Igorrr - Savage Sinusoid

Chronique CD album (39:25)

chronique Igorrr - Savage Sinusoid

C’est donc encore possible. Tout n’est pas perdu les copains! A force de faire la démonstration d’un talent éclatant, il est encore concevable de pouvoir séduire les responsables des labels les plus prestigieux, et d’accéder aux scènes des festivals les plus courus. Il n’est, pour cela, pas forcément besoin d’avoir en ses rangs l’ancien bassiste de Judas Maiden, de jouer du Djent Post-Folkcore à l’heure où le genre devient bankable aux yeux des majors, ni de placer le micro entre les mains d’un duo de chanteuses à larges sphères mammaires et pulpeuses excroissances labiales.

 

Ah putain, ça fait un bien fou de réaliser que la talent pur (une pudeur malvenue m’en a empêché mais c’est ridicule: j’aurais dû écrire « le génie »), en toute logique, ça paie. Et il en aura fallu de pleins semi-remorques à Gautier Serre – the man behind the RRR – pour réussir à convaincre les plus hautes instances métalliques que la musique baroque, les zboïngs technoïdes et le Nawak musette, ça peut être gigantesque. Tout comme, en parallèle, pour convertir les Electro freaks au gruîîîk porcin, aux volées hyper-blastées ainsi qu’aux riffs de chauves-souris. Parce que, des fois que vous débarquiez complètement, sachez que les endroits où Savage Sinusoid va vous conduire ne sont pas connus des GPS musicaux usuels. Car en suivant cette boule de bras mouvants (c'te pochette, tu le crois...), vous allez frémir dans des églises lumineuses autour des grandes orgues desquelles se recueillent pieusement des toons fans de Cannibal Corpse. Vous allez transpirer dans des rave parties balkaniques où des blackeux gays roucoulent sous ecsta’. Votre bouche va béer devant des champs de batailles apocalyptiques où une div-alien brise du cristal pendant que l’orchestre qui l'accompagne joue à Donkey Kong.

 

Difficile de se figurer la chose, pas vrai?

 

D’autant que l’on sait pertinemment qu’il est extrêmement ardu de faire coexister des éléments aussi éloignés les uns des autres que clavecin, guitares metal et beats techno sans que l’un d’eux phagocyte ses petits camarades. Et quand bien même cela fonctionnerait au niveau harmonico-rythmique, cela ne signifierait pas pour autant que la chose soit gérable derrière la table de mixage. Et inversement. C’est là que réside le génie d’Igorrr. Car non seulement ce généreux bordel – comment désigner autrement un brassage aussi éclectique? – s'emboîte aussi naturellement que la prise mâle de Raymond dans la fiche de Nadine, mais il débouche de plus sur une expérience sensorielle inédite, celle-ci procurant de ces extases euphoriques que seules peuvent provoquer les découvertes de mondes inexplorés. Et le gratte-papier qui vous cause connait pourtant les 4 opus précédents! Que voulez-vous: impossible de ne pas se laisser attendrir la couenne par cette jubilatoire orgie de sons. Impossible de compter le nombre de fois où les yeux (les oreilles! le cerveau!) s’écarquillent à l’écoute de ce mystérieux miracle musical.

 

Alors oui, il est impressionnant de réaliser que, bien qu’affilié à la sphère Electro, Savage Sinusoid n’inclut aucun emprunt aux bases de données sonores du marché: tout ce qui sort de vos enceintes a été enregistré en studio par Gautier et ses nombreux acolytes. Oui, il serait également dommage de ne pas citer quelques-uns de ces derniers, car aux côtés de Laure Le Prunenec et Laurent Lunoir vous croiserez furtivement Travis Ryan de Cattle Decapitation (Bleuuaargl!), Teloch de Mayhem, Adam Stacey de Secret Chiefs 3, Sylvain Bouvier de Trepalium, ou encore Nils Cheville et Aymeric Thomas de Pryapisme. Oui, mieux vaut ne pas perdre de vue que ces 11 titres ont tous une personnalité propre, et que les aperçus donnés par « ieuD » et « Opus Brain » ne vous auront pas forcément préparés au très Whourkrien ( = Electro-Death gras du mosh) « Viande », ni aux cabrioles Nawak de l’excellent « Houmous ». Mais on préférera insister sur le revigorant reboot que cet opus va effectuer de vos capteurs sensoriels. Ce qui vous fera vivre une expérience comparable à votre première journée dans un grand parc d’attractions, ou vos premières vacances à l’étranger, sans les parents, avec juste quelques billets en poche et un trop plein d’énergie sexuelle.

 

Bref: Hallelujah, Igorrr a renouvelé l’impossible exploit!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: vous le croyez ça? Bien qu’offrant toujours cet exubérant mélange de riffs Black / Death, d’hyperactivité electrobeatée, de chant lyrique, de musique baroque et de nawakeries nombreuses, Igorrr sort Savage Sinusoid sur Metal Blade! Et il le défendra sur scène au Hellfest! Bon sang les copains, ça y est: le gratin du monde de la musique s’est enfin acheté des oreilles!!!

photo de Cglaume
le 17/05/2017

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