Hatred - War of Words

Chronique CD album (1:11:48)

chronique Hatred - War of Words

Comment, en 2016, peut-on encore appeler son groupe Hatred? Parce que dans la famille JeanLucLaHaine, on a déjà les Polonais de Hate, Hate Eternal, Hate Forest (… à l’idéologie pince-à-linge-sur-le-nez), Hate Plow, Hatesphere, Hatebreed, Eyehategod, The Project Hate MCMXCIX, Bernad'Hate Chirac… C'est qu'à force on va finir par en avoir plein les roup'Hate! D’autant que Metal Archives recense déjà 20 formations avec ce patronyme! Alors? "Comment, en 2016, peut-on encore appeler son groupe Hatred", qu’il te demandait le Monsieur? Eh bien c’est simple: il suffit d’avoir 18 ans d’ancienneté – du coup, si ça se trouve, on a été le premier –, et puis d’être originaire de Teutonie – le Metal d’Outre-Rhin n’ayant pas la réputation de chercher l’originalité à tout prix.

 

C’est donc d’un 4e album qu’il s’agit aujourd’hui, War of Words étant l’occasion pour le groupe bavarois de remettre le bout de son médiator dehors, ceci 5 ans après avoir sorti Destruction Manual, le petit précédent. Et bordel je ne sais pas à quoi ressemblaient les skeuds passés, mais l’âge canonique (… si si, pour un groupe) de la formation n’a nullement atteint son envie de s’essuyer les pneus sur nos nuques lascivement offertes. Car le Thrash ici pratiqué est bouillonnant, abrasif, fulgurant, et parfois tellement teigneux qu’on aurait presque l’impression d’entendre une production sud-américaine. Car le son est loin d’être clinique (sans nullement être cradingue), l’aiguille va souvent se loger dans le rouge, et l’accompagnement vocal de ce déluge de riffs est à l’unisson de la furie ambiante, le micro se partageant entre grunt rugueux, chœurs bourrus, et surtout un « thrashriek » venimeux et éraillé, fils de Chuck Schuldiner dernière période et de David Wayne (le Metal Church de The Dark), qui s’offre de fréquentes envolées RobHalfordienne. D’ailleurs ce dernier point explique peut-être ce titre d’album rappelant étrangement le 1er opus de Fight – side-project du Robby en question.

 

Mais la force de War of Words c’est aussi une section rythmique au taquet, et un couple de twins acérées qui ne cessent de briller et de distribuer les coups de canifs. D’ailleurs ce sont elles qui nous accueillent sur le flamboyant début de « D.E.T.Y.S. », fastueux tapis rouge introductif où le groupe nous en colle plein les mirettes sans pour cela avoir recours à un piano lugubre, à des coups de tonnerre apocalyptiques, ou à un extrait malsain de « Mon Curé Se Fait Farcir la Citrouille pour Halloween ». Et dans la foulée de cette « intro » rutilante, nos cousins germains enchaînent 3 missiles brûlants à la suite – « Fuck the Zombie », « Watch the Genocide » et « Chaos » – qui ne laissent aucun doute quant à leur intention de se faire péter la grosse veine de la tempe à force d’excès en tous genres. Et ça paie: à la fin de cette triplette létale, on se dit qu’on pourrait bien tenir là l’album de Thrash de l’année!

 

Sauf que la suite est un peu moins uniformément dévastatrice. Car « Virus » est un peu plus classique, un peu moins excitant, et que son refrain est relativement mouaif. Plus loin « Enter The Halls » souffre à nouveau des mêmes défauts, en dehors du refrain qui est cette fois assez catchy. Enfin c’est le long (13:32!) « Hope – Train of Thought » qui finit de « dé-perfectiser » l’album, ce morceau-fleuve n’étant pas en soi minable, mais les quelques bonnes idées y surnageant étant complètement diluées dans ce long fleuve pas tranquille-mais-presque sans réel fil conducteur. Si la 2e moitié de l’album entache donc quelque peu l’immaculée fougue du début, cela ne doit pas faire oublier un morceau-titre véloce et impulsif faisant clairement partie du haut du panier. Ni « Rise Up » à la toute puissante patate. Ni même « World Turns Black » dont les presque 8 minutes prouvent que, malgré l’écueil « Hope – Train of Thought », Hatred est tout à fait capable de composer un morceau plus porté sur les atmosphères, plus ample, plus développé, sans se perdre dans les tortillons de sa pelote créatrice.

 

Alors c’est vrai: on ne vous poussera pas forcément à dépenser les deniers supplémentaires nécessaires à l'acquisition de l’édition comportant 3 morceaux bonus, ceux-ci étant beaucoup plus quelconques que leurs prédécesseurs. Par contre acquérir l’album dans sa configuration standard me semble un passage incontournable pour les amateurs de Thrash gonflé à la nitroglycérine. Hatred ou ne pas être? Nous on a choisi!

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: War of Words, c’est du Thrash aussi virulent et furieux que s’il était interprété par un gang des favelas dans la bouteille de cachaça duquel on aurait craché… Du moins sur la première moitié de l’album. La seconde est en effet plus nuancée en termes de rythme et de qualité, mais rien qui justifie que les amateurs de Thrash qui arrache la gueule dédaignent le skeud. Oh non!  

photo de Cglaume
le 06/07/2016

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