Havoc Unit - h.IV+ (Hoarse Industrial Viremia)

Chronique CD album (53:37)

chronique Havoc Unit - h.IV+ (Hoarse Industrial Viremia)

Parvenir à suivre le parcours musical des gaziers connus sous le nom d'Havoc Unit est un véritable défi, plus ardu que trouver un soutien sincère et désintéressé au couple Balkany à Levallois-Perret. D'autant plus qu'ils prennent un malin plaisir à choisir des noms de scène différents au fil des années. Pour faire simple, après dix ans de bons loyaux services et quatre albums, certes différents mais tous marquants, les musiciens d'...And Oceans décident de faire évoluer leur groupe vers une entité industrielle. Cette mue prend la forme de deux split CD qui voient cohabiter les deux entités, puis h.IV+ (Hoarse Industrial Viremia), qui nous intéresse aujourd’hui, voit le jour en 2008. Jusqu'en 2013, Havoc Unit vivote sans rien sortir avant que ses membres le dissolvent pour réactiver Festerday, formation de Death Metal, créée avant ...And Oceans (vous suivez toujours?).

 

Oublié, le Black Symphonique siphonné pratiqué par Kenny et sa bande de malades mentaux jusqu'à présent, place à un Metal Indus expérimental doté d'un son des plus intrigants : des guitares que l'on aurait sans problème vu chez Meshuggah, alors que le Black Indus lui offre batterie et claviers. Ces derniers concourent à donner un côté épique à l'ensemble, tandis que les rythmiques assurent son aspect martial et mécanique. Un unique album, mais l'expérience de ses protagonistes fait que l'on a affaire à une œuvre d'une grande maturité, et d'une radicalité larvée. h.IV+ (Hoarse Industrial Viremia) est un disque à l'extrémisme sous-jacent, il n'éclate jamais directement à l'oreille de l'auditeur mais il se répand sournoisement au détour d'un sample, d'un riff hannemannien, un ralentissement...

 

Derrière le micro, jos.f abat un travail monstrueux, sa voix est assez terrifiante, aride, sèche au service de textes complètement fucked-up : il n'y a qu'à voir les titres de chaque chanson, auxquels on a accolé un sous-titre, tous les plus nihilistes les uns que les autres. Je vous laisse la surprise de découvrir de vous-même la teneur des textes (un petit échantillon quand même, tiré de « Man vs. Flesh [Structured Suicide] » :

Inside the void I will give myself control
Inside there is a weak and godless soul
The drops of flesh and the reek of sex-blood
Rape my day and my blank soulless god

 

Plutôt éloignés de thématiques philosophico-psychédéliques en vigueur chez ...And Oceans, non ? Même si on peut trouver quelques charges anti-chrétiennes, en particulier des citations de Friedrich Nietzsche (« The word 'Christianity' is already a misunderstanding - in reality there has been only one Christian, and he died on the Cross. »). La seule éclaircie dans cet océan bruitiste de noirceur extrême est l'intervention lumineuse de Lazare (Solefald) sur « Ignoratio Elenchi [Reversed Genesis] ».

 

Il est bien dommage que cet opus soit resté à l 'état de one-shot, tant on sent que le groupe n'a pas lâché totalement les poneys et en a gardé sous la pédale. Bon, on se rassure du coup avec la publication de Cosmic World Mother après dix-huit ans d'absence. Et, au regard de la grande versatilité de ses musiciens, tout espoir d'un deuxième album n'est pas complètement mort.

photo de Xuaterc
le 26/07/2020

2 COMMENTAIRES

BBB

BBB le 28/07/2020 à 12:25:21

Pas vraiment fan je suis resté scotché dès la première écoute de cet OVNI. Cet album est arrivé sans prévenir, entouré d'un certain mystère, avec une ligne directrice sans compromis. A l'époque fan de Red Harvest, The Amenta, Aborym, ainsi que des anciens (Ministry, Godflesh, Opimum Wound Profile..), cet album est arrivé à point nommé pour moi.

Xuaterc

Xuaterc le 03/08/2020 à 17:42:10

On sort rincé de l'écoute de cet OMNI

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