Marilyn Manson - Heaven Upside Down

Chronique CD album (47:34)

chronique Marilyn Manson - Heaven Upside Down

J'avoue avoir fortement hésité à le prendre ce nouvel album de Marilyn Manson lorsqu'on me l'a proposé. Certes, j'avais fait la chronique de Mechanical Animals sorti il y a presque 20 ans maintenant – oui, ça ne nous rajeunit pas tout ça – et j'avais été également fort sciée de la galette précédente, The Pale Emperor, sortie il y a deux ans et demi, qui marquait un vrai retour gagnant du Révérend. Et ce, après avoir signé une bien belle brochette de merdes durant une décennie, si ce n'est plus, vides de substance et auto-parodiques de carcasse. Bref, malgré la bonne note intervenue précédemment, aborder Heaven Upside Down m'effrayait bien plus que ça ne m'excitait. C'est dire, cette chronique m'aura bien faite chier jusqu'au bout car cela fait bien une bonne semaine que j'aurais dû la rédiger. Et j'étais partie la fleur au fusil parce qu'après l'avoir bien potasser cet album, je savais pertinemment ce que j'allais en dire : une déception, une fois encore. Même si ça n'atteignait pas le niveau affligeant des Eat Me, Drink Me (2007), The High End Of Low (2009) ou encore Born Villain (2012), je trouvais cette fournée tout juste moyenne/correcte par rapport à la grosse claque de 2015. Même si les morceaux ne sont pas mauvais, j'ai tout d'abord reconnu un manque cruel d'accroche dans ses passages les plus vénères et ne lui ai pas ressenti beaucoup d'empathie dans les mid-tempos. Avant de m'atteler à ce moment-là à mon traitement de texte, je me suis dit, sans vraiment beaucoup plus de conviction que j'allais le réécouter une dernière fois.

 

Bien m'en prit assurément car cette écoute a tout fait basculer. Déclic, une magie qui commence à opérer, d'où le fait d'avoir dû décaler l'échéance. Alors, oui, définitivement, Heaven Upside Down n'atteint pas le niveau d'un The Pale Emperor qui se caractérisait surtout par la surprise d'atteindre un tel niveau de qualité en faisant preuve de beaucoup d'audace en sortant des sentiers battus. Une perception complètement subjective de ma part, je le reconnais. Malgré tout, ce nouvel opus finit d'enfoncer le clou du retour gagnant de Marilyn Manson dans la partie et ce, même s'il évince toute forme de surprise en se montrant moins culotté.

 

Imaginez faire un retour en arrière et évincer tout ce qui se situe entre Holy Wood et The Pale Emperor. Comme si Brian Warner avait enfin commencé à se rendre compte qu'il fallait qu'il grandisse un peu et fasse preuve d'une certaine maturité artistique. Voire même personnelle car il faut reconnaître que le monsieur commence à se faire vieux à ses presque 50 ans. La preuve en est que ça a mal fini dernièrement lorsqu'il tentait de faire le jeune sur scène et qu'il s'est retrouvé blessé par un décor au point d'en être hospitalisé et avoir dû décaler sa tournée américaine. C'est qu'on n'a plus 20 ans mon bonhomme ! A cela, rajoutez la prédominance rock par rapport à l'aspect metal passé développé il y a deux ans et demi et on obtient Heaven Upside Down.

 

Quasi-séparé en deux parties, la première renoue avec l'urgence qu'on lui connaissait au bon vieux temps. Si « Revelation #12 » peut d'abord paraître désuet et montre qu'un Antichrist Superstar n'a peut-être pas aussi bien vieilli qu'on aimerait bien le croire, on finit par reconnaître une certaine accroche à cette partie la plus vénère de l'album : l'indus' est de mise certes mais se montre tout de même bien plus rock. Hargneuse mais moins cradingue et ne régissant pas excessivement sur les marques de provocations gratuites et visuellement juvéniles. La pochette à elle-seule – toujours aussi désagréablement egotrip soit dit en passant – en dit long sur cette manœuvre puisque le Révérend ne s'y montre plus peinturluré comme un zouave et reste relativement sobre dans son attitude et représentation. Comme si ses expériences cinématographiques aux côté de Dario Argento et (surtout) Quentin Dupieux où il se montrait de manière plus fragile (si ce n'est minable) et naturel l'avait fait comprendre qu'on pouvait très bien interpeller son assistance sans en faire des tonnes niveau gimmick d'artifice. En cela, le clip de « We Know Where You Fucking Live » illustre plutôt bien cet état de fait puisque Manson joue davantage sur le contexte et l'action que sur son apparence. Une première partie rehaussée par une incursion rythmique typée hip-hop saturée fort bienvenue en « Tattooed In Reverse », porteur d'une volonté certaine d'innovation de son répertoire.

