Hundred Year Old Man - Breaching

Chronique Vinyle 12" (57:35)

chronique Hundred Year Old Man - Breaching

Hundred Year Old Man. Derrière cette énigmatique image d'un homme centenaire se cache un sextet, formé à Leeds en 2015 et oeuvrant sur la scène post-metal. Quelques EPs (trois pour être précis) au travers desquels on découvre une maitrise du genre évidente, les placent sur la scène anglaise et un album « Breaching » en 2018 (GizehRecords) leur ouvre les portes européennes. Ces 57 minutes ont pour fil rouge la dépression (sujet maintes et maintes fois exploré, certes, mais toujours aussi prolifique) ainsi que, fait plus étonnant, les violences domestiques. D'où ce magnifique nom d'album, on ne peut plus adéquat. Effectivement, "breaching" a ce double sens de « brisé » mais aussi « violé ». Analyse.

 

Nous avons ici, comme le veut le genre, de longues pistes étirées, à l'intérieur desquelles s'articulent différentes textures. La piste éponyme de l'album, relativement courte (4 min) tient le rôle d'introduction, sournoisement calme et étouffée. L'ambiance sonore structurée de souffles, larsens et notes saturées en boucle nous rappelle vaguement les rouages industriels, que je ne peux m'empêcher de transposer, à l'écoute du chant écorché de Dave Duxbury, à ceux d'un cerveau humanoïde robotisé. Mon imagination me tuera un jour, j'en suis sûr, mais là n'est pas la question. Toujours est-il que cette impression de pénétrer dans les obscurs mécanismes socio-psychologiques ne me quittera pas une seule fois lors de l'écoute de cet album. Particulièrement sur "Long Wall", caractérisée par sa froideur malgré une production plutôt chaude comme le reste de l'album.

Au delà d'une bonne maîtrise de composition (notoire pour un premier album) à l'instar de "Black Fire" ou l'excellent Ascension clôturant l'album, on remarquera une utilisation importante de samples cinématographiques et audio. Présents sur tous les titres (à l'exception de "Clearing The Salients"), on aurait pu très vite saturer, si ces extraits n'étaient pas subtilement placés et ne possédaient pas une importance structurelle pour l'album comme sur "Cease" ou le discours de Harry Leslie Smith sur "Black Fire".

On termine l'album avec ce chant étiolé progressivement de tous les instruments, nu, vif, puissant et n'ayant au final jamais flanché au cours de ces huit pistes. Sa sincérité n'est plus à démontrer. A l'image de l'album.

 

Au final, HYOM ne réinvente certes pas le genre, mais nous prouve que tout est en place de leur côté: la composition, l'utilisation (dangereuse) de sample et une sincérité à toute épreuve. Attendons donc de voir ce que ce « navire HYOM » peut aller nous chercher pour leur deuxième album. En tout cas, l'équipage est prêt et entrainé.

photo de Vincent Bouvier
le 24/07/2019

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