Leprous - Malina

Chronique CD album (58:48)

chronique Leprous - Malina

Lors de l'édition 2013 du Hellfest, attiré par les bonnes chroniques de Bilateral mais n'ayant pas non plus d'attentes particulières, je m’étais pris une maousse de baffe en assistant au concert de Leprous. Et plus tard, dans la continuité logique de ce magique premier rendez-vous, c’est sans mal que The Congregation s'était hissé dans mon Top5 annuel. Malgré cela, au moment de la réception de Malina, je sentais comme une envie perverse de ne pas aimer ce 5e opus des Norvégiens, et ce jusqu’à la fin de la toute première écoute dudit album.

 

Peut-être à cause de leurs trombines d’enfants de chœur et de leur look de premiers de la classe?

Peut-être du fait de cette fragilité extrême, de cette délicate sensibilité de moineau blessé qui émane de leurs compos?

Peut-être est-ce une réaction de défense face à ce chant de Jimmy Somerville en short de flanelle tout droit sorti des Choristes?

Ou peut-être faut-il blâmer le concert donné en première partie de Devin Townsend, le 31 janvier au Bataclan, durant lequel la prestation du groupe m'aura plus donné l’impression d’assister à un événement organisé par une école de commerce catho qu’à un concert de Metal toutes dents dehors?

 

Toujours utile qu'initialement je n’aurais pas été contre le fait de sabrer un bon coup ces gentils scouts, certes talentueux, mais foutrement éloignés des clichés du Grindcore de bonne famille.

 

Et c’est sans doute ça la marque des chefs d’œuvre: être capable de retourner comme une crêpe un public pas du tout acquis à sa cause. Parce que s’il est relativement facile pour un Gorod ou un Dog Fashion Disco de convaincre un cglaume en 2 temps 3 mouvements, pour Leprous, vu de là où on partait, il y avait du boulot!

 

Bordel, comment font-ils? Pourtant certains prétendent que tout a déjà été composé, qu’on ne peut plus que ressasser… Alors d’où sortent ces refrains fulgurants, ces stridulations rythmiques délicates, ces fragments de bonheur auditif à nuls autres semblables? Comment cette basse délicatement matelassée, cette batterie feutrée mais nerveuse, ces chapelets d’arpèges, ce clavier ondulant et ces cristallines lignes de chant réussissent-ils l’exploit de renouveler sans cesse l’émerveillement?

 

Alors oui, Leprous évolue. Simen Daniel Børven prend en main la basse, tandis que Robin Ognedal remplace Øystein à la guitare. Oui, c’est vrai, la dimension Metal de la musique du groupe dégonfle encore un peu au profit 1) d’un format plus « Smart Pop » et 2) de plus d’orchestrations violoneuses, ces dernières apparaissant – à des degrés divers – sur plus de la moitié des titres. Mais non, les Norvégiens n’y perdent en rien leur âme (d’ailleurs un certain nombre de titres rappellent The Congregation, comme « Captive » par exemple), pas plus qu'ils n’y émoussent leur génie. D’où cette nouvelle collection d’hymnes à se damner, le cœur saignant sur une terre jadis fertile, les yeux embués implorant des constellations lointaines. Merveille d’équilibre et d’émotion canalisée que l’introductif « Bonneville ». Sublime séquence de poinçonnage de velours que ce « Illuminate ». Fabuleux relents « Meshu-jiriens » et télégraphie so 80s sur « Mirage ». Incroyable effervescence « Electro »-métallique que celle offerte par « Coma ». Le cœur chavire, les oreilles succombent, les paupières se closent…

 

Ce groupe est incroyable, foutredieu!

 

Ce qui éloignera pourtant Malina de la perspective d’un 10/10 quasi-mérité (… soyons sûr que d’autres, nombreux, attribueront la note ultime), c’est:

1) la morne dépression coulant tout le long de « Leashes »

2) la dilution du propos du morceau-titre, qui rate de peu une belle montée en puissance

3) une fin d’album pas à la hauteur, plombée par un « The Weight of Disaster » bon mais moins ambitieux, et surtout par un insupportable « The Last Milestone » qui, petite cuillère en argent à la main et petit doigt en l’air, joue les B.O. sombres et orchestrales en dispersant presque totalement les flots de bonheur qui jusque-là nous submergeaient. Que les sanglots longs de ces violons m’emmerdent!

 

Dommage, vraiment dommage.

 

M’enfin cela n’empêchera pas Malina de devenir LE chef d’œuvre du groupe.

… Et hop, encore du Leprous dans le Top de fin d’année!

 

 

PS: il est toujours intéressant de savoir que pour accoucher de ce 5e album, les Norvégiens ont passé 4 fois plus de temps en studio qu'à leur habitude. Puisqu'on vous dit que c'est mitonné aux petits oignons!

PPS: certaines éditions de l’album comportent un morceau bonus, « Root », que je n’ai pas eu l’heur d’écouter

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: oui, Leprous est toujours plus dandy, toujours plus poppy, toujours plus « précieux ». D’ailleurs, dès sa réception, j’ai eu envie de bouder ce 5e album. Ce qui n’en rend que plus spectaculaire l’exploit! Car il faut l’avouer: Malina est un véritable chef d’œuvre de « Metal » Prog sensible et moderne, qui devrait séduire bien au-delà des cercles d'initiés habituels.

photo de Cglaume
le 13/09/2017

5 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 13/09/2017 à 10:39:02

Un album magnifique ! Accroche directe, ré-écoutabilité puissance 1000, du bonheur en galette.

Xuaterc

Xuaterc le 13/09/2017 à 11:32:14

Gna gna gna, on se gausse (comme la courbe) de moi et de ma mono manie pour l'AGBM norvégienne et de mes coquetiers Age Of Silence, mais le petit lapin javne il devient tout liquide devant des contrôleurs d'impôt en goguette.

cglaume

cglaume le 13/09/2017 à 11:44:42

:P

sepulturastaman

sepulturastaman le 13/09/2017 à 12:56:48

Chronique version cromy : C'est chiant comme une reprise de Queen joué par Tool

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 13/09/2017 à 13:09:22

Suite à l'écoute du morceau proposé, je suis sous alprazolam.

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