Gorod - Transcendence

Chronique Maxi-cd / EP (33:43)

chronique Gorod - Transcendence

Ça faisait facile un an que Transcendence était en boîte, et que la Gorod team piaffait d'impatience dans les starting blocks, n'attendant que l’instant propice et le label adéquate pour venir apporter un peu de miel aux oreilles des mélomanes et régaler les gourmets comme les gourmands. C’est que, âmes en peine qui errez dans les brumes de l’ignorance de la bonne parole Gorodienne, sachez que les bordelais se sont établis en l'espace de 3 albums tout en haut de la hiérarchie death technique, le groupe ayant pour lui d’être le seul – à ma connaissance – à avoir réussi une symbiose aussi experte de l’intelligence mélodique, de la virtuosité technique et du groove sismique. Et en dépit de ces atouts que seuls les fameux 3 singes qui ne veulent ni voir, ni parler, ni entendre pourraient prétendre ignorer, pas une seule écurie d’envergure n’aura daigné prendre le risque de sortir cet EP, il est vrai atypique mais tellement bon. Et on s’étonne que l’industrie musicale soit moribonde! Forcément, en faisant preuve d’aussi peu de clairvoyance (mieux vaut sortir le dernier Andreas et Nicolas, c’est sûr)...

 

Bon alors: qu’est-ce qui pétille dans la pochette surprise Gorod cette fois-ci? Eh bien pour commencer, Transcendence propose de l’exercice classique-et-de-bon-goût avec le raffraichissement d’une ancienne combo', « Earth Pus », qui figure originellement sur Neurotripsicks. Très bonne initiative que de donner une nouvelle vie à ce titre, la couche de vernis apportée faisant gagner en qualité de son ainsi qu'en densité, chaque interstice sonore jusqu’à présent laissé vacant se retrouvant judicieusement comblé, notamment par des nappes discrètes de clavier. On notera aussi une réduction certaine de la durée globale – ceci notamment grâce à un rabotage violent de la fin du morceau – ainsi que l’inclusion de petits décalages rythmiques bienvenus. Miam! Autre exercice classique et de bon goût: le groupe propose une cover song de choix en la présence de « Textures » (de la référence tech-death prog Cynic), initialement enregistrée pour une compilation hommage qui ne verra apparemment pas le jour. Cette reprise montre à ceux qui en doutaient encore que techniquement, Gorod a la très grande classe. On pourra néanmoins regretter que – bien que le morceau ait été légèrement encouillifié et compacté – le groupe colle un peu trop à la lettre à l’interprétation des floridiens. M’enfin allez donc vous frottez à un tel mythe fondateur dans une démarche réformatrice vous... Je vous laisse le soin de panser vos plaies tous seuls après un tel execrice tiens!

 

M’enfin ce n’est pas encore là que la Gorod touch révèle tout son arôme. Ce sont plutôt les 3 autres pièces qui permettent au groupe de planer à 1000 pieds au-dessus du tout-venant death technique. Avec « Blackout Renewed Souls » et « Earth Pus Salvation » tout d’abord, fabuleuses réinterprétations acoustiques des titres de Leading Vision et Neurotripsicks, sur lesquelles Mathieu et Arnaud revisitent de fond en comble – transfigurent faudrait-il dire! – leur répertoire sous le signe de la délicatesse, de la subtilité, des accents hispano-gipsy, ceci via une réorchestration et une refonte rythmique radicales. Ces 2 morceaux feutrés mais forts sont tout simplement exceptionnels, en toute objectivité et ce dès le 1er abord, mais l’impact s’en trouve encore décuplé quand on garde à l’esprit le rendu des morceaux originaux. La pièce maîtresse de Transcendence reste néanmoins le morceau titre qui, du haut de son gros quart d’heure, clôt l’histoire débutée sur le triptyque précédent. Sur cette nouvelle compo’, le groupe alterne les registres (groove reptilien, saccades, mélodie, gros death, plans proggy, magie twin…) et multiplie les interventions vocales, réunissant pour l'occasion Julien, Guillaume, Ross Dolan d’Immolation et Mathieu lui-même, ce dernier jouant du vocodeur pour évoquer aussi bien les cordes vocales digitalisées de Paul Masvidal que celles d'une chanteuse virtuelle qu'on jugerait entendre en milieu et en fin de parcours. Les pics émotionnels de ce morceau-fleuve sont atteints autour de la marque des 7:30, lors d’une leçon magistrale de pertinence et de mordant mélodico-rythmique qui vous fait jaillir la chair de poule comme au contact du souffle divin, puis lors du retour final de ce thème, quand l’épopée se conclut au coin d'un feu crépitant, laissant redescendre doucement la pression... Ce qui suffit à peine à stabiliser nos palpitants à une fréquence de battements raisonnable!

 

Là normalement, si on était dans un T.P. de biolo à disséquer des grenouilles, il faudrait de façon besogneuse souligner à quel point les guitares sont complices et aussi chaleureuses que chirurgicales. Il faudrait dire combien Sam se fend d'une grosse prestation, se montrant plus que jamais sensible et prompt à s'adapter avec à propos aux ambiances plus nuancées développées par Mathieu. Il faudrait parler de Barby qui – sans tirer la couverture à lui – assure comme un chef (cette intervention sur « Textures »!). Il faudrait vanter production irréprochable. Mais considérations froides et bassement matérielles que tout cela, le résultat final étant plus grand que la somme de ses composantes...

 

Alors certes, c'est un fait avéré: je suis un gros fan du groupe. Mais ne vous méprenez pas: ça me rend d'autant plus exigeant, chaque sortie des bordelais étant potentiellement l'occasion d'une déception. En effet la magie à l'œuvre jusqu'à présent est fragile et le feu divin qui brûle jusqu'ici dans leurs compos pourrait tout à fait – croisons les doigts pour que ça n'arrive pas – finir par s'éteindre. Bref ce n'est pas l'aveuglement d'un mouton qui explique la bonne note affichée en vis-à-vis de cette chronique. Non, c'est plutôt l'expression de gratitude renouvelée du fan qui a le bonheur de vivre une idylle musicale jusqu'ici sans le moindre nuage, le talent de ces musiciens exceptionnels et la muse exquise qui souffle à l'oreille de Mathieu ayant permis cette fois encore de renouveler l'exploit. Vous en conviendrez, à moins de s'appeler Coroner, Death, voire Opeth, rares sont les groupes qui réussissent à nous surprendre et à nous rendre heureux avec autant de constance. Mais Gorod est de cette trempe, et cet EP est tout simplement indispensable: ne vous dispensez donc pas de vous le procurer!

 

 

 

La chronique, version courte: un excellent EP qui brille notamment par ses relectures acoustiques et son morceau-fleuve

photo de Cglaume
le 12/07/2011

2 COMMENTAIRES

Ander

Ander le 12/07/2011 à 18:14:07

Achat prévu!

Par contre la partie vidéo a été zappé on dirait...

cglaume

cglaume le 12/07/2011 à 18:19:33

En effet, pas de video ... :/

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