui nous poussent à froncer les sourcils : ces grosses ficelles sont vulgaires, et sont celles d'un Envy qu'on est usé de connaitre avec des constructions qu'on connait par cœur.
Mais là où certains abandonneraient, il faut persévérer.
"Rain clouds running in holy night" remonte légèrement le niveau, et si le chant ne transmet que très peu de choses (hormis sur les spoken words), les guitares (la mélodie) et surtout la section rythmique (avec une batterie très avancée) font un sacré boulot pour donner du relief au morceau dont la construction est plus riche : le rythme ralentit, puis repart avec un chant screamo par deux fois pour finalement finir dans un plus grand calme.
 
Le groupe va s'efforcer de nous surprendre par la suite grâce à un riff catchy comme certains groupes punk nous serviraient sur "Dreams coming to an end".
"Pieces of the moon I weared" proposera un arpège quasi similaire à la 2e piste, mais plus rapidement : et là ça rend tout de suite les choses plus intéressantes : la machine Envy est en marche.
Si les cordes vocales semblent abîmées par les années, les bras du batteur virevoltent et surtout on ne s'attarde pas durant 7-8 minutes.
"Light and solitude", qui a des allures de berceuse, doit également attendre un vrai démarrage à près de 5 minutes, on boudera donc cette piste, qui devient malgré tout explosive sur la fin.
On fera d'ailleurs le même constat sur "A hint and the incapacity" qui dans le même temps laisse place aux fameuses "récitations".
Envy crée du déchet mais propose d'excellents passages dans ses compositions les plus médiocres.
Lorsqu'elles sont associées à une réussite comme "Dreams coming to an end" qui propose :
-Rythme qui ne baisse jamais sauf pour une courte pause de 15 sec. et un redémarrage en trombe avec un batteur qui déroule.
-Chant : entre spoken words et screamo
-Riffs inspirés et prenants
ou un très bon "Worn heels and the hands we hold" qui a tout ce qu'on aime avec de l'émotion à revendre (et cette dernière minute de folie), Envy redevient ce groupe fascinant qui provoque de grands frissons.
 
Si tout cela retombe un peu sur la fin, et même si on reprend les habituelles explosions, les cris reprennent une dimension, portés par une musique toujours pleine de sens et si intense (avec des guitares à la Mono)...
Le mur de la langue s'effondre avec Tetsuya Fukagawa et "A breath clad in happiness" redore un peu plus le blason d'Envy...qui n'a pas fini de nous surprendre.
"0 and 1" pourrait être le morceau qui illustre le mieux la pochette : marqué par de longues pauses imageant l'errance au milieu du néant ainsi que des explosions musicales très fortes et résonnantes avant de s'achever dans une agonie apocalyptique. Envy en viendrait presque au doom tant on se frotte à la lourdeur et lenteur du genre.
Enfin, on boucle la boucle avec "Your hand" qui est dans le même esprit que la première piste (on ajoute juste des cordes pour gonfler la mélancolie).
 
Avec un son parfait, ces 65 minutes ne sont pas constamment passionnantes, mais elles peuvent être touchantes, surprenantes parfois même, mais en tout cas plutôt riches.
Envy n'est pas de retour, Envy avance, vieillit peut-être même mais se nourrit d'autres musiques pour un mélange qui n'est pas si ennuyeux...d'autant plus que les japonais cachent de nombreuses choses dans leur musique qu'on découvre au fil des écoutes. Vraiment, "Recitation" est un bon album.
photo de Tookie
le 14/12/2010

7 COMMENTAIRES

Pidji

Pidji le 14/12/2010 à 09:02:57

Moi qui trouvait ENVY vraiment naze depuis "a dead sinking story", je dois avouer que je prends du plaisir à écouter celui-là ! Le renouveau des japs ?

vkng jzz

vkng jzz le 14/12/2010 à 09:42:35

victimes de leur succès, j'arrive pas à trouver quelque chose de sincère dans leur musique après "a dead sinking story" qui marque le sommet de l'émotivité musicale chez ce groupe... ce que j'en dis après..

fuzo

fuzo le 14/12/2010 à 21:31:23

Certes il y a quelques étincelles de génie sur cet album, nous rappelant le passé glorieux et le pouvoir de fascination du groupe, mais mieux vaut ne pas se passer "All the footprints" juste avant sous peine de trouver ce "Recitation" poussif et fade !

Acolyte

Acolyte le 14/02/2011 à 15:20:34

Tout de même...J'ai chroniqué cet album pour Magic Fire Music, et malgré une note généreuse, j'exprimais un sentiment de perplexité vis à vis du ton donné par cet opus.

Mais j'ai pu en discuter un peu avec quelques amis passionnés par ce groupe autant que moi et il y a vraiment un travail d'écoute pour l'auditeur qui doit le réécouter plusieurs fois pour mieux l'appréhender dans son intégralité. Et franchement, mon "perplexe" je l'ai foutu à la poubelle, je ne peux pas m'empêcher d'écouter cet album au moins une petite fois par quinzaine de jours.

Je ne pense pas que le fait qu'ils jouent sur un tempo croisière soit un problème, aller vite n'est pas une garantie de réussite, en tous cas d'originalité...Et là les petits pères bah ils ont cartonné une fois de plus. Vivement leur venue par chez nous cet été pour ma 4è fois en live ! ^^

The-Haunted

The-Haunted le 14/09/2011 à 00:19:27

fan inconditionnel de all foot et a dead sinking story ... de prime abord il m'avait déçu et pourtant après plusieurs écoutes la magie opère !
Il y a encore quelques longueurs soit mais quel sens du riff et de la mélodie !

ARIGATO

R.Savary

R.Savary le 15/08/2013 à 18:41:04

Certes ils ont ralenti - sur les disques - , pourquoi pas "vieilli", mais de 2005 à 2010 chaque concert à été une grosse mandale dans la gueule.

Tookie

Tookie le 15/08/2013 à 19:06:11

Haaa je n'ai vu qu'un show...en 2007. Souvenir impérissable...

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