It It Anita - Laurent

Chronique CD album (43:36)

chronique It It Anita  - Laurent

Moi présentant à mes amis, lors d'une petite soirée détente, tous les bons côtés de la Belgique.

 

Les belges. Ces voisins, ces copains, ces cousins, ces enculés qui sont meilleurs que nous, français.
Ha, pas en foot. Ok, on peut bomber le torse pour un match serré dans lequel le citoyen lambda n'aura rien fait si ce n'est beugler avec son haleine de 1664 tiède la médiocrité de Matuidi (ça c'était moi), nous serons toujours moins cools que les belges.

Il y a de quoi jalouser leur mentalité et leur rock : les belges sont trop bien pour ce monde, mais le plus beau, c'est qu'ils ne cherchent pas spécialement à être au-dessus du paquet. It it Anita symbolise plutôt bien cette attitude.

 

It it Anita, c'est quoi ?
Une bande de liégois qui sortent après deux EP et un album, ce sympathique Laurent.
Laurent, c'est le prénom du mec qui gère le son du groupe en concert. C'est tout ce dont je me souviens ayant foutu dans la corbeille la fiche de presse qui accompagnait le disque.  C'est peut-être bien lui qui a enregistré l'album en studio, It it Anita ayant déjà fait le coup en appelant son deuxième EP Recorded by John Agnello.

Bref, pour situer musicalement les mecs, on va grossièrement parler d'indie rock 90's. Sans aller plus loin dans le détail parce que si on commence à parler des influences mineures et majeures du groupe, cette chronique va ressembler à ça :

 

 Ouais, je ne me suis pas trop pété le cul dans mes recherches de gif.

 

Mais, en vrac, il y a quelque chose de Sonic Youth et toute une clique de groupes 90's entre Deus, Pavement et Fugazi, tu vois le genre ? Pour causer aussi de quelque chose de plus contemporain, je citerais Fidlar et Metz. En fait, si j'devais être plus précis, je dirais à peu près tout ce dans quoi Steve Albini a foutu ses doigts comme musicien ou producteur. Tu le vois le spectre musical du groupe malgré sa petite discographie ?

 

Mais le propos de cet article est Laurent.
Laurent c'est 43 minutes et 36 secondes d'un rock indé saisissant dont on ne saisit pas tout, avec une guitare qui aurait pu être la bande-son de mes cuites d'antan.
Tiens, à l'époque où je pouvais sortir d'un bar à sa fermeture et vomir sur son rideau en fer, j'écoutais Ghinzu et on en retrouve des petites bribes. Bref.
It it Anita n'a pas l'intention de faire dans le classique et aime jouer sur plusieurs tableaux et les emmêler.

Le groupe ne va jamais cesser de brouiller les pistes : tantôt dans le noise tendu, parfois punk, avec des relents de QOTSA (période l'album bleu pour le riffing) ou de stoner / doom (sur "Tanker 1"), capable de partir sur de l'acoustique (au début) avec une prose racontée sur "Tanker 2".
Ce Laurent est un cauchemar de médiocre chroniqueur mais aussi de vrai journaliste (tu sais, les mecs qui savent vraiment écrire) tant il est difficile à expliquer et décortiquer : chaque fois qu'on le gratte, on tombe sur une autre couche de lecture.

Finalement, c'est peut-être "We are nothing", le titre de clôture qui définit le mieux ce disque. Son arpège tristoune, la deuxième guitare en fond avec une grosse reverb', un chant appliqué, un titre qui pue le spleen, la fin post-rock (quasi Mono / Mogwai).


Pendant près de 45 minutes, en dépit des passages énervés, des cris un peu excités, de riffs bougeants, il y a quelque chose de terriblement mélancolique dans It it Anita. Peut-être ai-je ce sentiment parce que c'est ainsi que je vois la Belgique : coincée entre joie et tristesse, quand la fête tente d'étouffer une mélancolie qui finit toujours par ressortir. (et même que je cite Stromae qui résumait en 4 minutes mon sentiment)
Parce qu'il y a une face sombre derrière les bruyants, doués et éclect-rock (y'a pas de faute de frappe, c'est un mix assez laid des mots "éclectique", "électrique" et "rock" afin de souligner la variété des sous-genres dans ce disque) It it Anita : c'est quelque chose qui s'entend, certes, mais qui se sent même lorsque ça sature : une étrange pudeur bruitiste.
Je suis peut-être complètement à côté de la plaque, mais c'est le ressenti que laissent des compos bigarrées aux riffs inattendus, la basse rondelette, la batterie puissante.

Au delà de ma sensibilité (j'assume être un gros fragile) et en ne s'intéressant qu'à des questions plus "terre à terre", on pourrait reprocher un manque de cohérence entre et même au sein des pistes. Cette balade entre bien des "rocks" peut devenir un troublant ballottage qui brouille l'écoute (sans contrepèterie).
Laurent est imperceptible. Laurent est mystérieux. Mais on a envie de passer du temps avec Laurent. Parce que Laurent a de la gueule. Parce qu'il a quelque chose d'excitant. Pour les oreilles, oui, bien sûr, mais aussi pour l'esprit et peut-être même pour le corps. Enfin, ça, il faudra le vérifier en concert.*

 


*Cher Laurent, ne vous emballez pas, on ne se connait pas, je parle de l'album qui porte votre nom, mais sa pochette m'a donné envie de boire une bière avec vous. Voire deux si vous êtes bien le responsable de la qualité de l'enregistrement de ce Compact-Disc. Cordialement.

 

photo de Tookie
le 04/09/2018

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