Ikebana - Elues Seule

Chronique CD album (27)

chronique Ikebana - Elues Seule

IKEBANA, c’est un salon de coiffure à Bruxelles, une école d’apprentissage à Toulouse. Pour les japonais, il s’agit d’un art floral. Né au Viè siècle, lorsque les moines bouddhistes récoltaient les végétaux cassés par le vent après l’orage, pour les placer dans des vases hauts au pied du temple en offrande à Bouddha. Actuellement l’art floral se distingue par les écoles qui le propagent et l’utilisation des espaces vides pour « habiller » les contenants avec l’agencement des végétaux utilisés. L’attention est particulièrement portée sur le mélange des couleurs, le volume des masses utilisées.  On y retrouve les techniques des arts plastiques : l’architecture pour élaborer la structure du bouquet, la sculpture pour la recherche des formes et des volumes, la peinture pour créer l’harmonie ou le contraste grâce aux couleurs et à la texture des plantes.

 

C’est dans les marais autres que l’on s’enfonce à l’écoute de ce palindrome qui symbolise ce double EP.  S’ils ne sont pas les seuls, les lorrains prennent l’option de ne rien faire comme les autres – comprenez, rien de repris dans le petit manuel illustré de la carrière Rock. Dans la forme, les 2 faces proposées sont trempées dans les eaux vagabondes du post-rock. Le versant studio étant plus ramassé et porté par des vocaux hargneux.  La quiétude ayant une place de choix dans la partie live du diptyque. Pour le fond, c’est presque les mêmes éléments mais on inverse ! Du nerf, il y’en a pour ces extraits de concert diffusés sur le net qui constituent Seules. De la contemplation, on la ressent dans les glissements sur les frettes enregistrés dans l’ouate du studio.

Les connaisseurs expriment que - Pratiquer l’Ikebana permet de se retrouver face à la Nature et face à soi-même: une forme de méditation active qui nous laisse entrevoir un message de simplicité devant ces végétaux par essence éphémères-.  C’est exactement l’état d’esprit dans lequel on se trouve à l’écoute répétée de cet album. Impassible au temps qui passe, à ce qui nous entoure. Les volets sont fermés, un peu comme lorsque l’on plonge sans retenue dans la lecture d’un bouquin qui nous inspire.  A tester, Ikebana devrait être le compagnon idéal pour ce genre d’exercice.

 

En même temps, il serait bien trop réducteur, chers lecteurs, d’imaginer l’œuvre comme une plaque intello (nerd ?) de plus.  Alors que dans un bon nombre de ce genre d’exercice, on assiste à une mise en place très structurée destinée à amener l’auditeur à un état, ici c’est l’émotion qui prime.  Les mélodies écorchées, jetées sur les guitares sont d’une puissance émotionnelle rare et tellement évidente.  On –baigne- littéralement dans l’œuvre sans effort.

Il n’y a aucune raison d’extraire un titre plutôt qu’un autre. On a bien à faire à un ensemble. Les nancéens plaquent leurs accords et tentent de le faire savoir. Cet album comme son prédécesseur  est licence gratuite et donc en téléchargement libre.  Ils ont créé l’association Suntorii, cherchent à se produire sur scène, les supports audios étant accessibles au plus grand nombre et il serait bien dommage de s’en passer.

Entre clarté et saturation, inspiration libre et énergie rageuse, la musique d’Ikebana a toutes les valeurs pour hisser le quatuor à un statut, toujours discuté, de groupe culte. On préférera davantage celui de groupe-phare.

photo de Eric D-Toorop
le 22/04/2011

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