Inga Liljeström - Black Crow Jane

Chronique CD album (44:38)

chronique Inga Liljeström - Black Crow Jane

Black Crow Jane démarre sur quelques notes plaquées et une voix que l'on devine vite vénéneuse et addictive. « The Rain and the Sea » qui ouvre l'album comporte son lot attendu de guitares acérées, de batterie maîtrisée d'inspiration punk. Et de partir sur l'idée d'un disque sympa à la PJ Harvey – époque ma-carrière-est-derrière-moi. « Dogs and wolves » nous ramènent les pieds sur terre ou plutôt nous clouent sur place. L'ambiance est aux cordes tapées, grattées, distorées, tordues, pincées et bon sang, CETTE VOIX ! Alors oui PJ bien sûr, lorsqu'elle tutoyait l'ultime avec To Bring you my love. Il ne faut attendre que le troisième titre « Bittersweet » pour succomber aux douces morsures de la belle. Les cordes du violoncelle nous caressent pendant que des accords faussement blues posent le propos. Nu, nous sommes sans défense devant une telle débauche de maîtrise. L'inventivité prend parfois les détours d'un xylophone affable et la dame nous la joue Bjork en toute simplicité et sans retenue.

 

Drôle de disque pour une artiste qui n'est plus une débutante. Même si elle est à l'entame d'une carrière en Europe avec un pied à terre à Paris. L'australienne d'origine finlandaise (ben oui, on s'en doute un peu) a déjà à son actif un démarrage solo en 1998, un album passé inaperçu en 2005, Elk dont Youtube nous gratifie de vidéos. En 10 ans, elle réalise 4 albums et sort un DVD, appelés à devenir cultes tant on a l'impression que tout ce que touche l'artiste se transforme en or. Riche de cette expérience, de sa connaissance du studio et abreuvé de ses études sur l'improvisation dans le jazz, Inga multiplie les collaborations et travaille sur des musiques de film avant son arrivée en France.

 

Inga Liljeström a grandie entre les montagnes bleues et le fleuve Hawksbury, à Sydney. Cette ambiance portuaire et ultra urbanisé mêlé aux espaces indicibles influencent considérablement sa musique, que l'on croirait issue du bayou le plus profond « Lovers gun ». La rencontre avec le Grand Froid originel et ses 10 000 lacs provoquent un choc carnassier entre chaleur, bruits de la rue et profondeur bleue. Tant d'éléments qui parcourent ce Black Crow Jane de titres en titres.

 

Les frileux reprocheront une musique plutôt conceptuelle, impression vite balayée par la richesse des arrangements, la richesse dans l'épure ou dans une volonté parfois post-rock « Rama ». Il en ressort une sensation qui ne cesse de s'échapper d'être en terrain connu, bien balisé et en même temps de croiser l'univers de quelqu'un d'extra-ordinaire au sens littéral du terme.

 

Une vraie découverte.

photo de Eric D-Toorop
le 23/07/2011

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements