Kinkyyukkyyuppy - Until the sun goes down

Chronique CD album (45:00)

chronique Kinkyyukkyyuppy - Until the sun goes down

Pour les brelles anglophobes, "Send the wood" signifie "envoyer du bois", expression courante dans l'argot du metalleux de base pour qualifier un album bien bourrin. Alors quand le label montpelliérain du même nom, plutôt habitué des genres énervés nous envoie KinkyYukkyYuppy, on se dit qu'ils ont mis les bûchettes dans la cheminée dans l'espoir de faire l'amour sur des peaux de bête.

KinkyYukkyYuppy (qui vaut potentiellement 100 points au scrabble français sans bonus !) n'en demeure pas moins un groupe capable d'être colère...mais ce n'est pas ce qu'on retiendra de lui.

Ce qui marque dès les premières secondes, c'est l'application et la douceur du chant. 
Chaque syllabe posée l'est avec précaution, si bien qu'à plusieurs reprises dans l'album on risque de s'en agacer. Cette délicatesse parfois exagérée, des fins de mots un peu trop "roulées" ou des effets de voix (notamment les crescendi) maniérés, sans parler d'une à deux conclusions un peu foireuses ("Somebody else") pourraient gâcher une performance assez classe.
On regrette parfois ces chanteurs qui n'ont qu'une corde à leur arc. Cette fois, le carquois dégueule : la voix sait muer voire muter pour s'énerver, profondément, puissamment, avec des passages vers la pop, puis le rock plus rockailleux.
Le travail vocal est l'audace d'un homme mais aussi d'une production qui accompagne le tout très proprement, avec des choeurs bien arrangés et des lignes variées ("Scalding tears", "Somebody else" etc.).
On pourrait penser aux frontmen de Biffy Clyro, mais aussi à Chino Moreno, et finalement à toute une scène rock américaine des 90's capables de souffler le chaud pour rapidement lancer un froid. 

Des influences qui doivent être communes à l'ensemble des musiciens, surtout pour le groupe écossais (la guitare sur "It's alright")... Mais là où Biffy s'est pas mal planté avec "Opposites", les multiples autres intérêts musicaux des normands font sonner "Until the sun goes down" de manière bien plus juste...et rattrape sa pop qui aurait pu finir en poop (les anglophobes utiliseront google translate).
Il y a bien sûr des étrangetés comme le superflu clavier ("It's alright"), mais il y a aussi pas mal d'inattendu...dans le sens positif du terme ! 

Ainsi, capable de sortir de la pop (parfois un peu mielleuse), la guitare sort des arpèges qui peuvent serrer le coeur, l'orchestre peut également s'énerver et se lancer dans un titre sur un rythme rapide, faire quelque chose de très progressif sur "Powerless" ou terminer sur un titre acoustique prenant ("Murky weather").
En ayant toujours à l'esprit que l'on marque mieux les esprits avec un bon refrain, le groupe crée des temps forts dans cet album avec notamment "Move on" qui symbolise plutôt bien ce qu'est Kinky Yukky Yuppy avec ses qualités (le clavier, les arpèges, la mélodie, les choeurs etc.) et ses petits défauts.
Mais il serait injuste de ne pas reconnaître la grande variété et la richesse de cet album qui sous ses airs de pop aérienne sympathique offre un rock bien plus audacieux.

photo de Tookie
le 08/07/2016

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