Illdisposed - The Prestige

Chronique CD album (40:27)

chronique Illdisposed - The Prestige

Sur ses deux albums précédents – l’unanimement acclamé « 1-800 Vindication » et le plus-controversé-mais-achement-bon-quand-même-si-si « Burn Me Wicked » – Illdisposed s’était offert une parenthèse expérimentale ainsi que la possibilité d’un succès commercial plus large via les gros moyens de l'écurie Roadrunner. Las, en 2008 le groupe nous revient avec « The Prestige » qui retourne back to the roots, bloody roots vers une musique plus rugueuse, plus poilue, débarrassée des zigouigouis électroniques et autre chant clair pour le plus grand plaisir des intégristes qui n’avaient pas aimé ce visage plus abordable de leur vikings préférés (pour ma part, le groupe me semble aussi bon dans les deux registres, donc no problemo).

 

Changement de cap certes, m’enfin pas si violent que ça, Jacob Batten restant l’unique compositeur du groupe, tout comme cela était déjà le cas sur « Burn Me Wicked ». On retrouve donc une fois encore cette bonne grosse tartine dégoulinante d’un death metal mélodique hyper groovy et puissamment guerrier, qui – au lieu de se la jouer comme ses voisins suédo-mélos main plus ou moins de fer dans un gant de velours – enfile ses mélodies de velours dans un gantelet en titane du genre à broyer de la mâchoire d’ours à mains nues. On retrouve avec toujours le même plaisir les vocaux profonds et rocailleux de Bo Summer, ainsi que ces quelques incursions black qu’il s’octroie encore à l’occasion. On retrouve aussi le marteau pilon de Thomas Jensen, au toucher à la fois détendu et solide, chaleureux et dévastateur, qui offre à ses comparses un matelas rythmique où la double se fait moelleuse, loin du pilonnage blasté systématique de nombre de ses homologues. On retrouve encore cette lead discrète, modeste, légèrement en retrait mais aux interventions toujours justes. On retrouve enfin ces épaisses coulées d'une gratte rythmique massive comme une avancée de blindés en rase campagne, poisseuse comme de la lave d’éponge en fusion et pourtant souple de la fesse et apte à faire swinguer de pleins troupeaux d’hippopotames fossilisés.

 

Bref, pas de surprise ici, juste de l’efficacité, des mélodies catchy portées par une rythmique aux gros biscotos, de bons petits titres ramassés sur 3 à 4 minutes, et ce son poussiéreux et croustillant qui constitue toujours autant l’écrin idéal pour les rauques diatribes du Subwoofer. On se love donc dans l’écoute de « The Prestige » comme le fan d’AC/DC dans chaque livraison de son groupe fétiche, avec facilité et félicité, sans qu’aucune aspérité ne vienne nous gratouiller ou nous titiller là où c’est désagréable. C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on adressera à cet opus: très classique, très calibré, avec une impression de déjà entendu plus ou moins forte, pas franchement de gros hit qui se démarque (allez zou, je me contredis aussi sec avec « … Your Devoted Slave », accrocheur en diable) et – corollaire du tout – une homogénéité qui fait sa force mais aussi sa faiblesse, les titres manquant un peu d’une touche d’individualité, d’un truc qui les différencierait un peu plus franchement les uns des autres. « The Prestige », c’est un peu le cassoulet cuisiné avec amour dans la graisse d’oie: excellent, oui, mais sans finesse excessive, et un peu trop monolithique.

 

M’enfin ne nous y trompons pas: « The Prestige » c’est du lourd. Pas aussi bon qu’un « Submit » ou un « 1-800 Vindication », mais néanmoins bien juteux. Hormis une petite baisse de régime sur « Love Is Tasted Bitter » et « I Believe In Me » – un peu plus mous et ternes que la moyenne – et un « She Knows » pas mauvais mais plus supplémentaire que nécessaire, le groupe ne nous livre que de la bonne marchandise danoise de qualité. Que vous soyez un nostalgique du Illdisposed sans fioriture période « There’s Something Rotten » ou que vous ayez apprécié les charges métalliques groovy et grésillantes toujours présentes sur les albums de la période Roadrunner, vous ne pourrez pas faire fausse route en vous procurant ce prestigieux huitième album.

photo de Cglaume
le 22/09/2010

4 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 22/09/2010 à 10:02:00

C'est assez frustrant parce que je retrouve mon avis du début à la fin de cette chronique !
D'ailleurs avec cette phrase "On retrouve enfin ces épaisses coulées d'une gratte rythmique massive comme une avancée de blindés en rase campagne, poisseuse comme de la lave d’éponge en fusion et pourtant souple de la fesse et apte à faire swinguer de pleins troupeaux d’hippopotames fossilisés." je n'ai pas tout compris, mais je suis d'accord aussi.

cglaume

cglaume le 22/09/2010 à 10:15:08

Comment ça: elles ne sont pas parlantes mes images ??? :))))))))

Tookie

Tookie le 22/09/2010 à 10:26:48

J'ai seulement bloqué sur la lave d'éponge :p

cglaume

cglaume le 22/09/2010 à 10:48:34

La roche basaltique en fusion, c'est pas assez moelleux. De l'éponge en fusion, en plus d'être épais, ça reste groovy ! :)))

Si si, ça va bien, merci ... :)

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