Gutter Instinct - Age Of The Fanatics

Chronique CD album (45:59)

chronique Gutter Instinct - Age Of The Fanatics

Il y a tout juste quelques grosses poignées de semaines, les Italiens de Profanal (qui n’enseignent pas la même matière que Rocco S., non, cessez donc de voir le ma[na]l partout) nous démontraient avec Supreme Fire – leur petit dernier – qu’en 2016 il reste encore possible de proposer du Swedeath qui titille agréablement les capteurs, ceci en faisant bien garde de varier autant que faire se peut les plaisirs, et en n’hésitant pas à aller grappiller quelques éléments décoratifs dans les territoires musicaux avoisinants. Eh bien à écouter le premier album de Gutter Instinct, il semble que cette approche ait largement débordé au-delà des seules limites de la botte de cuir italienne pour être adopté par les natifs du berceau du genre.

 

Parce que si les Suédois excités qui s’agitent derrière ce pseudo de fond de caniveau font bien dans le Death joué à la disqueuse, au milieu d’un nuage épais de copeaux de metal visqueux, la vérité c’est qu’au lieu du groove gras et gadouilleux de fond de marais où errent habituellement les rejetons d’Entombed, c’est plus dans le broussailleux, le charbonneux, le mal occulte (... rien à voir avec Profanal on vous dit!), voire dans le chaotique que ceux-ci évoluent. Car ce Age Of The Fanatics préfère user des froides mélodies du Death/Black (cf. « Bloodstorms », « Bridge of Broken Bones »…) plutôt que du D-Beat des débuts de la scène de Stockholm. D’ailleurs, signe qui ne trompe pas, on trouve du blast sur ces 10 morceaux, pratique pas si courante que ça dans un genre qui, généralement, ne peut pas cavaler aussi vite vu qu’il a les deux pieds profondément englués dans la fange. Du coup, exposé conjointement à ces glaçantes mélodies de givre et à cette épaisseur basaltique, on pense à Necrophobic, voire à Decameron quand tombe la belle envolée riffée qui extirpe « Counter-Culture » de la folle chevauchée qui lui sert d’entrée en matière.

 

Mais Age Of The Fanatics ne se résume pas à cette intéressante dualité Death/Black vs Swedeath. C’est qu’on y observe également un peu de la sauvagerie d'un Cannibal Corpse (au début d’« Age Of The Fanatics », au sein de « No Place For The Cross »), ainsi que la véhémence bicéphale d’un Deicide. Ce qui participe à cette impression de noire brutalité que l’on n’a que peu l’habitude de ressentir aussi frontalement à l’écoute des productions du genre. Et on se rend d’autant mieux compte de cette particularité quand arrive « Death Cult » qui, lui pour le coup, revient à du Swedeath beaucoup plus classique (mais néanmoins extrêmement réussi), ce qui permet, par effet de contraste, de goûter d’autant mieux à la noire et juteuse virulence de nos amis.

 

Moins groovy et pâteuse que la soupe aux grumeaux usuelle servie par les signataires du Left Hand Pacte, la vision que Gutter Instinct propose du Swedeath peut d’autant plus être qualifiée de rafraîchissante qu’elle réussit un heureux relooking de la fameuse pédale HM2 en laissant celle-ci se congeler les miches dans le blizzard des contrées Death/Black. Les amateurs devraient se laisser facilement séduire, à moins d’être vraiment réfractaire à l’idée de voir la Créature du Marais en raquettes, lutter dans la poudreuse contre de monumentales rafales de vent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: si la muse baveuse d’Entombed avait suivi une formation « Messes noires & construction d’igloos » plutôt que « Bataille de gadoue & profanation de tombes », la chapelle Swedeath aurait pu se rapprocher de ce que propose Gutter Instinct aujourd’hui: une épaisse coulée de Death granulo-charbonneuse adoptant régulièrement l’allure des occultes destriers du Death/Black épique.

photo de Cglaume
le 23/11/2016

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 23/11/2016 à 15:15:33

"plutôt que du D-Beat des débuts de la scène de Stockholm" : voilà leur problème principal.

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