Intronaut - Valley of smoke

Chronique CD album (49:37)

chronique Intronaut - Valley of smoke

Il n’existe finalement pas beaucoup de groupes complets musicalement. Je parle de ceux qui proposent à la fois une musique puissante typiquement metal, faisant appel aux références d’antan et d’aujourd’hui, piochant dans le post-hardcore classieux sans non plus être un plagiat des classiques du genre, et rajoutant quelques pincées de jazz et de prog sans être pompeux ou impromptus. IntrOnaut en fait partie, et avec ce nouvel album (le 3ème véritable full-length) réussit à parfaire sa recette. Mixture tout à fait digeste d’influences multiples qui ne font pas forcément sur papier bon ménage, mais qui une fois dans la platine fait honneur à nos oreilles. Et une galette complète une !

Pour les retardataires de la discographie du groupe de Los Angeles, leur premier EP Null, qui porte mal son nom (fallait bien la faire celle là) nous présageait déjà du bon avec ses passages aérés au groove certain, et à la maitrise potentiellement mortelle de l’art du riffing tordu. Void qui sera son successeur fera quant à lui autant d’heureux parmi les nouveaux fans de bizarreries rythmiques aux inspirations jazzy que les groupes de mathcore affectionnent également particulièrement. Prehistoricisms fera sa part du boulot malgré un manque de visibilité sur la scène (il est en effet passé un peu inaperçu) tout comme l’EP Challenger quelques temps avant. Là où les amateurs de techno-death typiques (type Cynic, Atheist ou même Coroner) y trouvent leur compte avec des influences jazz et progressif très marquées - outre un riffing et une façon de faire foncièrement metal-, les coreux en mal d’amour s’y retrouvent également avec des passages aériens et mélodiques qui rappellent les ambiances de Neurosis ou Isis pour citer les plus grands. Le metal moderne n’est également pas en reste avec une touche qui saurait taper dans l’œil de Mastodon, Meshuggah, Coprofago, East Of The Wall et autres tenors du manche. Bref, que du bon.

Ce Valley Of Smoke (qui est le nom donné à l’endroit où se dresse actuellement LA par les Chumash, peuple amérindiens local) a pour thème la ville de Los Angeles donc. Plutôt singulier comme thématique qui nous emmène dans l’histoire de la ville à travers divers événements (du fameux Battle Of Los Angeles sur Above, au tremblements de terre sur Below, en passant par des histoires gouvernementales et de conquistadors) tout au long de ses 8 titres pour une cinquantaine de minutes de Musique avec un grand M. J’en fait des lignes sur la richesse de ce groupe, mais alors vous allez me dire « qu’apporte ce nouveau disque dans la discographie d’IntrOnaut ? » Du chant clair essentiellement, avec des lignes mélodiques vraiment extra : "Elegy" et "Below" à faire pâlir de jalousie les Baroness en manque d’inspiration ces derniers temps, le début d’"Above" et les couplets de "Core Relations", à faire chialer les désespérés fans d’Isis (période Panopticon) Une maturité qui saute aux yeux dans la construction des morceaux (6mn en moyenne), "Miasma" par exemple qui frôlant les 8mn nous emporte dans son univers. Et toujours cette façon de faire du metal (au sens noble) à l’ancienne je dirais, assumée (ça me rappelle la démarche de Linear Sphere dans un registre un peu différent), que je trouve du plus bon effet, tout à fait adéquate, qui ne trahit pas le groupe, et qui garde les ambiances de sa musique intacte. Niveau son, rien d’incroyable, mais une très bonne facture avec sa batterie très fine et chaleureuse, la basse fretless très en avant dans le mix, pour le bonheur des bassistes dont je fais partie, et des grattes assez étroites qui donne un charme en plus à cette prod. Rien ne déborde ici, ni en terme de jeu (une maitrise technique hors pair) un touché de batterie vraiment chouette (n’est pas batteur d’Uphil Battle qui veut vous me direz)  ni en terme d’esthétique. Certains passages du tribal morceau éponyme nous rappellent même les intouchables Tool, pour dire à quel point le groupe brasse large sans jamais s’entacher d’une influence néfaste pour sa musique.

Si cet album est résolument plus jazz et posé que le mammouth Void, les passages ambiancés ne se contorsionnent pas en un amas de delay et de lignes superposées. La surenchère n’est pas de mise ici et c’est plutôt avec délicatesse que les compositions se déroulent et nous emmènent dans le monde d’IntrOnaut. Et de la personnalité, il y en a dans ce groupe qui depuis leur début nous montre une richesse et une façon de faire qui leur sont propres. On ne peut même pas dire que le côté agressif manque à cet album, l’évolution est logique et il suffit d’écouter les précédentes sorties du groupe, auxquelles on n'a rien à reprocher non plus pour se délecter d’un peu plus de violence. On dit souvent que le troisième album d’un groupe est déterminant pour la suite de la carrière du groupe d’un point de vue artistique, et on peut dire qu’avec ce Valley Of Smoke, IntrOnaut a réussi son pari et rafle la mise. J’espère que les auditeurs suivront et que le groupe arrivera à gagner sa place dans les premiers rangs d’un metal intelligent et riche. Voila une affaire rondement menée que ce disque, que je redemande chaudement, coup de cœur assuré !

photo de Viking Jazz
le 18/11/2010

4 COMMENTAIRES

Pidji

Pidji le 19/11/2010 à 08:55:26

Excellent album, même si la voix claire peut rebuter au départ.

fuzo

fuzo le 20/11/2010 à 18:43:56

Rien à redire, Chef-d'Oeuvre ! Intronaut est juste en passe de devenir un groupe cultissime et ce nouvel opus est encore meilleur que ses prédecesseurs à mes yeux. Allé hop note maxi !!!

cglaume

cglaume le 22/11/2010 à 12:55:55

Cette chro est bien trop longue si tu veux mon avis !!!!!!!


:))))
(je déconne hein ...!)

vkng jzz

vkng jzz le 22/11/2010 à 17:14:45

hahahaha je m'en doutais :D mais ça se justifie du fait que c'est le groupe du mois et qu'il faut bien étayer le pourquoi du comment ;)

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