Jahmbi - Elevator To The Sun

Chronique mp3 (36:42)

chronique Jahmbi - Elevator To The Sun

Lors de l’interview que nous avaient accordée les excellents Circus of Dead Squirrels en début d'année, ceux-ci avaient mentionné l’existence d’un groupe nommé Jahmbi, présenté comme le Carnival in Coal californien. Vous imaginez sans peine l'effet d'une telle annonce sur l'opiniâtre chercheur d’or « nawak métal » qu'est votre serviteur: ni une ni deux, j'enfilais mon parachute et sautais sur la discographie dudit groupe, prêt à tamiser la totalité de ses enregistrements passés à la recherche de pépites inédites (mais ça rime, dites!).

 

Elevator to the Sun, premier album au titre particulièrement sympa – ça pétille sur la langue et ça met des étoiles dans les yeux… Vas-y fais tourner! – recadre rapidement les choses: Jahmbi joue certes un metal ouvert et relativement burné, mais il faut creuser profond (vraiment profond) pour y trouver des réminiscences de la bande à Axel et Arno. Non, l’influence incontestable, criante – étouffante presque – est indubitablement System Of A Down, le metal zébulon des arméno-ricains ayant ici été assaisonné à la mode metalcore US, sans pour autant y perdre en folie (‘y a qu’à voir la tranche de vie redneck et l’interlude « Louis Armstrong growle sur du Brassens » à la fin de « Optimuse »... joli pétage de câble!). M’enfin que ce soit ce gratouillis sec, nerveux et aigu de cordes bridées, ou ces gimmicks vocaux reconnaissables entre mille, (presque) tout ici nous rappelle la bande à Serj et Daron. Sur « Bahkalah », on en est même carrément à sautiller d’un pied sur l’autre, un coup dans la parodie, l’autre dans le plagiat.

 

Mais Jahmbi se situe quand même un cran au-dessus en terme d’agression, les quelques séances de coreries vénères disséminées ci et là flirtant parfois même avec le metal extrême. Et ce n'est pas le seul aspect qui permet au groupe de prendre ses distances avec son encombrante hérédité artistique: en effet, nos joyeux gaillards injectent d’autres influences à leur tambouille (un thrashcore à la The Spudmonsters sur « Aaargh », les échos de ce que The Dillinger Escape Plan a de plus pop sur « Exhausted », la bougeotte d’un Psykup sur « Optimuse », ainsi que des interventions vocales rappelant parfois Benji de Dub War) et réussissent finalement à imposer leur propre patte. Les américains possèdent de plus cette caractéristique propre aux « grands »: ils savent composer des hits, de ces morceaux qui ressortent avec insolence de la tracklist. Les bombinettes en question s’appellent ici « Defender » (System Of A Down-like vindicatif et accrocheur), « Exhaust » (peut-être un peu trop calibré radio, mais objectivement bon) et « Tabloids » (qui commence basiquement core, mais se révèle un monstre de groove rampant, d’énergie débordante et d’intelligence mélodique).

 

Par contre il va nous falloir déchanter mes frères et faire sonner le tocsin, car un élément pêche gravement ici: le son. En effet sur Elevator to the Sun, on a franchement l’impression d’écouter une séance de répète entre potes enregistrée à la va-vite sur une vieille K7 toute pourave. C’est brut, bordélique, et ça manque franchement d’envergure, ce qui gâche aussi bien le plaisir que le potentiel des morceaux. C’est couillon quand même…

 

Mais Jahmbi n'en reste pas moins clairement un groupe à gros potentiel. Avec une production et un mix dignes de ce nom, et à la condition de se délester d’influences franchement trop envahissantes, le groupe devrait être en mesure de nous proposer du très lourd. D’ailleurs c’est bien ce qui semble nous attendre sur leur nouvel EP, The Demetalizer – dont vous retrouverez prochainement la chronique en ces pages…

 

 

Pour la petite histoire: Elevator to the Sun est initialement sorti sur un petit label, avec une tracklist agencée différemment et garnie de titres supplémentaires. Mais le résultat sonnait tellement bancal que le groupe a décidé de réenregistrer 2 des morceaux additionnels (« Darth Vader » et « Small Window ») et de les proposer aux côtés de 6 autres titres sur un album à la démarche plus expérimentale – Elephant Space, qui  verra peut-être le jour un de ces quatre si tout se passe bien... En ce qui concerne Elevator to the Sun, quand toutes les copies ont finalement été écoulées, le groupe l'a mis à disposition en téléchargement gratuit dans une version épurée et remaniée... celle chroniquée ici. Et je ne saurais trop vous conseiller d'aller vous abreuver vous-mêmes à la source, afin de vous faire votre propre opinion.

 

 

 

La chronique, version courte: premier jet sympatoche mais perfectible d'un groupe de nawak metal US à potentiel certain.   

 

photo de Cglaume
le 26/07/2011

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