 

La seconde partie fait la part belle aux mid-tempos. Paraissant d'abord fort fadasses, allant même jusqu'à dire que cela plagie fortement Mechanical Animals. Tout particulièrement avec « Blood Honey », certainement le titre le plus vecteur en émotion déchirante de la galette. Même si les autres titres ne sont pas à mettre en reste. Car Manson repart ici dans ses critiques de la société comme il pouvait le faire dans le passé. Mais en se remettant à sa place, en retrait. A ne plus faire tourner sa petite personne en proie au malaise au centre du propos. Un peu comme s'il avait compris qu'on vivait dans un monde où il y avait beaucoup à cracher à juste titre mais se servir davantage de la rage d'autrui et de l'interpréter. Une bien belle preuve de maturité de la part de l'artiste. Parce qu'au final, c'est certainement à faire ce genre d'erreurs à trop tourner les choses autour de son personnage et son imagerie qui l'a perdu durant sa mauvaise période discographique.

 

Alors certes, si on pourra déplorer un « Say10 » pas forcément folichon car blindé de gimmicks aussi classiques que désagréables et ce parti-pris de séparer les moments les plus vénères et les plus calmes au lieu de les entremêler afin d'obtenir plus de relief et de variété dans l'écoute globale de Heaven Upside Down, il faut reconnaître qu'on tient en cette nouvelle fournée 2017 comme une sorte de rédemption de la part de son géniteur. Même s'il n'arrive pas aux lettres de noblesse de The Pale Emperor bien plus audacieux et viscéral (comme une sorte de recherche de soi), il fallait tout de même un sacré courage de revenir ainsi en arrière afin de rectifier le tir. Balayer les loupés afin d'imposer une nouvelle évolution plus logique en terme de maturité artistique, il fallait oser. Et en plus, il l'a plutôt bien réussi le bougre !

photo de Margoth
le 24/10/2017

10 COMMENTAIRES

gulo gulo

gulo gulo le 24/10/2017 à 14:08:36

Très très bon, ce dernier QotSA, le virage glam dépressif berlinois entamé avec Post Pop Depression lui va de mieux en mieux !

el gep

el gep le 25/10/2017 à 10:34:45

Ahahahah, "ce dernier QotSA"! En même temps, j'ai toujours trouvé certains morceaux de Homme ("Smooth Sailing" en gondole de bite) prochent du glam de certains MM, alors les vases se niquent, hein, l'un dans l'autre. Schplouf.

el gep

el gep le 25/10/2017 à 10:38:12

Putain, "prochent", ouch la fôte! J'ne vomis, tiens.

gulo gulo

gulo gulo le 25/10/2017 à 14:14:11

Ouaient.

Margoth

Margoth le 27/10/2017 à 22:33:09

J'ai envie de dire : "l'un dans l'autre, tant que ça ne produit pas de consanguin, ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent entre eux Homme et Manson"

Marty

Marty le 05/12/2017 à 01:48:25

Bonjour à tous
Savez vous ce que signifie la croix retournée de l'album Heaven Upside Down ? Elle ressemble à la croix patriarcale mais elle est un peu différente.. J'aimerais me la faire en tatoo mais je ne préfère savoir la signification avant.
Merci 😊

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/12/2017 à 12:53:45

C'est la croix de Lorraine à l'envers : un hommage à Charles De Gaulle pendu par les pieds.

Freaks

Freaks le 06/12/2017 à 11:14:18

Cromy tu ne respectes décidément rien ni personne.. Ton politiquement correct te perdra un jour;)
Aucune idée pour ce symbole désolé.. je peux juste te conseiller le tatouage en première intention... On n'as qu'une vie bordel...

Margoth

Margoth le 06/12/2017 à 11:57:40

C'est un symbole inventé par Manson lui-même à base de 2 croix chrétiennes renversées. Ça symbolise son mouvement artistique dans son ensemble (musique et peinture) et il a même une galerie d'art pour ce mouvement à L.A. . Enfin, c'est wikipédia qui me l'a soufflé, ça vaut ce que ça vaut ;)

gulo gulo

gulo gulo le 06/12/2017 à 21:50:37

Une sorte d'An-antéchrist, c-c-c'est ç...a ?

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