Kreationist - Dans L'Interminable

Chronique CD album (08:23)

chronique Kreationist - Dans L'Interminable

Après XCIII qui tire une partie de son inspiration, et même son patronyme, des poèmes de Baudelaire, c’est au tour d’un autre projet se réclamant de l’avant-garde de revendiquer une influence d’un poète français du XIXème siècle. En l’occurrence, Paul Verlaine sert de muse à Kreationist. Nouveau venu, le groupe est en fait un one-man-band mené par le musicien belge Vidi, soutenu derrière le micro par Flicka. Niveau biographie, c’est à peu près tout ce dont je dispose comme information, avec la sortie fin 2019, d’un premier EP, Indulgence (pour lequel Kreationist s'est servi des poèmes d'Arthur Rimbaud). En plus de se charger des instruments et du chant, Vidi a également pris en charge l’enregistrement, le mixage et le mastering.

 

La fiche promo fournie par le label déclare que Dans L’Interminable devrait plaire au fans de DHG et Område entre autres. J’ajouterais à la liste le Solefald de Norrøn Livskunst. Le Belge est certes moins iconoclaste que le duo norvégien, et moins varié en ce qui concerne les vocaux, mais on retrouve chez lui le même type d’ambiances et d’intentions. (en poussant le bouchon un peu plus loin, on pourrait comparer les trois anges présents sur la pochette de The Linear Scaffold avec ceux de celle de Dans L’Interminable). Le Black Metal sert de terreau à la musique proposée ici, mais ne s’arrête pas à ses codes souvent limitatifs. Doom, Post-rock, Ambiant servent Vidi pour l'aider à mettre en musique sa fascination du Paris de la seconde moitié du XIXème siècle, celui des vapeurs d'absinthe, des errements artistiques de Montmartre. C'est ainsi qu'on retrouve au milieu de « Il Pleure Dans Mon Coeur » un pont 100% Reggae, qui, dans ce contexte, est loin de faire tache.

 

Les tempos moyens sont majoritaires, rarement ils accélèrent ; les blasts sont inexistants chez Kreationist malgré leur variété. Variété qui se met au service de textes en français, tirés de l'oeuvre de Verlaine. Mieux produit, en particulier en terme de vocaux, de synthé et de composition, que l'EP, Dans L’Interminable parvient tout au long des huit titres (plus un intermède), plutôt courts au regard du style pratiqué, à maintenir cette atmosphère décadente mais riche créativement parlant. C'est particulièrement prégnant sur « Interlude », instrumental qui joue sur la dualité fin de siècle et lumière. Essayez d'imaginer une version BM du Moulin Rouge de Baz Luhrmann. Les claviers, même s'ils ne jouent pas un rôle moteur, sont essentiels dans le son de Kreationist, qui préfère mettre en avant les ambiances plutôt que les riffs.

 

Avec ce premier long format, qui marque de réels progrès par rapport à Indulgence, mieux maitrisé en terme de composition et de son, Kreationist tient toutes ses promesses, proposer une musique riche, qui ne s'impose pas de limites afin de rendre justice au symbolisme décadent et aux vers iconoclastes de Verlaine.

photo de Xuaterc
le 28/02/2022

1 COMMENTAIRE

Pingouins

Pingouins le 03/03/2022 à 08:55:15

J'aime beaucoup la place de la basse dans le mix, bien mise en avant. Et effectivement le pont reggae est excellent !

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements