Impureza - La Iglesia Del Odio

Chronique CD album (39:36)

chronique Impureza - La Iglesia Del Odio

 

Anticipant la décision catalane d’interdire le massacre organisé des taureaux en arène, l’Espagne – par le truchement d’Impureza, son ambassadeur officiel en terres orléanaises (à ne pas confondre avec Como Muertos, consul à Sens) – l’Espagne, disais-je, contre-attaque en reprenant l'abattage rituel des tympans par injection décibellique létale. Et quelle offensive, caramba! « La Iglesia Del Odio » (L’Eglise de la Haine si j’en crois les traducteurs en ligne) tape en plein dans les canons tauromachiques, à savoir une certaine recherche esthétique (il y en a qui aiment les paillettes et les collants roses …), les fanfreluches traditionnelles de l’imagerie espagnole et la barbarie la plus cruelle … La différence avec la corrida étant qu’ici, tout ça a du sens et est bel et bien réussi!

 

Après diverses galères ayant repoussé sa sortie pendant pas mal de temps, Impureza propose donc enfin son premier album longue durée, celui-ci prenant la forme d’un manifeste d’evil flamenco death metal, genre dont le groupe est – aux dernières nouvelles – le seul représentant. Vous croyiez avoir fait le tour du mariage de la guitare Arrib’-Arriba et du metal tupa-tupa avec « Zambra », la reprise effectuée par Hacride sur son 2e album? Eh bien soyez prêts à vous prendre une fessée bien méritée bande de mécréants! Ici, les castagnettes et autres tricotages de gratte hispanisante vont main dans la main avec un death metal butal et blasphématoire pouvant rappeler Vital Remains en plus « raw » et plus old school, la furie bouillonnante à l’œuvre n’étant pas sans rappeler les turbulents confrères d’Amérique du Sud – les vocaux éructés dans la langue de Cervantès y étant certes pour beaucoup, mais cette batterie crue et sauvage, et ces guitares au grain poussiéreux complétant idéalement le tableau. Attendez-vous donc à des charges frontales, à du blast débridé et à un épais et houleux matelas de double … Mais cette violence n’est pas incontrôlée: ce puissant torrent métallique déverse ses flots tourbillonnants autour de solides piliers mélodiques savamment décorés d’arabesques complexes et de longs rubans aux couleurs indéniablement méditerranéennes. Pour simplifier une réalité complexe, on pourrait évoquer Nile ou Arkan, chez lesquels on aurait remplacé le couscous et la médina par la paella et les favelas.

 

Le plus clair du temps, Impureza associe donc interventions flamenco acoustiques et death massif, que ce soit en alternant les 2 avec goût (cf. le pingpong acoustico-métallique démarrant à 3:33 sur « Las Iglesias Del Odio ») ou en mêlant les deux de manière inextricable (miam les castagnettes sur fond de furious death à 3:08 sur « Besar La Mano Del Infame »). De plus, contrairement à ses cousins créchant du sud du Rio Grande aux contreforts de la Cordillère des Andes, le groupe varie sensiblement le tempo, passant du lancinant, voire du doomy aux accélérations les plus dévastatrices. Bref, on trouve un peu de tout pour tout le monde ici: Impureza va au bout du concept et nous sert au menu un véritable album de tapas death metal.

 

Mais trêve de bons (?) mots, chaussons à nouveau nos petites lunettes de fouine et prenons le visage grave de circonstance: il est temps de tempérer l’enthousiasme débridé provoqué par ce jeune poulain piaffant et innovant. En effet tout n’est pas rose sur « La Iglesia Del Odio ». Premièrement – et là ça n’engage que moi – les vocaux gruntés en mode hispanique apportent une coloration un peu trop « los simpáticos gringos de la pampa » qui fait à la fois cheap et léger – qualificatifs peu seyant dans ce contexte evil death. Je trouve ensuite que le son de la caisse claire (ou de je ne sais quel espèce de tom, étant aussi musicien que vous êtes neurochirurgiens) fait parfois un peu trop dans le  poc! poc!. On notera aussi que certaines transitions sonnent un brin « fraîches », voire hésitantes, tel ce plan de batterie démarrant « En El Desierto De La Creencia », ou ce retour un peu laborieux vers l’acoustique à 3:25 sur « Las Iglesias Del Odio ». Enfin, certains morceaux me semblent couler moins naturellement, comme un « Besar La Mano Del Infame » globalement un peu plus bas du front que le reste, ou un « En El Desierto De La Creencia » trop plein de lourdes circonvolutions …

 

M’enfin le bilan reste globalement très positif. Impureza s'est engouffré dans une voie insolite et enthousiasmante, riche en juteuses promesses pour les années à venir. J’avoue attendre avec impatience la suite des évènements, et espérer qu’avec une production un chouilla plus léchée (bien que je sois conscient que ce souhait fera hurler la majorité des fans du groupe) et des compositions toujours plus inspirées et encore mieux finies – l’expérience aidant – nos orléanais iront bouter au bas de leurs trônes les actuels pontes de l’exotic death metal cuivré au soleil. 

photo de Cglaume
le 02/09/2010

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