Equipoise - Demiurgus

Chronique CD album (1:03:36)

chronique Equipoise - Demiurgus

Test d’aptitude préalable à l’écoute de Demiurgus

 

Les chapelets de solos ébouriffants d’un DragonForce, c’est …

Réponse A: le panard absolu!

Réponse B: sympa, mais à petites doses. Point trop n’en faut.

Réponse C: d’la merde. Les solos c’est d’la merde!

 

Cannibalized de Biomechanical ou Entropy: Of Chaos and Salt de NYN, c’est …

Réponse A: du petit lait

Réponse B: lourd à digérer. Avec beaucoup d’Alka Seltzer et de Doliprane, ça passe, mais limite

Réponse C: d’la merde. Les boursouflures prétentieuses, c’est d’la merde.

 

Les nappes de clavier qui remplissent généreusement l’espace sonore, c’est …

Réponse A: la classe dans la Galerie des Glaces!

Réponse B: à éviter. Aérez-moi un peu vos compos, qu’on respire!

Réponse C: d’ la merde. Le synthé, l’orgue, le clavier, le piano: c’est D’LA MERDE!

 

Si vous avez un maximum de réponses A, inutile de continuer à lire cette chronique: allez directement acheter ce premier album d’Equipoise.

Si vous avez un maximum de réponses B, vous risquez d’être en phase avec le présent papier.

Si vous avez un maximum de réponses C, vous êtes Crom-Cruach et vous trollez la chronique d’un album qui n’est définitivement pas fait pour vous. Allez donc cruster là-bas pour voir si j'y suis.

 

Non parce qu’Equipoise, c’est une bande de petits virtuoses ès Death technique regroupés façon Usual Suspects, avec dans le rôle de Keyser Söze un guitariste répondant au nom de Nick Padovani. Parmi les experts ainsi rassemblés on trouve Hugo Doyon-Karout, bassiste de Beyond Creation, Stevie Boisier, qui growle dans Inferi et sévit jadis dans Vale of Pnath, Jimmy Pitts, qui pianote dans le NYN précédemment évoqué, Chason Westmoreland, qui a palpé nombre de peaux de stars (Hate Eternal, The Faceless, Fallujah, Whitechapel…), plus 2 guitaristes supplémentaires, Phil Tougas de First Fragment / Serocs / Zealotry, et Sanjay Kumar de Wormhole (et ex-Vale of Pnath). Et comme il n’y a jamais assez de médailles sur le poitrail de la formation, en guests ont été conviés Christian Münzner (Alkaloid, Obscura) et notre Julien Deyres national (Gorod).

 

Fin du long générique introductif.

 

La ligne conductrice suivie sur Demiurgus est simple à comprendre: « Plein la gueule de l’auditeur, et à très haut débit SVP! ». Du coup, bordel, qu’est-ce qu’on morfle! Et on écarquille les yeux! Et on essaie de traiter l’information en temps réel. Et on a du mal à y croire tellement il y en a plein partout. La production participe d’ailleurs grandement à faire de ce flux continu de notes une écrasante corne d’abondance, elle qui laisse le moindre pet de souris se faire clairement entendre au milieu du maelstrom. Par contre, est-ce dû à la bataille d’ego qui pourrait exister dans pareil groupe, toujours utile que les (nombreuses!) pistes jouées en parallèle sont toutes mises sur un parfait pied d’égalité. Pas un instrument ne vient parader devant, pas le moindre canevas décoratif repoussé au fond: tout est mis à plat, toutes les individualités croisent le fer les unes avec les autres dans un beau bordel organisé où l’on peine parfois à voir émerger un schéma directeur qui ferait de ces effusions expertes un peu plus que de l’esbroufe de grande envergure. Ah c’est sûr, les plans détaillés de cette grosse heure de musique (arf que c’est long vu la densité de chaque titre!) ont été dressés sur papier millimétré. C’est sûr, pas une goutte ne tombe à côté de la cuvette… Mais ça manque parfois cruellement de ce qui fait un bon morceau: du groove, de la cohésion, de l’instinct.

 

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit: « Sovereign Sacrifices » est TRES impressionnant, avec de vrais moments magnifiques où les doigts des musiciens volettent tel un nuage de colibris au-dessus du cratère d’un volcan vénusien. « Sigil Insidious » est du même acabit, plus rapide que Schumacher et plus généreux que l’Abbé Pierre (avoue: c’est exprès que tu cites 2 morts, non?). Et les exemples de mâchoires qui béent sont encore nombreux sur le reste des 14 titres – qui essaient tout de même de ménager quelques instants de calme via de nombreux interludes et quelques évasions vers des territoires plus flamenc-andalous. Notamment sur « A Suit of My Flesh », plus grosse réussite de l’album, qui a l’intelligence d’aller emprunter à Gorod sa science du mélange mélodico-rythmique.

 

Sauf que malgré les beaux moments et l’admiration que l’on peut porter aux loustics, le trop-plein est vite atteint. Et pas uniquement à cause de la surabondance d’informations et de la complexité des compos. En effet, les nappes de clavier ont leur part de culpabilité ici, celles-ci étant véritablement envahissantes, alourdissant le propos tout en lui faisant perdre en subtilité. Et pour continuer à accuser le même pauvre bougre de tous les mots, on regrettera ces moments où un piano pédant donne l’impression que les membres du groupe vont jouer au golf le week-end (cf. les morceaux introductif et conclusif, ou la fin de « Shrouded »).

 

A l’écoute de Demiurgus, on est donc plus que jamais convaincu qu’un bon exposé vulgarisateur effectué par quelqu’un de pédagogue a toujours infiniment plus d’impact que le discours pointu d’un Prix Nobel. Et que ce qui est vrai pour les sciences l’est également en musique. Pour le coup, si l’on voulait finir cette chronique autour de la ronronnante basse fretless d’Hugo, on pourrait en rester sur un Equipoise 0 – Beyond Creation 1.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: se faire écraser par une énorme masse de notes, se noyer dans un déluge incessant de riffs, peiner à retrouver sa respiration entre 2 breaks, ce ne sont pas forcément que des métaphores à 3 balles de scribouillard paresseux. Essayez donc la corne de [sur]abondance Tech Death appelée Demiurgus, et vous comprendrez...

photo de Cglaume
le 19/04/2019

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