Kyuss - Welcome to sky valley

Parmi les rock critics français qui parlent de près ou de loin de rock, un bon nombre d'entre eux ne connaissent pas ou peu le stoner rock. Ils se bornent souvent à simplifier le style en clamant : "Le stoner, c'est Kyuss, et Kyuss est le stoner". Et après tout on ne peut pas vraiment leur en vouloir, même s'ils font abstraction de beaucoup d'autres artistes.

Kyuss est la référence en terme de stoner, LE groupe qu'il ne faut absolument pas manquer... Et la France l'a manqué, c'est un fait. Alors, moi, quinze ans après, je vais déjà commencer par vous présenter la crème de la crème, la cerise de la cerise sur le gâteau. Car ce Welcome to sky valley est une véritable perle de bout en bout, ce genre d'album qui se suffit à lui-même.

Car en vérité je vous le dis, dès les premières sueurs qui animent le morceau "Gardenia", on est directement happé vers cette ambiance chaude et épicée du désert, en plein milieu de la vallée de la mort, où les cactus semblent se mouvoir dans une danse psychédélique frénétique, et là ! Là, on tombe sur un camtard au milieu du désert, avec le générateur qui tourne à plein régime, les amplis tournés vers les étendues de sable, et ce groupe de jeunes en plein jam et en plein trip, qui sous la chaleur peinent à relever la tête, assenant des riffs qui plus tard seront identifiés à une inspiration de Black Sabbath. Ils célèbrent le crépuscule, et des ombres plus ou moins réelles vont et viennent autour.

Si je vous ponds un de ces paragraphes obscurs et peu enclins à décrire l'album, c'est parce qu'autour de celui-ci, il y a cette espèce d'aura mystique du rock qui rend la chose difficile à décrire en passant par des termes mesurés et réalistes. Car comment expliquer sinon la sensation que procure "Asteroid", le punk effréné de "100°" qui se résume à une voiture fonçant dans un mur ("ce qui compte c'est pas la chute, mais l'atterrissage"), dans une progression qui monte en puissance, de plus en plus fort... Ou encore, comment expliquer le blues mystique de "Space cadet" où l'on met à nu cette sensation d'être hors du monde réel, insensible aux soucis matériels ? Et pourquoi un album de rock procure autant de sensation, alors que déjà en 1994 on pensait en avoir fait trois fois le tour ?

Parce que pourtant, la voix de Garcia peut agacer, elle déborde parfois (mais il a fait de son mieux sur cet album c'est indéniable), le tout peut ne paraître pas très propre comparé aux sensations ressenties. Une chose est certaine : ce Welcome to sky valley n'aurait pas eu la même ampleur si Josh Homme n'avait pas fourni un travail (encore une fois) remarquable à la guitare. Ce maître du blues fait partie de ces rares personnes qui, dès que tu leur donnes une guitare et un ampli, te font des merveilles avec presque rien.

Que dire de plus ? Tout est là, l'âge d'or de ce groupe mythique, et on ressent à chaque écoute un peu de cette magie, un peu de l'ambiance folle, un peu de ce rock'n roll envahissant. Un énorme classique, un must pour le stoner en herbe, à écouter défoncé dans sa cadillac sur la route 66.

Achat ou pas achat ? Achat.

Carcinos

le 10/04/2011