Eugenic Death - Under The Knife

Chronique CD album (38:15)

chronique Eugenic Death - Under The Knife

En musique comme dans la vie : tu as les meilleurs et/ou plus réputés d'un côté, de l'autre les seconds couteaux. Ces derniers qui tentent de racler un peu les restes des os de la bonne barbaque dévorée par les premiers dans l'espoir d'y récupérer quelques miettes de chair. Bon, ok, entre deux, tu as aussi ceux qui ne sont rien et n'ont rien mais ceci est une autre histoire à laquelle il vaut mieux demander à l’Élysée qui semble apparemment en savoir un rayon. Enfin, tout ça pour dire que dans le joyeux monde du thrash mouvance old-school, on rentre pile poil dans ce schéma. Avec son lot d'avantages et tout plein d'injustices. Parmi celles-ci, on pourra parler de tous ces groupes de la catégorie des seconds couteaux qui resteront continuellement noyés dans la masse alors qu'ils proposent un album, certes pas révolutionnaire, mais détenant ce truc hyper important que certaines grosses têtes de file Anthrax pour ne citer que lui – ont oublié en cours de route : la conviction, l'envie d'en découdre. Et ça, quand tu écoutes Under The Knife, le deuxième album des Américains d'Eugenic Death, tu ne peux pas empêcher de le ressentir. De l'applaudir même, en espérant par le même temps les croiser sur la route tant le combo a tout ce qu'il faut dans sa besace afin de vraiment enflammer les pits.

 

Under The Knife, c'est ce genre d'album qui sent bon la fin des années 80, les vestes sans manches en jeans overpatchées, la moumoute à demi-permanentée vissée sur la tête. Qui va piocher à droite et à gauche parmi les grands dans ses influences et caractéristiques afin de proposer un ensemble qui tache bien comme il faut. Ce genre de truc où le seul défaut que tu pourras lui reconnaître, c'est de proposer une recette maintes fois entendue et réentendue... Enfin, encore faut-il le considérer réellement comme une tare vu qu'il le fait très bien, exhibant dans cette linéarité costaude un capital efficacité sans faille. Hormis sur le surprenant intermède hindou, « Hara Shiva », qui déboule sans crier gare dans la surprise la plus totale et qui rend étonnamment bien. Notamment parce qu'on y entend des vieux relents à grands renforts d'une voix féminine orientale sur la conclusion de la piste suivante, « Aghori Sadus », s'entremêlant avec le répertoire basique du combo de façon harmonieuse et troublante. Preuve qu'Eugenic Death a plus de suite dans les idées que le simple fait de jouer la musique rendant hommage et honneur à ses idoles pour le fun ? Peut-être bien...

 

En dehors de ces deux petites incartades, on va piocher pêle-mêle dans un chant musclé typé Chuck Billy (Testament), vélocité perpétuellement de mise avec de la bonne cavalcade rythmique d'une efficacité redoutable (« The Citizen Patrol »), avec cette même volonté de ton fun et léger comme on pouvait l'entendre dans les premiers travaux d'Exodus. Histoire de savoir ménager l'assistance dans la tourmente, la mélodie est omniprésente, disposées çà et là par petites touches via une gratte pas avare en soli et petits tapping bien sentis (« Indoctrinate », « The Devils Tower ») rappelant tour à tour Metallica ou Annihilator, la prétention technique en moins.

 

Bref, tout plein de petites choses et d'attentions qui font qu'on gobe Under The Knife avec une facilité aberrante. Mieux, il y a même un petit quelque chose qui fait qu'on aurait comme une envie de le garder à l’œil. Tant pour une future sortie discographique qu'une éventuelle virée d'Eugenic Death de notre côté de l'Atlantique. Et parmi tous ces seconds couteaux qu'on trouve sympa quand on tombe dessus une fois et qu'on oublie instantanément sitôt le skeud terminé, il faut admettre que c'est quand même un beau compliment.

photo de Margoth
le 05/07/2019

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